2013 : les artistes font leur bilan - Part 10
Ils ont fait l’actu cette année sur IRM, à leur tour de nous parler de leur cru 2013 ! Dans l’idéal sous forme d’un top 3 des albums, EPs, rééditions, concerts ou autres évènements qu’ils retiendront avant toute autre chose de ces 12 derniers mois, les choix des artistes, patrons de labels et autres activistes des scènes indépendantes de tous horizons géographiques et musicaux nous mèneront de découvertes en confrontations de points de vue, l’occasion également de revenir en quelques mots sur leurs propres sorties qui ont toutes marqué à divers degrés l’équipe d’IRM cette année.
Cody Drasser
(Caulbearer - US)
... nous a gratifiés cette année de deux beaux EPs en libre téléchargement via son propre label Peacock Window, en solo d’un côté pour un hommage flippant à Lovecraft, plus contemplatif et radiant de l’autre avec son duo Caulbearer qui s’est également associé il y a quelques semaines avec l’Américain Michael Page aka Sky Burial le temps d’un cantique dark ambient joué depuis les tréfonds d’une crypte suintante :
Son bilan 2013 :
1. Stomach Earth – s/t
Mike McKenzie’s (The Red Chord) solo doom/death project.
Crushingly heavy, this album instantly delivered me to a hellish and chilling nether region I wasn’t expecting. Oppressive curtains of distorted guitar and demonic vocals rained down upon me as my eyes gazed over the disgusting creature that graces the cover art. (Is it coming for me ?) My mind raced around the shadowy implications of what song titles like Haunted By The Living, The One They Fear and Watchers actually mean. (Did something just move ?) Succeeding on multiple levels with its immediate gut-wrenching impact, the stygian crawl of this album’s dark sound cannot be overstated. Stomach Earth’s debut album is a gloomy, cold, pitch-black vortex of sound and I gladly surrender myself to it.
Le projet solo doom/death metal de Mike McKenzie (The Red Chord).
Écrasant, cet album m’a instantanément transporté dans un enfer froid auquel je ne m’attendais pas. Des rideaux oppressants de guitares distordues et de voix démoniaques pleuvaient sur moi tandis que mes yeux fixaient la répugnante créature ornant la pochette. (Vient-elle pour moi ?) Mon esprit s’est emballé autour des implications ténébreuses de ce que peuvent réellement signifier des titres tels que Haunted By The Living, The One They Fear et Watchers. (Est-ce que quelque chose vient de bouger ?) Réussite sur plusieurs niveaux, la noirceur rampante de cet album prend aux tripes et ne peut être surestimée. Le premier album de Stomach Earth est un vortex de sonorités lugubres, glacées et d’un noir profond auquel je m’abandonne volontiers.
2. Pharmakon – Abandon
Power Electronic/Noise project of Margaret Chardiet.
The opening banshee wail on Milkweed/It Hangs Heavy sent chills up my spine. I continued to listen as a salvo of noise develops into a terrified animal heartbeat rhythm. I became that terrified animal… and it only got worse from there. Ms. Chardiet’s screams are unleashed and the panic really sets in when a lone death knell synth note begins to toll beneath all the noise and screaming. I now know that I am truly done for, and this is only the first song.
Abandon is a superb Power Electronics album that eschews the typical imagery and lyrical fodder of misogyny and other depravities in favor of something much more effective : the personal touch of an unapologetically fierce and injured human being (a human being that also happens to be covered in maggots on the front cover.)
Le projet noise/power electronics de Margaret Chardiet.
Les lamentations de Dame Blanche sur Milkweed/It Hangs Heavy m’ont collé des frissons dans le dos. J’ai continué d’écouter tandis qu’une salve de bruit se développait en un rythme terrifiant de battement de cœur animal. Je suis devenu cet animal terrifié... et ça n’a fait qu’empirer à partir de là. Les cris de Miss Chardiet se déchaînent et la panique s’installe vraiment quand une note solitaire de synthé commence à résonner sous le bruit et les cris comme pour sonner le glas. Je sais maintenant que je suis condamné, et ce n’est pourtant que la première chanson.
Abandon est un superbe album power electronics qui évite l’imagerie typique du genre et son habituel ressassement misogyne et dépravé en faveur de quelque chose de bien plus efficace : la touche personnelle d’un être humain fier de sa férocité et de ses blessures (un être humain qui se trouve également être couvert de vers sur la pochette.)
3. The Haxan Cloak – Excavation
Sophomore release from Bobby Krlic.
To those concerned with labels, Excavation is a somewhat mysterious album to define. Is it post-dubstep or dark ambient electronica ? It’s neither and it’s both. Suffice it to say that it is a marvelously deep and textured album that penetrates my flesh and speaks to something beyond my normal physical reality – my body being excavated by the album’s sounds. Said to be something of an afterlife-soundtrack, Krlic utilizes drones, unrecognizable sounds, pulsating low-end bass, subtle rhythms and other tones to guide me on a supernatural listening experience. The murky songs seem to function as gateways to different shadowy realms until the surprisingly uplifting closer The Drop send down a rope (like the one on the cover, yet perhaps I should be more weary as it also resembles a noose) to pull me out of the blackness and back to reality at the album’s close.
Le deuxième album de Bobby Krlic.
Pour ceux qui sont concernés par les étiquettes, Excavation est un album quelque peu mystérieux à définir. Est-ce du post-dubstep ou du dark ambient électronique ? Ni l’un ni l’autre et les deux à la fois. Qu’il suffise de dire que c’est un album merveilleusement profond et texturé qui pénètre ma chair et communique au-delà de ma réalité physique - mon corps est comme creusé par les sonorités du disque. Décrit comme une sorte de bande originale de l’au-delà, Krlic utilise des drones, des sons méconnaissables, des pulsations basses fréquences, des rythmes subtils et autres tonalités pour me guider dans une expérience d’écoute surnaturelle. Les plages obscures semblent fonctionner comme des passerelles vers différentes réalités ténébreuses jusqu’à ce que l’étonnamment réjouissante conclusion de The Drop envoie une corde (comme celle de la pochette, même s’il faudrait peut-être se sentir déprimé puisqu’on dirait aussi un noeud coulant) pour me tirer de la noirceur et me ramener à la réalité lorsque l’album prend fin.
Yasuhiko Fukuzono
(aka aus - Japon)
... a mis de côté quelque temps la chamber électronica de son projet aus pour se concentrer sur son label flau, dont on a pas assez parlé au regard de ses nombreuses sorties de qualité cette année - mais à deux reprises tout de même avec les chroniques des très beaux albums de Cuushe et Masayoshi Fujita.
Son bilan 2013 (en trois morceaux) :
Orphan - 169
Patten and his label Kaleidoscope is always give me the fresh sound. Sculpture, Karen Gwyer, Vanilla Hammer... all very talented. Orphan is very dreamy, my favorite house taste here.
Patten et son label Kaleidoscope m’apportent toujours du son frais. Sculpture, Karen Gwyer, Vanilla Hammer... tous très talentueux. Orphan sonne très onirique, le genre de house que je préfère.
Droop-E - N the Traffic (feat. Nite Jewel & J. Stalin)
I don’t know Droop-E, I know Nite Jewel a little bit. I bought this song via Amazon, I love minimal R&B, Hip-Hop style from teenage. I was surprised Nite Jewel is also fitting hi-fi sound.
Je ne connais pas Droop-E, mais je connais un peu Nite Jewel. J’ai acheté cette chanson sur Amazon, j’adore le R&B minimaliste, façon hip-hop de mon adolescence. J’étais surpris qu’un son hi-fi aille assi bien à Nite Jewel.
Cuushe - Airy Me
Yes, Cuushe is our artist, this is promotion haha, no no ! I just want you to see this video. The video was created by a girl using 3000 individual hand-drawn illustrations by only herself. Just incredible music video.
Oui c’est vrai, Cuushe est une artiste du label, c’est de la promo aha... non je blague. Je voudrais simplement que vous puissiez voir cette vidéo. Ce clip a été créé par une demoiselle à partir de 3000 illustrations dessinées à la main par elle seule. Cette vidéo est juste incroyable.
Nicolas Godin
(aka Shape2 - France)
... a inauguré l’année 2013 d’IRM parmi les autres contributeurs très dark de notre compilation Ashes et joué de l’impro destructurée en compagnie de François Dumeaux (interviewé dans un précédent volet de la série) sur l’album Log sorti chez Stomoxine, son passionnant label jamais très loin de nos oreilles qui traînent.
Son bilan 2013 :
1. James Holden - The Inheritors - LP, Border Community
La bande son de l’été. En voiture, à la maison... Une grosse influence pour moi cette année avec aussi Castles de Nebulo et Retrofuture de Druc Drac.
2. Alex Calder - Time - EP, Captured Tracks
Canadien, collègue de Mac DeMarco dans Makeout Videotape. En solo, de la pop psyché dissonnante et des mélodies mélancolico-nostalgiques. Ecouté en boucle cet été/automne.
3. The Flaming Lips - The Terror - LP, Warner Bros. records
Pas beaucoup écouté encore. Mais une impression instantanée d’adoration à la première écoute du morceau You Lust. Dans l’album, du souffle et beaucoup de synthé et les habituelles bidouilles des Flaming Lips.
James Murray
(Angleterre)
... fait désormais partie des compositeurs de musique électro-acoustiques avec lesquels il faut compter, le superbe The Land Bridge sorti sur son propre label Slowcraft ayant pleinement confirmé cette année les promesses impressionnistes et poétiques de son prédécesseur Floods.
Son bilan 2013 (concerts) :
Favourite minimal, ambient and electroacoustic performances of 2013 :
Ghost Stations/Geisterbahnhöfe by Dollboy at London Brunel Museum, 05/09/13
Ghost Stations got a re-issue this year, and to celebrate Second Language put Oliver Cherer down a hole in the ground under Rotherhithe. It’s hard to imagine a more atmospheric, apt location for a full rendition of this wonderful, sprawling record. Assisted by a four-piece band, Cherer gave a composed and memorable performance, switching deftly from electronics to trumpet, to dulcimers and back again, all the while not-so-faraway underground trains rattled and rumbled by.
Ghost Stations a eu droit à une réédition cette année, et pour fêter ça Second Language a mis Oliver Cherer dans un cratère sous Rotherhithe. Difficile d’imaginer un endroit plus adapté pour une interprétation de ce disque merveilleux et tentaculaire. Assisté par un groupe de quatre musiciens, Cherer a donné une performance mémorable, passant habilement de l’électronique à la trompette, au dulcimer et ainsi de suite, tandis que le métro cliquetait et grondait tout près.
Ryuichi Sakamoto + Alva Noto at Meltdown, The Royal Festival Hall, 19/06/13
Ryuichi Sakamoto’s effortlessly loose playing style and Carsten Nicolai’s binary, tech-heavy sonics are in some ways strange bedfellows, which is exactly why they’re such a compelling combination both live and on record. At Yoko Ono’s Meltdown festival they treated a full house to an intense but tastefully restrained evening of truly modern music, a masterclass in something only these two gentlemen can do : elegant, emotive and engaging, with not a backbeat to be heard.
Le style de jeu ample et sans effort apparent de Ryuichi Sakamoto et les sonorités binaires et lourdes en technique de Carsten Nicolai sont à certains égards un étrange mariage, ce qui est tout à fait la raison pour laquelle leur combinaison est à ce point convaincante à la fois en live et sur disque. Au festival Meltdown de Yoko Ono ils ont convié leur auditoire à une soirée intense mais toute en retenue de musique résolument moderne, une masterclass de ce que ces deux gentlemen font le mieux : élégance, émotion et charme, sans emphase rythmique inutile.
Fabio Orsi at Homenormalism, Day 1, Cafe OTO, 02/08/13
This single piece drone performance at the Home Normal label showcase back in August was one hell of an experience. From out of nothing Fabio Orsi summoned a firestorm of noise, taking the audience right up to tolerance limits only to surpass those limits with wave upon wave of relentless, body-rattling distortion... superb, brutal stuff.
Cette performance d’un unique morceau drone au showcase du label Home Normal en août dernier fut une expérience d’enfer. A partir de rien Fabio Orsi a convoqué une tempête noise, amenant le public jusqu’à sa limite de tolérance pour mieux la dépasser vague après vague d’une disto implacable qui vous secouait le corps... superbement brutal.
Alex Smalley
(Olan Mill, Pausal - Angleterre)
... a de nouveau tutoyé les cîmes de l’ambient élégiaque avec la livraison annuelle d’Olan Mill, mais également réactivé Pausal avec un superbe quatrième opus aux harmonies radiantes :
Son bilan 2013 :
Indonesian Gamelan / le Gamelan indonésien
I spent most of this summer travelling through Indonesia - along the way I attended countless Gamelan performances. The cream of the crop was The Jegog Suara Sakti in Bentuyung, Bali. Most Gamelan is performed on a mixture of metallic and wooden instruments - however, this group plays exclusively on a giant bamboo Gamelan. Their sound is rich, incredibly warm and despite the softer timbres of the wooden instruments performances were the most physical and intense I experienced.
J’ai passé la plus grande partie de l’été à voyager à travers l’Indonésie - en chemin, j’ai assisté à d’innombrables performances de Gamelan. La crème de la crème s’est avérée être le Jegog Suara Sakti à Bentuyung, Bali. Le plus souvent, le Gamelan est joué sur un mélange d’instruments métalliques et en bois - cependant, ce groupe joue exclusivement sur un Gamelan en bambou géant. Leur son est riche, incroyablement chaleureux et malgré les timbres plus doux des instruments en bois, leurs performances ont été les plus physiques et intenses auxquelles il m’a été donné d’assister.
Over the years I’ve often considered what would constitute to the perfect festival - this year I discovered it. Woolf Music is held in a modest mansion house at the heart of Oxfordshire, UK (the one time residence of Virginia Woolf). The festival is as intimate as they come with every detail meticulously considered for the benefit of the artists, guests and environment. The line up was broad and of phenomenal quality - literally everything was bang on.
Au fil des années, j’ai souvent imaginé ce qui constituerait le festival parfait - cette année je l’ai découvert. Woolf Musique se tient dans une modeste maison de maître au cœur de l’Oxfordshire, au Royaume-Uni (qui fut un temps la résidence de Virginia Woolf). Le festival est aussi intime que possible et chaque détail est soigneusement pris en considération au bénéfice des artistes, des invités et de l’environnement. Le line up était immense et d’une qualité phénoménale - littéralement tout était absolument parfait.
This supplied me with days reading. Autechre has been my favourite art project for the last 15 years and their evolution has consistently fascinated me. Over the course of a week they opened the doors for fans to ask them literally anything. What followed was some of the most humbling, humorous and ultimately inspiring/educational responses from two very human geniuses.
Ça a alimenté ma lecture pendant des jours. Autechre a été mon projet artistique favori ces 15 dernières années et leur évolution m’a constamment fasciné. Sur la durée d’une semaine, ils ont ouvert leurs portes aux fans, autorisés pour l’occasion à leur demander littéralement quoi que ce soit. Ce qui en a résulté est l’une des réponses les plus humbles, humoristiques et finalement éducatives et inspiratrices qui soient, de la part de ces deux génies très humains.
Mr Teddybear
(France)
... s’est rêvé en compositeur de jeu vidéo entre deux productions hip-hop avec l’évanescent et délicat Music For Video Games drapé de mystère, de tension onirique et de troublantes réminiscences de l’enfance :
Son bilan 2013 :
1 - The Swapper par Carlo Castellano
Bande son atmosphérique d’un jeu de plateforme à énigmes qui emprunte autant à Moon (le film) qu’à Alien et qui synthétise une certaine image de l’univers spatial en version mélancolie du vide. Je mets ici le thème car c’est la musique du menu et souvent on la zappe, à tort. Les curieux iront écouter le superbe Recreation. Le frisson de l’année.
2 - Retreat Syndrome par Arktor
Je triche un peu, c’est sorti en 2011, mais comme c’est resté relativement discret... Arktor est un musicien russe, sibérien pour être précis. Découvert à l’époque où je recrutais pour les sessions dezordr, punk par la méthode, romantique dans l’âme, Arktor a de grandes ambitions abstract et noisy à la fois. On imagine une rencontre explosive avec B.L.A.C.K.I.E, son pendant vocal.
Ma préférée : Trenchcoat.
3 - Guitar Beats Vol.1 : A Tribute to George Evergreen par Dan aka Amoz’
Dans la sphère des copains se cache parfois un compositeur, c’est sans honte aucune que je mets en avant son méritant EP. Ces 14 breakbeats coupés au sécateur, arrangés spontanément à la basse et à la guitare trouveront sans peine leur place dans votre playlist matinale, et spécialement Remembering George et les très bons Bright Rainmaker et Dark Rainmaker. On appelle un Vol.2 !
4 - Push The Sky Away par Nick Cave
Tellement bon que je l’avais oublié ! Je mets ce clip parce qu’il est réalisé par un de nos meilleurs artistes français (cocorico) Gaspar Noé, mais tout le reste de l’album est excellent et comme par magie débarassé de tout ce qui m’énervait dans Murder Ballads par exemple.
Photo : aus.
James Murray sur IRM - Bandcamp - Site Officiel
Olan Mill (Alex Smalley) sur IRM - Site Officiel - Bandcamp
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- Sulfure Session #2 : The Eye of Time (France) - Le Vent Se Lève, 3/02/2019
- Aidan Baker + The Eye of Time (concert IRM / Dcalc - intro du Sulfure Festival) - Le Vent Se Lève (Paris)
- OIZAK - KOHS SCD
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- Sparkz & Pitch 92 - Full Circle
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