Top albums - septembre 2011

En musique comme ailleurs, les apparences sont souvent trompeuses : seule certitude avec ce premier bilan de la rentrée, vous n’y entendrez que du bon et jamais deux fois la même chose.


1. Apparat - The Devil’s Walk

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Apparat - The Devil’s Walk disponible sur Amazon.fr

Malmené par cette même intelligentsia électro qui était pourtant seule à l’acclamer du temps de Multifunktionsebene ou de l’EP Tttrial And Eror aux concassages abstraits dignes d’Autechre, Apparat a choisi la pop avec The Devil’s Walk, dans la continuité d’un Walls aux instrus déjà subtilement mélodiques et finement habillés de chœurs ou d’orchestrations synthétiques.

Un virage en douceur donc, qui ne semble pas passer inaperçu du côté des faiseurs de tendances mais qui dit accessible voire commercialement viable (et encore, on parle quoi qu’il en soit d’un public "éclairé") ne veut pas forcément dit compromis et dépourvu d’âme. En témoigne la confortable première place de ce nouvel opus au spleen impressionniste où le Berlinois manie les arrangements acoustiques avec délicatesse, sans se départir de cette dimension majestueuse voire carrément hymnique (cf. notamment Black Water en clip ci-dessous) qui culminait peut-être davantage sur l’album précédent mais trouve ici un écho plus intimiste et personnel, Sacha Ring lui-même donnant de la voix sur une majeure partie des morceaux.


2. St Vincent - Strange Mercy

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St Vincent - Strange Mercy disponible sur Amazon.fr

Très attendu après l’acclamé Actor, ce troisième opus de l’ex Polyphonic Spree toujours chapeauté par John Congleton (The Paper Chase) surprend de nouveau par le décalage entre la ferveur du plébiscite et la dimension résolument schizophrène des productions lunatiques et anxieuses de l’Américaine.


Des sautes d’humeur musicales au diapason de ces chansons cathartiques dont les récollections surréalistes n’hésitent pas à verser sans prévenir dans la folie douce, quant il ne s’agit pas d’éviter de justesse l’explosion névrotique. Heureusement, les mélodies vocales flirtent cette fois encore avec le rêve éveillé et outre la voix enchanteresse d’Annie Clark, bénéficient de toute une palette d’arrangements privilégiant cette fois les synthés et l’électricité aux orchestrations de chambre de l’opus précédent pour un résultat peut-être plus homogène, à défaut d’être tout à fait aussi inspiré.


3. Lanterns On The Lake - Gracious Tide, Take Me Home

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Lanterns On The Lake - Gracious Tide, Take Me Home disponible sur Amazon.fr

A l’écoute du premier album de Lanterns On The Lake, on se dit qu’il y a de quoi ravir les amateurs de múm comme de Sigur Rós. Que ce soit en termes de poptronica rêveuse ou de pop aérienne quasi-religieuse, il y a de quoi rassasier divers appétits chez les amateurs de musique islandaise.

On aurait très bien pu chercher sur place à localiser plus précisément ce sextet, nouveau venu dans notre paysage musical, et en savoir un peu plus sur les origines et la genèse de ce projet qui nous a très rapidement convaincus. Arpentant des sommets glacés tels que Keep On Trying ou A Kingdom, traversant des geysers électroniques nommés Lungs Quicken ou The Place We Call Home et des déserts frigides baptisés Ships In The Rain ou I Love You Sleepyhead, nous l’aurions toutefois cherchée en vain cette petite tête blonde de laquelle émane cette voix douce et accueillante. Au milieu des paysages successivement dessinés sur cet album, il nous aurait en effet été impossible de mettre la main sur celle qui a su s’entourer des meilleurs artisans pour mettre en scène le théâtre des instants magiques qu’ils ont imaginés tous ensemble et rassemblés en un projet commun qui a illuminé notre mois de septembre. Et c’est sur le chemin du retour vers Paris, alors que nous aurions à peine été persuadés de sa réelle existence, comme fraîchement extirpés d’un rêve dans lequel on se serait volontiers replongé, qu’elle nous aurait attendus pour nous introduire à l’ensemble des membres qui ont travaillé sur ce Gracious Tide, Take Me Home.

Se présentant sous le nom de Hazel Wilde et posant fièrement dans les rues de Newcastle, nous aurions alors compris que nous avions fait fausse route depuis le début. Aveuglés par les nombreux atouts charme de ce premier album et les fausses convictions qui pouvaient en découler, nous étions loin d’imaginer avoir affaire à une création anglaise de la tête aux pieds, finalement née du voisinage des célèbres Sting et autres Dire Straits. Dupés mais comblés.


4. AbSUrd - Close To Distantly

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AbSUrd - Close To Distantly disponible via Bandcamp

Dans la foulée de labels tels qu’Anticon ou Fake Four, la nébuleuse Decorative Stamp trace depuis 2008 son bout de sillon en parallèle des sentiers battus et rebattus du hip-hop, d’arrangements boisés ou asiatisants en vapeurs opiacées.

Un travail de sape collectif qui trouve sa source en Angleterre autour de ses omniprésents co-fondateurs James P Honey et James Reindeer mais n’hésite pas défricher par-delà sa ligne d’horizon, de la Californie d’Edison au Texas de Babel Fishh en passant par la France donc, berceau du beatmaker AbSUrd dont les productions ouvertes au quatre vents, qu’elle soient mélancoliques ou plus anxiogènes, établissent ici un nouveau standard d’excellence après le déjà fameux Foreshore Reverie signé plus tôt dans l’année au côté James P Honey. Ajoutons à cela une petite armada de rappeurs triés sur le volet dont l’excellent Bleubird particulièrement acéré sur un Thin Air aux cordes et vents aussi vénéneux qu’enivrants, et l’on obtient tout simplement l’album de hip-hop le plus magnétique de cette année 2011.


5. Blueneck - Repetitions

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Blueneck - Repetitions disponible sur Amazon.fr

A ceux pour qui Denovali rime avec bruit, avec nuit voire carrément avec ennui, il serait dommage de passer à côté de ce troisième album de Blueneck sur des préjugés d’allergiques au doom metal ou autres errances crépusculaires à la croisée de la noise, du jazz et de la drone music qu’affectionne en général cet excellent label d’outre-Rhin.

Car si le quintette bristolien fut bel et bien adepte à ses débuts d’un ambient-rock maussade et tourmenté aux atmosphères plombées avec le même degré de réussite, c’est dans le lyrisme patraque ou la mélancolie légèrement neurasthénique d’un post-rock plus que jamais chargé d’émotion qu’officient désormais les Anglais, rivalisant avec la puissance orchestrale des envolées de Sigur Rós aussi sûrement qu’avec la rage contenue des progressions électriques de Mogwai.


Bonnes découvertes à tous et rendez-vous à la fin du mois pour un nouveau vote, comme toujours c’est sur le FIR que ça se passe.


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