Top albums - septembre 2014
Particulièrement frustrante pour l’équipe qui comme en témoignent nos choix personnels en bas d’article avait énormément d’autres albums marquants à proposer, cette difficile synthèse d’une rentrée surchargée a le mérite de rendre hommage à nos coups de cœur partagés, parmi lesquels quelques beaux outsiders imposés grâce au bouche à oreille et au lobbying des uns et des autres au sein de la rédaction.
Nos 10 albums de septembre
1. Death Blues - Ensemble
"En confiant au multi-instrumentiste californien William Ryan Fritch (Vieo Abiungo, Skyrider) les rênes de Death Blues, Jon Mueller ne s’est pas seulement adjoint les services de l’un des arrangeurs les plus évocateurs et inventifs de cette dernière décennie. Ensemble offre en effet à l’auteur de Thunder May Have Ruined The Moment un nouveau terreau d’émotions à transcender par son approche unique de la dynamique orchestrale, plus que jamais marquée par le folklore ethnique comme par les élégies de la musique classique contemporaine.
Hormis la tension qu’induisent les percussions et cette guitare slide héritée de l’americana des primitivistes, autant dire qu’il ne reste plus grand chose de l’aridité bluesy et tourmentée des débuts du projet, le foisonnement lyrique mais brut de Fritch arrondissant les angles sans trop les polir à force de vents enivrants, de chœurs célestes et de clappements embrasés, arabesques violoneuses et autres cordes orientales esquissant la bande-son d’un road-movie dans les plaines d’Afrique ou les steppes d’Asie.
Résolument multi-dimensionnel, ce quatrième opus empile les lignes mélodiques et les enluminures baroques comme on engrange les souvenirs et les sentiments qui nous aident à continuer d’avancer contre vents et marées."
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(Rabbit)
2. Thom Yorke - Tomorrow’s Modern Boxes
"Si certains seront sévères avec ce Tomorrow’s Modern Boxes, c’est probablement car Thom Yorke ne se réinvente pas particulièrement (ce qui n’est pas sans rappeler les critiques prononcées à l’égard du Syro d’Aphex Twin).
Rythmiques downtempo, cordes discrètes mais majestueuses, piano prépondérant, crescendos et decrescendos en intensité, on y retrouve les ingrédients qui nous avaient charmés en 2006 sur The Eraser. En ce sens, des titres de haute volée tels A Brain In A Bottle, Guess Again ! ou The Mother Lode auraient fait bonne figure sur celui-ci.
Il convient ainsi de ne pas réduire ce Tomorrow’s Modern Boxes à un nouveau coup de communication. Il s’agit au contraire d’un disque qui se mérite et si Thom Yorke ne nous surprend pas au premier abord, il poursuit sa mue en s’éloignant toujours plus - et c’est particulièrement vrai sur la seconde partie du disque - de la construction de chansons, privilégiant la création d’univers sonores en tout cas pas avares en émotions véhiculées."
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(Elnorton)
3. Seez Mics - Cruel Fuel
"Le emcee Seez Mics et le label en passe de devenir culte pour l’équipe d’IRM, j’ai nommé I Had an Accident Records étaient faits pour se rencontrer, d’abord géographiquement le Maryland, et puis culturellement en mettant en avant les mêmes valeurs faites d’un esthétisme polymorphe à la Anticon et d’une façon de faire DIY à la Peanuts & Corn.
Cruel Fuel est une plongée dans le cœur et l’âme du emcee. Le résultat est sombre par les textes et lumineux par l’harmonie, intimiste et grand, honnête et personnel, humain et presque mystique à travers les influences chamaniques présentes tout au long de l’album. C’est un exercice d’introspection avec ses chœurs lancinants récitant des mantras (Angel In The Engine ou Cruel Fuel où l’on entend presque le bourdon d’un chant diphonique mongol) ou ses beats tribaux sublimes (Social Insecurity ou Things Change).
Mais Cruel Fuel est aussi un sacré album de hip-hop au sens culturel du terme, car ici quasiment tout est fait main ! Ou fait bouche, car tendez bien l’oreille, oui, c’est dingue mais une grande partie de l’album est beatboxé ! C’est Max Bent qui signe la production intégrale de Cruel Fuel, et Max Bent a voué sa vie au beatbox, courant d’albums en écoles primaires pour prêcher la bonne parole et redorer la blason d’une discipline en manque de visibilité. Son travail sur Cruel Fuel est extraordinaire, précis et original et le simple fait que l’album soit beatboxé rajoute encore un supplément d’âme à son rendu global qui en regorgeait déjà. Bravo !"
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(Spoutnik)
4. Avi Buffalo - At Best Cuckold
"At Best Cuckold constitue l’un des plus beaux albums du genre réalisés depuis le début de la décennie. On décèle ici les spectres des songwriters les plus désarmants et les plus doués des deux décennies précédentes. Elliott Smith de manière évidente, donc, mais aussi Sufjan Stevens par intermittence, et notamment sur le génial Overwhelmed With Pride.
Ce disque d’Avi Buffalo sera de ceux que l’on garde pour les soirs d’hiver, les dimanches enneigés ou même les débuts d’après-midi printaniers. Un disque intemporel qui risque bien de traverser les ans."
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(Elnorton)
5. Anjou - Anjou
"Quasiment vendu par Kranky comme un side-project de feu Labradford, ça n’est pourtant pas l’association de Labradford et Steven Hess mais bien l’équation Pan·American + Robert Donne qui préside à ces abstractions texturées mariant batterie feutrée, drones de synthés bucoliques et pulsations analogiques glitchées, bien plus proches des rêveries architecturales qu’orchestre Mark Nelson au sein de ce projet captivant et mésestimé.
Cette seconde collaboration des trois Américains s’inscrit dans la continuité électro-acoustique foisonnante et cardiaque du superbe Cloud Room, Glass Room de l’an dernier sur lequel officiait déjà Bobby Donne à la basse, esquissant ses espaces urbains proches du futurisme dans un esprit paradoxalement pastoral et lo-fi. Maître d’une temporalité suspendue où la moindre réfraction de lumière semble prendre corps dans un rai de poussière tendu vers l’infini, le trio semble évoquer la démesure hallucinée que prennent les cités désertées aux premières lueurs de l’aube, lorsque la fatigue aidant, nos yeux voient moins qu’ils n’extrapolent à partir du jeu d’ombres et de scintillements des édifices de verre et de béton."
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(Rabbit)
5. Pord – Wild
"Depuis le fin fond de la Lozère, Pord balance un rock lourd, puissant et implacable influencé par des grands noms comme Keelhaul, Breach ou Dazzling Killmen. Un savant mélange de noisecore furieux aux rythmiques épileptiques et aux vocalises torturées. Un beau bordel qui se joue à trois, de préférence les potards dans le rouge, la rage irradiant au creux des tripes et la bile au bord des lèvres.
Si Wild conserve cette rage typique et jusqu’au-boutiste, l’album offre aussi - aujourd’hui plus que par le passé - des moments où la furie hardcore laisse place à des enclaves de tension et de violence contenues. On reste certes dans le spectre de la rugosité rageuse mais en jouant ainsi finement avec les nuances et les matités, Pord élargit son envergure et l’impact de sa musique s’en trouve décuplé.
Petit Attila des temps modernes, Pord n’a pas son pareil pour traduire en musique la violence et le sang. Wild est un album en tout point réussi, semblable à un sociopathe à sang froid, une créature primitive et affamée, un reptile qui vous chope à la tête et vous entraîne vers les abîmes en décrivant ce que les scientifiques (qui ne sont pas les derniers pour la déconne) appellent une vrille de la mort. On aura rarement entendu plus définitif cette année et en réchapper vous laissera un arrière-goût de vase au fond de la gorge."
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(leoluce & nono)
7. Yob - Clearing The Path To Ascend
"Malgré ses indéniables qualités la musique de Yob ne m’a jamais vraiment convaincu à 100% : pas assez enfumée pour rivaliser avec Sleep, pas assez glauque pour concurrencer Ramesses, etc… Apparemment j’étais passé à côté de quelque chose et il n’aura fallu qu’une seule écoute de ce Clearing The Path To Ascend pour modifier radicalement ma façon d’appréhender leur univers.
En quatre interminables morceaux hypnotiques et itératifs, Yob passe du statut de groupe de stoner/doom lambda à celui de grand chaman d’une nouvelle secte dévouée au dieu serpent. Soutenue par une rythmique impressionnante et macabre, la musique de Yob s’intensifie et gagne en relief, alternant hymnes affligés, cantiques épiques et morceaux de pure terreur. Riffs venimeux, rythmiques puissantes et monolithiques sont ici au service d’une sombre descente aux enfers."
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(nono)
8. Møster ! - Inner Earth
Accompagné de membres des jazzeux électriques de Grand General et des heavy-rockeurs épiques et ambitieux de Motorpsycho, le saxophoniste Kjetil Møster prend le versant free du doom-jazz à bras le corps sur cette seconde sortie de Möster !, qui contribue d’imposer au même titre que la fabuleuse échappée solo d’Erik Honoré - collaborateur récurrent de David Sylvian ou encore du visionnaire Jan Bang, du trompettiste Arve Henriksen et de la prophétesse Sidsel Endresen qui participent tous trois à ce bijou d’impressionnisme aux rêveries angoissées - la très productive écurie Hubro comme un incontournable de la scène jazz expérimentale scandinave d’aujourd’hui.
Tandis que l’aïeul et modèle esthétique de ce label norvégien, Rune Grammofon, nous gratifiait d’un 12ème opus de Supersilent à la croisée du dark ambient magnétique de Deathprod et du jazz clair-obscur d’Henriksen, chacun des deux leaders de la formation culte prenant l’ascendant sur un tiers de disque avant de fusionner leurs univers, aucune scission de ce genre chez Möster ! qui nous plonge d’emblée avec la suite bien-nommée Descending Into This Crater dans les méandres ténébreux d’un jazz déstructuré aux riffs saturés et saxo lunatique. Inner Earth commence ainsi par cheminer crescendo de méditations insidieuses en affleurements névrotiques au gré des chapitres de ce voyage occulte dans les entrailles d’un abîme magmatique, avant de se laisser phagocyter par les influences psyché-prog de Motorpsycho sur un dernier diptyque aux polyrythmies épileptiques, pour un résultat sacrément intense et définitivement prometteur !
(Rabbit)
8. Powerdove - Arrest
"Enregistré en une journée dans un studio de San Francisco, ce nouveau né de chez Murailles Music est l’oeuvre d’une équipe de doux-dingues au CV si beau qu’on les aime déjà pour lui. Dès les premières secondes, on sait que Powerdove n’a pas tenté de se rendre plus accessible. Ses ballades, ni sucrées, ni consensuelles, bousculent la pop tout en lui accordant un rôle majeur : les mélodies vocales, la simplicité des structures... Be Mine s’ouvre sur When You’re Near, avec une bouillie noisy industrieuse où l’on peine à distinguer les instruments utilisés, et dont les respirations laissent un écrin troublé pour la voix fantomatique d’Annie Lewandowski, qui s’étire sur une étroite tessiture. Une ouverture toute en tension, balancée entre la rage et le désespoir.
Powerdove renouvelle son vocabulaire, mais assure sa grammaire. Les éléments nouveaux garantissent une surprise encadrée dans les rouages de ce qui fait désormais leur style : une folk déracinée, tendue et tendre, savante et simple, âpre et mélancolique. Le morceau éponyme est une des plus belles démonstrations de cette musique contradictoire : l’arpège vif de John Dieterich, évident, soutenu par des percussions corporelles que les différences de frappe et de surface de contact modulent, que les vagues d’accordéon assombrissent, comme des ombres menaçantes s’étendant sur la guitare, et la voix, cette voix si personnelle et pourtant désincarnée, lâchée avec désinvolture sur la tonalité en la regardant de travers pour mieux la sublimer. "
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(Le Crapaud)
10. Ævangelist - Writhes In The Murk
"Déjà morbides et malfaisants comme pas permis sur l’apocalyptique Omen Ex Simulacra de l’an passé, les Ricains Ævangelist montent d’un cran dans la terreur en enfouissant sous un mur de guitares viciées leurs marches chaotiques vers le jugement dernier.
Souvent quasi indiscernables dans le bourbier suintant des atmosphères troussées par Ascaris et Matron Thorn aux confins du black metal, du death et de l’ambient (versant dark de toute évidence), les vociférations de goules assoiffées et autres incantations malsaines remuent la fange de l’intérieur sans jamais parvenir à s’en extraire vraiment (une bénédiction pour les allergiques au grunt et à tout le folklore associé) tandis que la batterie redouble d’efforts pour se désengluer de ce même marécage de riffs déchiqueteurs et de chœurs d’âmes damnées qui la relèguent au second plan.
Comment ne pas adorer un groupe de metal qui a l’image de The Body ou de Terra Tenebrosa fait fi de tout repère esthétique et de toute concession, se permettant même de lorgner sur un jazz aux ambiances cinématographiques à coups de solos de saxo insidieux ?"
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(Rabbit)
Les choix de la rédaction
Elnorton :
1. Avi Buffalo - At Best Cuckold
2. Thom Yorke - Tomorrow’s Modern Boxes
3. Maailma - Speculum
4. Involved - Revolving Maze
5. Helado Negro - Double Youth
6. Blonde Redhead - Barragán
7. Odesza - In Return
8. Aphex Twin - Syro
9. Simian Mobile Disco - Whorls
10. Los Angeles Police Department - s/t
Le Crapaud :
1. Death Blues - Ensemble
2. Powerdove - Arrest
3. Shellac - Dude Incredible
4. Avec le Soleil Sortant de sa Bouche - Zubberdust
5. Pord - Wild
6. Coax Orchestra - Lent et Sexuel
7. Medeski, Scofield, Martin & Wood - Juice
8. Die ! Die ! Die ! - SWIM
9. Thom Yorke - Tomorrow’s Modern Boxes
leoluce :
1. Pord - Wild
2. Powerdove - Arrest
3. Anjou - s/t
4. Yob - Clearing The Path To Ascend
5. Ævangelist - Writhes In The Murk
6. Charnia - Dageraad
7. Death Blues - Ensemble
8. Coax Orchestra - Lent et Sexuel
9. Shellac - Dude Incredible
10. Earth - Primitive & Deadly
nono :
1. Earth – Primitive & Deadly
2. Yob - Clearing The Path To Ascend
3. Pord – Wild
4. Charnia – Dageraad
5. Die ! Die ! Die ! – SWIM
6. Anjou - s/t
7. Earthship - Withered
Norman Bates :
1. Love Inks - Exi
2. Avi Buffalo - At Best Cuckold
3. Die ! Die ! Die ! - SWIM
4. Blonde Redhead - Barragán
5. Leonard Cohen - Popular Problems
Rabbit :
1. Death Blues - Ensemble
2. Delta-Sleep-Inducing Peptide - Oscillopsia
3. Ævangelist - Writhes In The Murk
4. Seez Mics - Cruel Fuel
5. David Shea - Rituals
6. Anjou - s/t
7. Monade - Puni
8. Erik Honoré - Heliographs
9. My Brightest Diamond - This Is My Hand
10. Supersilent - 12
Riton :
1. Møster ! - Inner Earth
2. Seez Mics - Cruel Fuel
3. Death Blues - Ensemble
4. Anjou - s/t
5. Ævangelist - Writhes In The Murk
6. Yob - Clearing The Path To Ascend
7. Milo - A Toothpath Suburb
8. Delta-Sleep-Inducing Peptide - Oscillopsia
9. Maailma - Speculum
10. Perfume Genius - Too Bright
Spoutnik :
1. Seez Mics - Cruel Fuel
2. MF Doom & Bishop Nehru - NehruvianDOOM
3. Homeboy Sandman - Hallways
4. Milo - A Toothpaste Suburb
5. Strange_U – EP #2040
6. Busdriver - Perfect Hair
7. Hus Kingpin & Rozewood - 100$ Taper
8. Buck65 - Laundromat Boogie
9. WestideGunn - Hitler Wears Hermes Deluxe
10. The Black Opera - The Great Year
Thom Yorke sur IRM
Avi Buffalo sur IRM
Powerdove sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
Ævangelist sur IRM - Bandcamp
Pord sur IRM
Death Blues sur IRM
Anjou sur IRM
Yob sur IRM
Møster ! sur IRM
Seez Mics sur IRM
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- civic hall - the trembling line
- mastroKristo - Passage
- Moka Only - Martian XMAS 2024
- The Oscillation - The End Of The End
- Hollie Kenniff - For Forever
- Godflesh - A World Lit Only By Dub
- Kenny Segal & K-the-I ??? - Spellcasted Television (feat. Armand Hammer)
- Schneider | Thisquietarmy - Schneider | Thisquietarmy II
- Schneider | Thisquietarmy - Schneider | Thisquietarmy I
- Shitao - I Hear Voices
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons
- Schneider | Thisquietarmy - Schneider | Thisquietarmy II
- Pepo Galán - Simple
- Eugene Carchesio - Taster’s Menu
- Schneider | Thisquietarmy - Schneider | Thisquietarmy I