Un EP constitué de huit morceaux. On peut penser aux cinquante neuf minutes du All Delighted People EP de Sufjan Stevens et mettre en doute la pertinence du choix d’un tel format.

Avec Gontard !, on n’a même pas le temps de se poser la question. Là où certains artistes ont besoin de temps pour que leurs compositions prennent de l’ampleur, le Français, lui, est du genre direct. L’écoute des huit morceaux de cet EP ne vous prendra qu’un quart d’heure à peine de votre précieux temps.

Pas impossible, en revanche, qu’après avoir vibré au son de ce Travesti, vous vous engouffriez dans la pléthorique discographie du bougre, composée en l’occurrence de 5 albums et 12 EPs en l’espace de 10 ans.

Il est difficile de rendre compte avec précision du son de Gontard !. Imaginez un croisement entre Diabologum (I Look Like La Nuit) et le Rio Baril de Florent Marchet et, à défaut de viser juste sur le contenu sonore de ce Travesti, vous aurez peut-être une idée globale de ce dont il retourne.

Le Rhônalpin ne se revendique pas musicien. Il définit en revanche ses compositions comme un "talk-over permanent sur samples". En bref, des collages sonores issus d’enregistrements divers sur lesquels le spoken word du trentenaire vient raconter des histoires basées sur un amour certain pour le quotidien des anonymes hexagonaux et ce, non sans (ab)user de jeux de mots. C’est d’ailleurs en ce sens que le spectre du meilleur de Florent Marchet, Rio Baril, donc, est convié à la fête comme par exemple sur La Lutte Des Chasses.

Une œuvre ambitieuse sans avoir l’air d’y toucher, portée par l’inspiration d’une pudeur évidente d’un type qui cache son visage derrière un masque de lapin.