Bo - Schyzopolis

Chroniquer Bo est presque un acte de résistance tant j’ai conscience que l’univers de celui qui se définit comme un jeune dandy est éloigné de notre ligne éditoriale. Qu’importe, je suis prêt à subir les railleries de mes collègues s’il le faut pour défendre, une fois n’est pas coutume, un disque de chanson française...

1. Je Suis Dieu
2. No More Mister Nice Guy
3. Lou Reed
4. Hey
5. Saké
6. Tokyo
7. Chemical Kick (feat. Brisa Roché)
8. I Got Da Blues
9. Hello
10. Berlioz
11. Ring
12. Monk & Billie

date de sortie : 12-03-2012 Label : MVS Records

Quasi-allergique à la chanson française, j’ai néanmoins senti assez rapidement chez Bo que j’avais à faire à un artiste du genre pas tout à fait comme les autres. Mais que peut-il bien avoir de plus que les autres, pour me permettre d’avoir accès à un univers auquel je suis habituellement récalcitrant ?

Pourtant, la première écoute de l’album ne fut pas un long fleuve tranquille puisque si j’adorais un morceau, je pouvais être certain que le suivant allait m’insupporter au possible. C’en était presque mathématique, un titre charmant pour un agaçant.

Et puis, car il y avait malgré tout une bonne moitié de très bons morceaux, j’y suis revenu. Et ceux que je rejetais - à l’exception du trop maniéré Lou Reed - ont finalement pris tout leur sens dans cet ensemble de très bonne facture que constitue Schyzopolis.

Puisqu’on en est à pointer les rares défauts de l’album, certaines introductions longuettes (Saké ou Tokyo) auraient tôt fait de priver les maniaques de la touche "next" de refrains accrocheurs.

Pointer les défauts de cet album est aussi pour moi un moyen de me protéger. Non, je ne suis pas totalement sous le charme d’un album autant en marge de mes goûts habituels. C’en est presque effrayant d’aimer quelque chose de si décalé, en comparaison de notre routine. Ai-je toujours bon goût ? Ai-je déjà eu bon goût ? Qu’est-ce que le bon goût ? Le malaise est presque d’ordre philosophique dans ces circonstances.

Mais un album qui me pousse à m’interroger à ce point ne peut pas être mauvais. L’univers de Bo évoque Benjamin Biolay, Dionysos, Philippe Katerine ou même Jean-Louis Murat. Pas forcément mes artistes de chevet, bien que j’ai aimé au moins une période de chacun d’entre eux. Et à l’instar de la discographie parfois inégale de ces références, il n’est pas illogique de voir fleurir sur cet album un ou deux morceaux que l’on apprécie légèrement moins, non ?

Après cette analyse à la limite du plaidoyer, il me reste ma meilleure carte à abattre : évoquer les sommets de l’album. J’en compte au moins trois, à commencer par Berlioz qui sonne comme un passage accrocheur et rythmé du Trash Yéyé de Biolay, Hello qui s’appuie sur un refrain des plus efficaces et No More Mister Nice Guy, dont les premières secondes font presque songer aux Tindersticks avant que des bidouillages électro n’accompagnent une mélodie au charme imparable.

S’arrêter à ces trois réussites serait néanmoins injuste, tant Je Suis Dieu, Hey, Tokyo, Ring ou Chemical Kick en duo avec Brisa Roché feraient figure de sommets incontestables sur bien des albums.

Et si l’atout supplémentaire de Bo n’était rien d’autre que le talent ?


Annoncé en "révision technique", ce troisième album sortira aux dernières nouvelles le 12 mars.

Chroniques - 05.02.2012 par Elnorton