2017 en 3D pour conclure - Concerts et chansons

Initialement prévu en 3D - donc en trois parties - ce top de l’année 2017 s’était déjà autorisé un petit supplément avec un chapitre sur les EPs. Et puisque lorsque l’on aime, on ne compte pas, voici un nouveau volet de dix-sept items, comprenant cette fois les sept concerts qui m’ont le plus marqué cette année, et les dix morceaux - à raison d’un par artiste au maximum - qui sont déjà devenus des titres de chevet.


Top concerts



1. Radiohead - Arras, Main Square Festival, 2 Juillet 2017

"Il ne me reste plus qu’à revivre cette soirée, écouter les neuf disques (dont huit indispensables) des Oxfordiens, toutes leurs faces B et les dizaines de lives disponibles ici et là. Je suis plus jamais convaincu que la bande originale de ma vie ne pourrait être illustrée que par des titres de Radiohead. Je serais en revanche bien ennuyé pour choisir lesquels…"

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2. Godspeed You ! Black Emperor - Rennes, Théâtre National de Bretagne, 18 Octobre 2017

"Au fond, nous savons pourquoi nous aimons tant Godspeed You ! Black Emperor, mais ce genre d’expérience, avec un son remarquable, permet d’en avoir le cœur net : il n’existe probablement aucune formation musicale assurant avec autant d’aisance le lien entre la mélancolie (traduite par le violon gracile de Sophie Trudeau) et la révolte (que les embardées électriques et les drones incarnent) qui sommeillent en chacun de nous".

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3. Sleaford Mods - Rennes, Ubu, 22 Mai 2017

"Une heure tout rond, mais le public a clairement été récompensé par les Sleaford Mods. Ceux-ci ne trichent pas, il n’y a pas de posture dans leur démarche et rien que la performance vocale d’un Jason Williamson qui ne flanchera – très légèrement – que sur la fin de B.H.S. restera longtemps dans les mémoires de chacun des membres de l’assemblée".

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4. Laish - Rennes, 5 Mars 2017

"Et puis l’explosion. Mais cette fois, elle est précédée d’un moment de suspension lors duquel les trois compères échangent leurs postes respectifs, le batteur se retrouvant aux claviers, le claviériste à la guitare et Danny Green derrière les fûts, lui qui est batteur de formation. L’explosion est alors au rendez-vous, le public communiant en battant la mesure avec des applaudissements qui s’étendent sur plusieurs minutes sans que la fatigue n’apparaisse jamais".

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5. Girls In Hawaii - Rennes, L’Etage, 1er Décembre 2017

"Un vrai bon moment qui s’achève, avant un dernier rappel pour un Plan Your Escape en duo, avec un A.M. 180 emprunté à Grandaddy sur lequel la voix d’Antoine Wielemans n’a finalement rien à envier à celle de Jason Lytle sur une reprise extrêmement fidèle à l’originale mais néanmoins pertinente".

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6. Tiny Feet - Rennes, La Chapelle du Conservatoire, 9 Décembre 2017

"Là où Beth Gibbons s’était appuyée sur Paul Webb, bassiste de Talk Talk, pour une sortie de route contrôlée et particulièrement aboutie, Tiny Feet a pu compter sur deux artistes, l’Écossais King Creosote et Yann Tiersen, pour faire évoluer son univers musical. Et cette prestation live aussi captivante que glaciale et désarmante ne fait que décupler la majesté qui se dégage de As An End To Death, un disque sur lequel on revient avec davantage de plaisir encore lorsque la complexité des sentiments qu’il génère vient à être digérée..."

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7. Benjamin Biolay

"Avec un répertoire aussi classieux que celui d’un Biolay concerné, il n’y avait de toute façon guère de chance de passer à côté de quelque chose de grand et l’artiste, affublé depuis le premier rappel d’une veste trop grande pour lui sur laquelle s’inscrit dans son dos en lettres capitales "PALERMO HOLLYWOOD", passe plusieurs minutes sans dire un mot sur scène à remercier son public. On l’a dit, ses bons mots, Benjamin Biolay les garde pour ses textes. Ce qui ne l’empêche pas de communiquer sa reconnaissance d’une autre manière".

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Top chansons



- Cigarettes After Sex - K.

Le commencement de ce qui reste pour moi l’album de l’année. La claque qui répond à ceux qui doutaient de voir Greg Gonzalez capable de donner un successeur digne de ce nom à Nothing’s Gonna Hurt You Baby, tube underground dévoilé en 2012. Tout l’univers de ce premier LP est déjà planté sur ce titre envoûtant, stimulant et renversant. Déjà un classique. Et pourtant, il reste tant à dire sur la suite de cet album bouleversant.


- Crookram - My Forest

Je n’aurais sans doute jamais cru celui qui m’aurait indiqué que le mariage de flûtes de pan et de cordes certes gracieuses finirait par m’envoûter de la sorte. Mais Crookram est un génie et si - je semble être le seul dans les couloirs de la rédaction - Clouds Are Free devance d’une courte tête Butterflies dans mon esprit, c’est bien ce My Forest issu de ce dernier qui a finalement ma préférence avec ses faux-airs de western déglingué.


- Féroces - Donna

Il fallait bien un extrait de notre compilation dans ce top, mais Donna n’a même pas été retenu par complaisance. Féroces, à défaut d’envoyer du petit bois, déploie une tension organique, vaporeuse et onirique sur ce titre évoquant plus ouvertement que jamais l’influence des Cure sans jamais se complaire dans une new wave mélancolique pour privilégier une quête de lumière. Envoûtant.


- Flotation Toy Warning - Due To Adverse Weather Conditions, All Of My Heroes Have Surrendered

Le retour de Flotation Toy Warning était particulièrement attendu après tant d’années de mutisme. Et si une partie de la tournée a été annulée en raison de problèmes de santé de l’un des membres du groupe, The Machine That Made Us est tout sauf la déception que l’on craignait. Il faut dire que dès le deuxième titre, Paul Carter et ses compagnons utilisent leur plus belle carte avec un Due To Adverse Weather Conditions, All Of My Heroes Have Surrendered dont le titre est sans doute l’un des plus redoutables du cru 2017, aux ondulations organiques divines et suggérées épousant un chant sur le fil et tourmenté pour convoquer une majesté intemporelle.


- Hope Sandoval & The Warm Inventions - Sleep

Hope Sandoval se porte bien, merci pour elle. Déjà à créditer d’un des plus magnifiques morceaux de 2016 auprès de Massive Attack avec The Spoils, la Californienne participe sur Sleep, guitare en bois et carillons à l’honneur, à une autre réalisation fine et hypnotique sur une rythmique downtempo que son inégalable voix domine dans cet éternel mélange de candeur et de chaude assurance pleine d’aplomb rappelant les plus belles heures de Mazzy Star.


- Kiasmos - Blurred

Lorsque Ólafur Arnalds produit une mélodie sublime dont la richesse des harmonies rencontre les beats anguleux et survoltés de son compère Janus Rasmussen, on n’est pas loin d’obtenir le titre de l’année. Une pépite à polir pour tous les fans d’IDM-ambient et de néoclassique.

- The Luxembourg Signal - Laura Palmer

2017 était, nous l’avons suffisamment répété, l’année de Twin Peaks. Et si certains ont été déçus par la saison 3 de la série, espérons que la compilation IRMxTP aura davantage trouvé grâce à leurs yeux. Si tel n’est pas le cas, peut-être pourront-ils compter sur Laura Palmer, pépite enregistrée par The Luxembourg Signal sur Blue Field pour les réconcilier avec l’univers de David Lynch et Mark Frost. Cette bombe oscillant entre pop immédiate et nu-gaze planante et vaporeuse est bâtie sur une voix féminine vigoureuse et langoureuse à la fois et une batterie qui emporte tout sur son passage sans jamais en faire des caisses. Tube immédiat.


- The National - The System Only Dreams In Total Darkness

Matt Berninger et ses compères accouchent avec Sleep Well Beast d’un album curieux, osé autant qu’aventureux tant les mélodies désenchantées et ravageuses à la fois côtoient des titres plus expérimentaux. Force est de constater que c’est dans les vieilles marmites que les Américains produisent les meilleures soupes, à condition d’y incorporer des aliments à l’impeccable fraîcheur. Cure de jouvence en perspective pour les vieux fans qui reviendront dix ans en arrière à l’époque d’un Boxer qui restera le sommet de leur discographie.

- Slowdive - Slomo

Musicalement, 2017 aura incarné pour moi la lenteur. Pas celle qui est soporifique, évidemment. Celle qui, dans ce monde où l’instantanéité règne chaque jour un petit peu plus, apporte une nuance, voire même une opposition, bienvenue. Nu-gaze, shoegaze, guitares résonantes, drones, ambient vaporeuse, tout ce qui aura permis d’apprécier la lenteur aura été une bouffée d’oxygène. Le Slomo de Slowdive (qui a attendu plus de vingt ans pour sortir un nouvel album, peut-on mieux incarner la lenteur ?) revêt, en plus de son titre, un caractère serein qui contraste avec toute quête d’immédiateté.

- Sufjan Stevens - Visions Of Gideon

Si Sufjan Stevens a produit un EP bouleversant avec Tonya Harding, c’est bien Visions Of Gideon, extrait de la BO Call Me By Your Name, qui constitue sa production la plus aboutie de l’année. Renversant comme bien souvent, l’Américain atteint avec une économie de moyens des cimes de mélancolie lumineuse, mais plus rien ne nous étonne chez celui qui renoue pour l’occasion avec les sommets de Carrie & Lowell ou Illinoise.