12 labels à suivre en 2012 - Debacle Records
On a vécu ce cru 2011 au rythme de leurs sorties aussi attachantes qu’exigeantes, et on les suivra assurément de près l’an prochain : petit tour d’horizon, mené jour après jour par leurs patrons eux-mêmes, de ces labels singuliers qui ont marqué notre année musicale et qu’il ne faudra plus lâcher d’une oreille, si ce n’était déjà le cas.
Debacle Records, on vous en a rebattu les oreilles cette année et pour cause, le label de Seattle fut pour IRM une véritable révélation. Avec deux sorties par mois en moyenne, un taux de chefs-d’œuvres flirtant dangereusement avec la limite décemment admise et une curiosité sans limite pour les musiques expérimentales et atmosphériques en tous genres, Samuel Melancon, moitié des stellaires Megabats a mis la barre tellement haut en 2011 que l’on commençait à se demander ce qu’il allait bien pouvoir inventer l’an prochain pour garder le niveau. Heureusement, le patron nous apporte ci-dessous quelques éléments de réponse, et nous éclaire au passage sur la nécessité grandissante pour un label tel que le sien de concilier éthique DIY et possibilités des nouvelles technologies en terme de communication.
L’interview
Si vous deviez nous présenter le label en quelques mots, quels seraient-ils ?
Un label expérimental basé à Seattle (terriblement ennuyeux comme accroche, je l’avoue !).
Comment le contexte économique, technologique et/ou culturel a-t-il influencé votre façon de concevoir l’édition musicale ces dernières années ?
Je réfléchis pas mal à des modèles de publication. Je suis de plus en plus satisfait par l’idée de sortir des éditions limitées avec un bel emballage tout en laissant les albums disponibles au format digital. J’ai dans l’idée que tout l’intérêt d’internet réside dans la notion de "choix" et je veux donner aux gens la possibilité d’écouter mes sorties quelque soit le format qui leur convient le mieux.
Les mp3 blogs ont perdu du terrain en cette fin d’année mais j’ai toujours soutenu le partage de la musique. J’ai l’impression que si vous utilisez ces pratiques comme un outil promotionnel au lieu de les rejeter en bloc, vos dividendes n’en seront que plus importants. Bien sûr pour de plus gros labels ça peut être différent de voir des gens déjà intéressés par leur musique décider de ne plus la rémunérer, mais pour moi il s’agit souvent de curieux qui n’avaient jamais entendu parler de Debacle ni des artistes avec lesquels je travaille.
En terme d’économie, je suis sûrement affecté par le contexte actuel. Je ne sais pas combien de ventes je perds mais il est évident que la récession globale affecte tout et tout le monde autour de nous.
Je tends également à avoir des gens déçus que l’on ait choisi des CD-r plutôt que des cassettes comme principal format d’édition. Je suis intéressé par le vinyle mais je doute fort de passer un jour aux cassettes. Trop de labels autour de moi se sont perfectionnés dans les sorties de ce type. Il serait trop difficile de concurrencer Gift Tapes/Draft, Digitalis ou Stunned...
Sur quels aspects voyez-vous le label évoluer en 2012 ?
Mon objectif en 2011 était de travailler avec beaucoup de gens des quatre coins du monde et de sortir autant d’albums que possible. J’ai fini par en publier 21. C’était bien mais je pense que l’année prochaine il va s’agir de ralentir et de sortir moins d’albums, en essayant de passer plus de temps à les promouvoir. Je ferai toujours des CD-r mais j’espère me lancer dans le format vinyle également.
Quel artiste du label vous a le plus impressionné cette année, et pourquoi ?
Je devrais dire Thunder Grey Pilgrim, parce que son album ᛁᚫᛟ est tellement riche et imposant de la part d’un seul musicien. Il a pris une chanson qu’il avait affinée pendant des années et s’est donné les moyens de l’enregistrer exactement telle qu’il l’avait imaginée. Il a appris la batterie, réuni un chœur d’amis, un effort réellement impressionnant.
Mais je pense également à certaines sorties de l’année que j’ai trouvées injustement sous-estimées, celles de Zac Nelson, Sorry, Starcircleanatomy et Hive. Toutes les quatre sont étonnantes pour plein de raisons différentes.
Un nom à surveiller de près sur le label l’année prochaine ?
King Tears Bat Trip, un collectif de Seattle composé de membres d’un tas de groupe de notre scène d’improvisation locale. Ces types jouent avec quatre batteurs, Neil Welch au saxophone et leur meneur Luke Bergman (Thousands, Heatwarmer) à la guitare. Ils composent d’énormes hymnes psychédéliques. L’interaction des batteries est inspirée d’une certaine façon des tambours vaudou d’Haïti et les mélodies principales rappellent les thèmes d’Albert Ayler. J’espère sortir leur premier album en vinyle dans le courant de l’année prochaine.
Un dernier disque à écouter avant la fin du monde ?
C’est donner dans la facilité mais le premier album de NEU ! [ndlr : voir ici]. Ou peut-être Music For 18 Musicians par Steve Reich.
Debacle Records en 2011
Un disque : Demian Johnston & Mink Stolen - Trailed & Kept
Inutile d’insister davantage sur ce monument de drone doom mythologique et oppressant, déjà commenté pour sa troisième place du bilan drone/ambient 2011.
Un morceau : Thunder Grey Pilgrim - ᛁᚫᛟ
Un choix qui s’imposait par le format même de l’album, constitué d’une seule longue piste de 45 minutes. Et cette fois, c’est notre "streaming du jour" qui se chargera de vous en apprendre davantage sur ce projet occulte de l’Américain Mitchel Bell.
Une vidéo : Secret Colors - Lime Green
Extrait de l’album Confusion Control et emblématique des préoccupations plus oniriques voire carrément psyché d’un certain nombre d’artistes du label à la croisée d’un drone cosmique et d’une chillwave hypnotique, tels que Konntinent, SORRY, Brain Fruit ou Food Pyramid.
Un streaming (du jour) : Daniel Bachman - Grey-Black-Green
On aurait pu vous ressortir Paintings For Animals, Zac Nelson ou même Food Pyramid, mais l’essentiel étant aussi de varier les plaisirs, il semblait plus judicieux de rappeler qu’il y a aussi chez Debacle de l’acoustique rugueuse et habitée, comme en atteste cette toute dernière sortie de l’année due à l’ex Sacred Harp.
Une chronique : Megabats - Solaria
Parce ce que ce projet astral et enivrant du patron Sam Melancon a largement contribué à définir l’esthétique de Debacle, ou pour le moins son attachement aux évocations instrumentales les plus aventureuses et abstraites.
Debacle Records sur Facebook - Site Officiel - Bandcamp
A noter que le label nous propose 25% de réduction sur l’ensemble des albums de sa page Bandcamp au format digital ou physique, il suffit d’entrer le code "yule" et de commander avant le 2 janvier.
English version :
If you would have to indroduce the label in a few words, what would they be ?
Experimental label from Seattle (super boring I know !).
How did the economic, technological and/or cultural environment influence your way of thinking about music publishing in the past few years ?
I think about publishing models quite a bit. I am feeling more and more satisfied by the idea of doing short runs with nice packaging while keeping things available digitally. I feel like the whole point of the internet is "choice" and I want to give people the choice of hearing my releases in whatever format they like.
The blogspot/mediafire blogs have slowed down somewhat towards the end of the year but I have also always supported sharing music. I feel like if you can use it as a promotional tool your dividends are almost always going to be larger than if you didn’t embrace the blogs. That could be different for larger labels that are seeing people already interested in their music deciding not to pay for it, but for me it’s usually people who have never heard of Debacle or the artists I work with.
In terms of economy, I am sure I am being affected by it. I don’t know how many sales I am not getting, but I am sure the global recession is affecting everything around us.
I also tend to get people who are upset that I chose CDRs instead of tapes as my main format. I am interested in vinyl but I doubt I will ever move to tapes. Too many labels around me are perfecting the tape release right now. Gift Tapes/Draft, Digitalis, and Stunned would be too hard to compete with.
In which ways could the label evolve in 2012 ?
My goal in 2011 was to work with many people from all over the world and try to release as many albums as possible. I ended up releasing 21. It was good but I think next year is going to be all about slowing down and releasing fewer albums and trying to spend more time marketing those albums. I will still be doing CDRs but I am hoping to move into vinyl as well.
Which artist from the label impressed you the most in 2011, and why ?
I would have to say Thunder Grey Pilgrim, only because his album, ᛁᚫᛟ was just so expansive and impressive for one guy. He took a song he has been refining for years and willed himself to record it exactly as envisioned. He taught himself drums, he got a choir of friends together, just a really impressive effort.
Also, I think some release from this year that were probably unfairly overlooked were the Zac Nelson, Sorry, Starcircleanatomy, and Hive. All four are amazing for completely different reasons.
A name to watch closely on the label next year ?
King Tears Bat Trip, a Seattle crew made up of members from a ton of bands in our local improv scene. These guys play with 4 drummers, Neil Welch on saxophone and their ringleader Luke Bergman (Thousands, Heatwarmer) on guitar. They create these huge psychedelic anthems. The drum interplay is somewhat based on Haitian voodoo drumming and the main anthems feel like Albert Ayler themes. I am hoping to releases their debut on vinyl next year some time.
A final record to listen to before the world ends ?
It’s an easy fallback but the first NEU ! album, or maybe Music For 18 Musicians by Steve Reich.
Demian Johnston sur IRM - Myspace - Bandcamp - Site Officiel
Mink Stolen sur IRM - Myspace
Megabats sur IRM
Thunder Grey Pilgrim sur IRM
Daniel Bachman sur IRM - Myspace
Secret Colors sur IRM
- Sulfure Session #1 : Aidan Baker (Canada) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- Hannah Frances - Keeper of the Shepherd
- Shrike Totem - Passing Strange
- Akira Kosemura & Lawrence English - Selene
- Tomoyoshi Date & Bill Seaman - Duet
- Sanger and Sanger - Exotopia
- One Far West - Heliacal Risings
- Feeling Flying - Spirit Level
- Glacis - This Darkness From Which We Cannot Run
- Glåsbird - Fenscapes
- EUS & How To Disappear Completely - Remaining Light
- Clinic Stars - Only Hinting
- Akira Kosemura & Lawrence English - Selene
- Lawrence English - Even The Horizon Knows Its Bounds
- Cloudwarmer - Nostalgia For A Future That Never Happened
- 2024 à la loupe (par Rabbit) - 24 chansons