Live Report : Sheik Anorak + Syntax Error au Cirque Electrique (Paris)

On en parlait il y a quoi ? Dix jours, dingue ! Sheik Anorak, une chronique, tout ce qu’il fallait pour tout savoir et v’là t’y pas qu’il passe au Cirque Electrique, et même que c’est le Collectif Coax qui invite. Ce même Collectif dont on a déjà parlé. Celui qui fait les soirées le mercredi, au Cirque Electrique ? Voilà, c’est ça !
Et là, ils ont invité Sheik Anorak, donc, le fameux mec-tout-seul-band qu’a un son comme un groupe. Impressionnant le type.

Tout était déjà très bien dit dans la chronique, on pouvait se faire une idée assez claire de ce à quoi ressemblait le disque de Sheik Anorak. Mais le voir, c’est autre chose...




Derrière un dédale de pédales et une batterie, il s’installe. Non content d’avoir de quoi faire avec ses pieds, il prend une guitare et il en joue...




Un riff et hop, c’est dans la boîte. La boucle est bouclée. S’y prend pas à deux fois le mec, il plaque, il boucle. Perd pas de temps. Faut dire, il a pas intérêt à traîner, vu qu’il doit enregistrer toutes les lignes de guitares qui vont avoir lieu dans le morceau avant de le jouer vraiment, le morceau. Construction en sourdine. Longue intro où tu apprends tout ce qui va se passer ensuite. C’est un peu comme une table des matières. L’impression d’entrer dans la cuisine. On voit le chef préparer son plat. On voit tout ce qu’il met dedans. Après il nous le sert avec des beaux couverts. Et tu dégustes !

Les boucles, parfois très longues et complexes, sont superposées au cours du morceau avec une pedestérité (tu vois très bien ce que je veux dire !) étonnante. C’est malin, risqué mais malin ! Tu sais ce qui va te venir et pourtant t’es d’autant plus surpris quand le riff te revient dans la face avec le gros son. Le dispositif implique un jeu de batterie précis qui confine parfois au tour de force. De temps en temps se fait entendre un petit décalage, évidemment, mais l’effet spectaculaire prend le dessus.




Il conclut son set sur une interminable transe répétitive, humainement intenable. Il tient quand même, tant bien que mal. Bluffant.


Syntax Error prend place à un autre bout de la piste. Avec un nom pareil (aussi Nuls...) l’ironie du trio rouennais est d’emblée donnée. Elle se confirme dans une mise en scène qui présente ces trois garçons en geeks coincés et dans une musique prenant le masque de la parodie pour mieux asséner en douce ses claques syncopées.




Sylvain Choinier, Jean-François Riffaud et André Pasquet produisent un noise-rock sans prétention qui a un effet grisant sur l’auditoire.




Des rythmes soutenus aux breaks évidents et réguliers, des structures répétitives, une basse claquante et prééminente, une guitare droite et prudente, Syntax Error n’invente rien (un défaut flagrant de réglage n’était d’ailleurs pas pour les valoriser).
Mais la singularité de leur démarche marche et très vite l’audience danse. C’est leur stop and go incessant qui déride. Les voix, à l’unisson et aiguës, scandent des onomatopées informatiques. Des cris parfois, très peu virils, surviennent. C’est foutraque.




Pull-over de mauvais goût genre prof de chimie dans une série américaine, baskets à scratch, pantalon de flanelle à pinces, cravates... dans leur costume de scène décalé, les trois garçons ont su défendre dignement leur dernier album, Intersting Result, sorti chez Label Vibrant en décembre. Disque que vous pourrez par exemple ranger entre Le Singe Blanc et Fordamage, s’il vous reste de la place...


Articles - 06.03.2014 par Le Crapaud
... et plus si affinités ...
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