Pan-American - White Bird Release
Mark Nelson continue à creuser son sillon, cherchant encore et toujours la formule adéquate pour son ambiant-noise minimaliste.
1. There Can Be No Thought of Finishing
2. For “Aiming at the Stars”
3. Both Literally and Figuratively
4. Is a Problem to Occupy Generations
5. So That No Matter
6. How Much Progress One Makes
7. There Is Always the Thrill of Just Beginning
8. Dr. Robert Goddard
9. In a Letter to H.G. Wells, 1932
A chaque fois, c’est la même histoire : on pourrait facilement reprocher à Mark Nelson d’enregistrer le même disque, encore et encore, inlassablement. D’ailleurs, une première écoute distraite donne l’impression d’avoir déjà cet album et en plusieurs exemplaires qui plus est ! On se replonge alors dans la discographie de Pan·American, depuis le premier album éponyme de 1997, en marge de Labradford (dont il est - était ? - le guitariste), abstrait, à la croisée du dub, du sampling et de l’électronique, jusqu’à son For Waiting, For Chasing de 2006, un peu plus organique et accueillant. White Bird Release poursuit la voie de ce dernier, la trompette en moins, l’électronique reléguée au second plan, l’organique de plus en plus mis en avant et, comme à chaque fois, on se dit que la musique de Pan·American évolue encore.
Elle évolue, certes, mais à son rythme, c’est-à-dire lentement. Car la lenteur c’est la grande affaire de Pan·American : les guitares sont lentes, la batterie souffreteuse aussi, tout comme la voix, lointaine et monocorde, un murmure en plein désert. Tout l’album (et par extension, tout Pan·American) ne tient qu’à un fil ! Sa musique plonge l’auditeur dans un épais brouillard à même de se dissiper immédiatement, à la moindre distraction. Elle est à la fois complètement immersive mais tellement fragile. Et c’est ce qui fait sa richesse : de prime abord, un joli papier-peint sonore, un peu vain, un peu monotone, mais dès qu’on y prend garde et que l’on se laisse envelopper par son univers éthéré pour finir par s’y perdre complètement, tout est magnifique et bien construit ! De subtils changements de texture empêchent l’ennui de s’installer, un traitement sonore un peu différent au détour d’un morceau, un motif de guitare nouveau ici, des clochettes tibétaines ou des cymbales ahurissantes là, à chaque fois nous poussent à poursuivre l’écoute, jusqu’au bout…
Dès l’ouverture, la voix murmurée et les trémolos tranquilles de There Can Be No Thought of Finishing laissent doucement la place à un mur de bruit blanc. Ce motif sera répété plusieurs fois tout au long de l’album, en particulier sur In a Letter to H.G. Wells, 1932, sommet et dernier titre de White Bird Release, où sur près de dix minutes le rythme rudimentaire de départ s’éclipse devant un orage complexe qui ressemble au bruit d’un orgue électrique dont on presserait toutes les touches en même temps, puis le tout s’arrête brusquement et l’on se rend alors compte de l’intensité de la chose du fait de son absence même alors qu’il ne reste plus que cinquante secondes de silence. C’est simple et c’est parfait. C’est toutefois la présence de titres à l’architecture un peu différente qui fait de White Bird Release un album si intéressant et si riche en subtilités soniques. Both Literally and Figuratively, par exemple, voit Mark Nelson tenir le bruit blanc à distance pour un résultat des plus squelettique et ténu. How Much Progress One Makes, autre sommet, est quant à lui du pur Pan·American, un mélange downtempo de dub évanescent et de shoegaze minimaliste. Au final, White Bird Release bourdonne beaucoup, mais les accalmies existent et, du coup, les émotions ressenties sont tout aussi subtiles que multiples.
Mis bout à bout, les neuf titres de White Bird Release forment un extrait d’une lettre de Robert Goddard à H. G. Wells écrite en 1932. Robert Goddard, pionnier de l’aéronautique, H. G. Wells, auteur de science-fiction… Les fusées, les étoiles, l’anticipation, le fantastique… White Bird Release , bande-son idéale pour un voyage cosmique ? Pas tout à fait, plutôt bande-son pour tous ceux qui restent au sol, le regard braqué vers les étoiles.
Et comme à chaque fois, on se surprend à attendre la suite en se demandant où Mark Nelson ira alors…
Le mouvement immobile…
C’est subtil, c’est Pan·American !
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