Quelques mois après The Gentleman Losers, Sound In Silence héberge une nouvelle perle. Le terme n’est pas choisi au hasard tant Entangled Time est un disque dont la beauté semble infinie dès lors que l’auditeur en a percé les codes. Telle la coquille qui couve la perle, la porte d’entrée vers l’univers d’Amp s’ouvre alors.

Si le projet est actif depuis 1992, Amp n’a rejoint l’écurie Sound In Silence qu’en 2016 à l’occasion de Switched On And Live. Sur Entangled Time, les field recordings sont associés à des instruments distordus de manière à ce que leur aspect le plus brumeux occupe l’espace. Synthétiseurs, guitares, drones, pads et beats électroniques louvoient donc dans un ensemble profondément onirique renforcé par une voix ensorcelante.

Le Drifting initial témoigne déjà de cette orientation, le vent accompagnant les synthétiseurs traînants de Richard Amp, ex-collaborateur de Matt Elliott, Flying Saucer Attack ou Hood, et les vocalises étirées de Karine Charff. Il est difficile de décrire ce à quoi l’auditeur est exposé et Entangled Time rappelle brillamment que, même s’ils sont rarement associés, nu-gaze et ambient ne sont pas des courants si éloignés.

Certains y verront aussi un soupçon de slowcore voire l’expression d’un post-rock onirique. Les étiquettes potentielles sont aussi nombreuses que les sentiments propagés. Qu’importe ces catégories difficiles à déterminer, Amp joue avec un entre-deux émotionnel permanent et un morceau tel qu’Opal Tears, à l’image de son titre, saura décupler la pulsion de vie de l’auditeur tout en arrachant quelques larmes à celui qui acceptera de laisser sa carapace se fendre.

Sensuel, brillant et voilé à la fois, Entangled Time est autant une ode à la douceur qu’au ralentissement. Les Londoniens mettent en musique un rêve cotonneux et délicat, parsemé de paradoxes et de ces contradictions qui constituent le sel de la vie.