Retrospective : Les Pretty Things en 7 albums essentiels
Que retenir en 2006 du plus grand groupe de losers au monde ?
Petit rappel rafraîchissant, sinon essentiel, sur la carrière du groupe le plus chaotique du monde.
Les Pretty Things, même si leur nom ne figure pas (et de façon injuste) au panthéon des groupes mythiques, restera LE fabuleux groupe de rock, les ultimes losers du monde du rock, les pionniers du rock garage, les ancêtres et précurseurs de toute la vague punk, sans qui les Kills ou le Brian Jonestown Massacre n’existeraient même pas.
Comment décrire la musique de ceux qui, déjà, en 1965, avant tous les autres,
Portaient les cheveux longs et faisaient peur à tout le monde ?
Avaient un premier batteur, Viv Prince, qui a fait fuir leur premier producteur au bout de moins d’une heure en cassant sa batterie et en vomissant dessus ("Pretty Things", 1965) ?
Qui ont, dès le deuxième album, enregistré en quasi prise directe des morceaux rock cultes et furent interdits de radio avec le titre "£.s.d" ("Get the picture ?", 1965) ?
Qui ont inauguré le flower-power en 1967 avec un album aux arrangements de cuivres et de cordes "trop compliqués pour le grand public" ("Emotions") ?
Qui ont écrit le premier opéra rock entre 1967 et 1968 ("SF Sorrow") ?
Qui ont écrit un chef d’oeuvre incompris et totalement boudé du public pour commencer les années 70 ("Parachute", 1970) ?
Qui vont aller de désastre en désastre en signant chez Swansong et devenir l’archétype du groupe rock abusif des seventies, en partageant l’affiche avec Led Zeppelin, Bad Company, et les Kinks, et casser un Bosendorfer Imperial Grand, le piano le plus cher du monde, avant même de s’en servir et sans le faire exprès en se le faisant livrer au studio ("Silk Torpedo", 1974) mais connaître enfin le début de la gloire avant de sombrer avec leur label ?
Qui vont se réveiller une fois de plus, au fond du gouffre financier, physique et moral mais enregistrer un album de punk tendant vers la cold wave là où on attendait un vieux groupe d’anciennes gloires faire du rock à papa ("Cross Talk", 1980) ?
En sept albums représentatifs de la carrière de ce groupe chaotique, je vous présente LE groupe de rock ultime. Un petit mot pour chacun de ces albums.
The Pretty Things 1965, indispensable, primal, hurleur, rageur et intemporel. Une grande claque dans la gueule, et on imagine à l’époque, l’effet que ça a du faire. Pfiiou. Seuls les Sonics, de l’autre côté de l’Atlantique, braillaient aussi fort. Mais le comportement chaotique des jeunes Pretty Things fait peur et le groupe n’aura qu’un succès d’estime, relégué derrière les Stones et les Kinks.
Got the picture ? 1965, un grand pas en avant vers un rock plus ambitieux. Le son est moins brut, mais la rage est toujours là. Le succès lui, non. Bien sûr. Mais on comprend qu’à l’époque, tant de violence fait peur. En tous cas, les Rolling Stones peuvent aller se rhabiller, vite.
Emotions 1967 , chef-d’oeuvre absolu de songwriting aux arrangements somptueux renié par le groupe et en particulier son leader Phil May à l’époque, n’a pas pris une ride. Ses arrangements paraissent même aujourd’hui audacieux et inventifs... mais ce refus de reconnaître leur propre disque, "fichu en l’air par les producteurs" selon Phil, jettera irrémédiablement le groupe aux oubliettes.
SF Sorrow 1968 le grand trip psychédélique, génial de bout en bout. Un disque tordu et visionnaire mais aussi indescriptible. Qui aurait dû connaître un grand succès... si Dick Taylor, le génial gratteux, ne s’était barré après sa complétion.
Parachute 1970 un disque hallucinant et halluciné. Incroyable. Unique. Ce disque aurait dû connaître un grand succès, c’est sûr. Voté album de l’année par "Rolling Stone" en 1970, il était bien parti... Mais son thème pessimiste et apocalyptique, doublé de gros problèmes de drogue et de personnel, feront capoter la tournée US qui aurait consacré le groupe. Une fois de plus.
Silk Torpedo 1974 un des disques de la période "Swansong", le groupe sonne ici très seventies, à mi-chemin entre gros rock symphonique et glam... A vrai dire, trop mainstream pour être honnête. Et surtout, après une tournée pharaonique avec Led Zep et des destructions de matériel conséquentes, il ne sera pas distribué correctement... car le label SwanSong coule avec eux.
Cross Talk 1980 ... c’est un disque de punk rock, avec du bon et du moins bon, mais le bon est incroyable pour des types au bord du gouffre qui n’en étaient pas à leur première jeunesse. Le seul groupe de rock "à papy" a avoir eu les honneurs et le respect et même l’amitié des Sex Pistols, c’est pour dire !!! Tout ça se terminera (comme toujours avec les Pretty Things) en désastre en compagnie des Pistols et il faudra attendre 1999 pour qu’ils réenregistrent à nouveau...
Il est temps de réhabiliter les Things et de les remettre à la place qu’ils méritent dans l’histoire du rock : tout en haut.
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