Très attendu à la rédaction d’IRM, ce deuxième opus de 13 & God sera indéniablement celui de la reconnaissance à défaut de nous faire oublier le spleen gracile de son illustre prédécesseur.

Car si la petite troupe a bénéficié cette fois de deux sessions communes pour accoucher de la quasi-totalité des démos de ces méditations sur l’au-delà, l’alchimie développée entre The Notwist et Themselves sur leur éponyme en 2005 s’est paradoxalement muée en un échange de politesses, qui voit le groupe de Markus Acher prendre l’ascendant sur la majeure partie des morceaux impairs plus acoustiques et mélodiques dans la continuité de leur Devil, You + Me de 2008, les Californiens imposant quant à eux leur patte sur les titres pairs plus sombres et guidés par le flow nasillard de Doseone. Un hétérogénéité accentuée par les directions diverses et variées empruntées par l’album, de la folktronica (Armored Scarves) au krautrock (Et Tu) en passant par le post-punk très pop d’Oldage ou même une forme inhabituellement mélancolique de... ragga (Sure As Dept).

Alors certes, comme l’explique ce dernier dans le track-by-track proposé par Self-Titled Mag parallèlement au streaming de l’album paru début mai via Alien Transistor, chacun des membres des deux formations apporte sa contribution à l’ensemble des titres, y compris Dax Pierson cloué à Oakland par sa tétraplégie, mais à l’exception peut-être d’un parfait Death Minor faisant la part entre les récentes avancées orchestrales des Allemands et le groove foisonnant du Themselves des débuts tout en renouant avec la mélancolie poignante de l’opus précédent, jamais Own Your Ghost ne parvient véritablement à fusionner la singularité des uns et des autres comme un Soft Atlas en son temps, aussi subtils et luxuriants puissent être les arrangements et la production de ces morceaux à tiroirs parfois pas bien éloignés du beatmaking hybride et touffu de Jel avec Subtle.

Ainsi, loin de nous l’idée de cracher pour autant sur le désarmant Beat On Us rescapé des sessions du dernier Notwist ou le souffle grégorien de l’épique Death Major, mais gageons qu’à l’Aéronef de Lille demain soir ou samedi à la Maroquinerie nos apôtres du hip-hop électro-acoustique quasiment au complet sauront donner à leur set l’ampleur et la cohérence qui manquaient peut-être ici.