Le streaming du jour #1303 : Ynoji - ’Kollider’
Au gré de ce troisième opus toujours aussi concis et dont la dynamique en constante mutation, doublée d’un mur de son aux radiations organiques malaisantes, doit autant aux transes oniriques de NIÑA qu’aux épopées ésotériques de Qemira sans pour autant ressembler à l’un ou à l’autre, Ynoji s’impose enfin comme l’un des créateurs de formes électroniques les plus singuliers de notre époque, à l’instar de ses compères de label Monade, Ohm Meta ou Kshhhk.
A l’image de l’artwork de ses disques passé des abstractions pastel et poétiques d’Han Leese aux émanations psychosomatiques de Sam Nielandt à l’œuvre ici, Lucian Ditulescu a désormais coupé les ponts avec des racines IDM cybernétiques et baroques que le label belge Xtraplex chérit de toute façon autant qu’il les malmène à chaque nouvelle sortie. Folle batucada aux effluves mystiques dont les percus tribal ambient n’avaient déjà plus rien d’électronique dans leurs textures, Quemira en 2012 avait ainsi enclenché cette même mue que le fabuleux Kollider mène aujourd’hui à terme, sans laisser présager à l’époque de l’ampleur de la créature qui émerge aujourd’hui de la chrysalide Ynoji avec force beats rouleaux-compresseurs et chœurs de purgatoire.
Ultra-dense, volontiers vénéneux, dopé au vaudou des profondeurs de l’Afrique noire façon Cut Hands en moins noisy (cf. les tambours reptiliens de Kotano ou l’IDM incantatoire d’Otrono), à la techno indus (l’oppressant et ténébreux Orandjessiness qui n’aurait pas dépareillé chez Stroboscopic Artefacts) et à d’intrigantes mutations ethno-futuristes de la drum’n’bass (Htandyea), de la dub techno (Krtani) et du glitch (Flotinz), le résultat suinte l’hallucination collective, nous mettant dans la peau d’un groupe d’explorateurs en proie aux sorcelleries d’une civilisation primitive vénérant des dieux descendus de l’espace quelques milliers d’années plus tôt.
Et lorsque le Belge incorpore à son trip hypnotique orchestrations déliquescentes et vapeurs orientales sur le fabuleux Topao ou drones funèbres sur le final Giket, on jurerait entendre le Third Eye Foundation de You Guys Kill Me revenu hanter un dubstep moribond en lui insufflant tout son désespoir terrassant :
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