Marre de l’hégémonie des synthés ringards prônant le retour du pire des années 80 dans l’électro, la pop, la darkwave, la witch house et tout ce qui s’inspire de près ou de loin de la new wave versant radiophonique ou des derniers vestiges d’une kosmische musik alors sur le déclin ? Spectrum Spools a pensé à vous avec cette collection de petites perles vintage entrecoupées d’extraits de leurs futures sorties, une mixtape où psychédélisme proto-électronique et onirisme analogique riment avec élégance, intransigeance et volupté.

Moins connu que son parent Editions Mego, Spectrum Spools c’est "l’autre label" de Peter Rehberg lancé il y a deux ans en collaboration avec John Elliott pour accueillir le genre de rêveries cosmogoniques que les deux musiciens abord(ai)ent respectivement avec leurs projets Fenn O’Berg et feu Emeralds. Pour donner une idée, on y avait notamment croisé l’an dernier Motion Sickness Of Time Travel avec son superbe double album éponyme, le genre d’univers hypnotique et rétrofuturiste dont les pionniers remontent aux années 70/60 voire même une décennie plus tôt dans le cas de Douglas Leedy, explorateur de l’ambient analogique déstructurée sur synthés Moog dont Fenn O’Berg notamment ne manquera pas de s’inspirer et précurseur du drone à base de bruit statique sur le bien-nommé White Landscape dont on peut entendre un court extrait ici, discrète transition entre les transmissions stellaires de Pulse Emitter et les superpositions modales de Laurie Spiegel.

Pour le reste, des errances névrotiques de Basile Felix aux radiations distordues de Division en passant par l’ambient subaquatique de Michel Redolfi, les collages sonores fantasmagoriques de Robert Ashley ou les pulsations pré-dub techno du Danois Henning Christiansen associé dans les 60s au mouvement néo-dada Fluxus, on retiendra pas mal de découvertes à creuser et deux avant-goûts prometteurs des prochaines sorties du New-Yorkais Steve Moore - en mode kosmische techno feutrée - et surtout de Matthew Mullane aka Fabric pour un extrait du successeur de l’excellent A Sort Of Radiance dont les denses reflux cosmiques aux textures organiques constituaient il y a deux ans la toute première référence du label. De quoi passer le début d’été à contempler les étoiles en attendant la seconde partie de cette vraie-fausse rétrospective avec impatience.