Lilacs & Champagne - s/t

Quand le guitariste Alex Hall de Grails et son batteur fou donnent dans le side-project électroïde (trip-hop diront certains), ça donne quoi ? Réponse : l’un des albums les plus trippants de l’année !

1. Everywhere, Everyone
2. Lilacs Voir la vidéo Lilacs & Champagne - Lilacs
3. Nice Man
4. Sensations Voir la vidéo Lilacs & Champagne - Sensations
5. Battling The City
6. Corridors Of Power II
7. King Of Kings
8. Laid Fucking Back
9. Moroccan Handjob
10. Midnight Creeper
11. Listener X

date de sortie : 31-01-2012 Label : Mexican Summer

C’est qu’ils sont productifs, les p’tits gars de Grails ! Outre les escapades solo d’Emil Amos sous le nom d’Holy Sons et le stoner mystico-transcendantal d’Om, on peut aussi noter les sorties solo de Zak Riles et j’en oublie sûrement encore.
C’est dans cette logique de collaborations et d’expérimentations diverses, en dehors de leur quartet d’origine, qu’Alex Hall et Emil Amos mettent en chantier le projet Lilacs & Champagne. Un délicieux recueil de 11 titres, véritable concentré de maîtrise, d’expérience et d’influences diverses, allant du sample de film de série B aux voix soul, du trip-hop façon 90’s aux floyderies progressives dont on sait les comparses très friands, en passant par la pop des années 60 ou les musiques orientales. Mais comme chez Grails ce patchwork d’influences, aussi hétéroclite soit-il, est parfaitement digéré et cohérent, à l’image de l’irrésistible Everywhere, Everyone d’introduction, étalant son groove tranquille et ses différentes lignes mélodiques avec classe et nonchalance :



Même recette pour le soul et funky Lilacs, l’un des morceaux les plus réussis de l’album (pas étonnant que ces deux-là soient d’ailleurs les premiers singles du disque, tant ils accrochent rapidement l’oreille). Et que dire alors du Beastie Boyesque Nice Man et de ses samples incongrus - une femme qui pouffe, un dialogue de film ou de série des années 50 -, ce titre, qui une fois rentré dans la tête, n’arrive plus à en sortir que sous les soins d’un exorciste ?
Le titre suivant, Sensations, lui, nous colle le frisson à coups de guitares acoustiques samplées, de touché Gilmourien, de synthés et de mélodica, nous offrant pour le coup un max de sensations. Arrivé à ce stade, on ne sait d’ailleurs plus trop où situer la musique du groupe : prog’ synthétique ? Post-rock revisité à la sauce trip-hop (ou trip, tout court) ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de la suite dans les idées dans l’esprit de ces deux mecs-là !


Je vous épargnerai l’habituel titre par titre d’un album multi-facettes de toutes façons trop riche (et pourtant si accessible) pour en faire le tour en si peu de temps, mais il me faut néanmoins mentionner quelques trouvailles qui donnent tout son cachet à celui-ci.
Comment résister à l’envie, par exemple, de vous parler des synthés crépusculaires de Corridors Of Power II (faisant suite au morceau de Deep Politics ) ou de Midnight Creeper, hommages aux bandes originales de films des années 80, qui ont probablement dû marquer la jeunesse des deux comparses. Ou alors les marocaineries inspirées du bien nommé Moroccan Handjob, ou bien encore le flot de percussions de King Of Kings, sur son lit de basse profondément entêtant ? Au milieu de tous ces trips iconoclastes, référentiels et auto-suffisants à la fois, kitschs et coolos, vibrant d’un groove démentiel, il y aura néanmoins la mini-déception d’un Laid Fucking Back mollasson et peu inspiré, mais même cela ne suffira pas vraiment à ternir notre enthousiasme.
Il y a trop (d’excellentes) idées, de trouvailles (ces samples sortis de nulle part, toujours au bon endroit/bon moment pour faire exploser un morceau) et de talent dans cet album pour en effacer le souvenir. Chaque écoute mettant un relief une nouvelle facette d’un morceau, d’une transition ou d’une percu mixée légèrement en retrait qu’on n’avait pas encore entendue.

Bref, vous l’aurez compris, c’est non seulement un énorme coup de coeur, mais aussi une vraie réussite pour le duo, qui signe ici une petite bombe discrète et instantanée.
Le fan ou amateur de Grails saura trouver ici le complément parfait à la musique instrumentale de ces derniers, quelque part entre génie pur et second degré assumé. A écouter - et réécouter, comme je le fais depuis le début de l’année - sans modération aucune !

Chroniques - 11.10.2012 par Ghob