TV Party - Dark Heart EP

La Terre tourne à l’envers ces derniers temps et "cet EP pourrait accidentellement être l’antidote parfait contre le confinement et la situation actuelle". Alors, dans ce monde sans queue ni tête, débutons par la fin pour parler du premier EP de TV Party.

1. Dark Heart
2. West Coast
3. Staying Alive
4. Longdayz
5. Stuff

date de sortie : 17-04-2020 Label : Autoproduction

Dernier titre de l’EP, Stuff commence avec une guitare fuzz conjuguée à une certaine coolitude qui rappelle Mac DeMarco. Mais si le Canadien avait su faire illusion avec ses deux premiers albums, TV Party prend son contre-pied. Et ce Dark Heart, derrière les synthétiseurs joués par Juliette Béha, s’appuie sur une énergie rock aussi carrée qu’aérée, la basse de Jean-Bastien Calatayud et la batterie de Thomas Ibagnez s’avérant redoutablement efficaces.

Basé à Annecy, le quatuor n’en est pas moins mené par Joshua Spacek, Portlandais expatrié dans l’Hexagone, qui assure aussi bien les parties vocales que celles de guitare. Rien de bien original dans la formule ? En effet. Dark Heart n’a sans doute pas pour ambition de réinventer l’eau chaude, et ce n’est de toute manière pas ce que l’on attend d’un EP évoluant dans ces sphères.

Toutefois, il faudra sans doute n’avoir jamais vibré sur les hits indépendants des années 90 pour ne pas prendre son pied sur des titres aussi évidents et immédiats qu’un Longdays pouvant rappeler la meilleure période de Phoenix, un West Coast à situer entre shoegaze et slacker-rock dont la lente progression débouche sur un refrain ravageur, ou un Dark Heart qui, tel Stuff, est hanté par des synthés rétro mais pas trop, suffisamment subtils pour apporter une touche de légèreté à des compositions solides sur leurs appuis, hésitant donc entre synthpop et rock psychédélique.

Le mix léché de Henri D’Armancourt (Shoefiti) décuple évidemment le plaisir de l’écoute. Aéré et mélancolique, mâtiné de réverbération, Dark Heart sait également être puissant et solaire. Quand ces adjectifs variés se combinent ainsi, c’est généralement un signal positif. Dans un monde parfait, TV Party pourrait être the next big thing, mais peu importe... Ce combat n’est pas le nôtre, et sans doute pas davantage celui du quatuor. Quant au monde parfait, il n’est sans doute qu’illusion et cet EP, comme l’affirment les musiciens, pourrait contribuer à apaiser bien des spleens...

Chroniques - 21.04.2020 par Elnorton