Sans faire défaut au groove syncopé qu’il cultive depuis 4 albums et dont les drums organiques sont toujours assurés sur une paire de titres (citons Canjealous et ses six minutes en constante mutation) par le fidèle batteur live Chris Walmsley, le Londonien Kelpe continue d’épurer son électronica psyché sur ce successeur du dense et flamboyant Fourth : The Golden Eagle d’il y a deux ans, entre dancefloor rêveur et impressionnisme en apesanteur.

Plus léger, The Curved Line continue ainsi de flirter avec les distos de synthés un brin acides et décadentes de l’IDM et autres gimmicks hédonistes proches de la house (Drums For Special Effects) avec cette fausse simplicité que l’on connaît à l’auteur de Cambio Wechsel, insufflant juste ce qu’il faut de polyrythmies décadrées et de collisions discrètement schizophréniques (de l’enchanteur Doubles Of Everything à l’hypnotique Calumet ) dans une production qui renoue par la même occasion avec les scintillements liquides éthérés des tout débuts plus downtempo du Britannique (cf. le cristallin Chirpsichord dans l’esprit d’un Ex Aquarium mais pas que).

Dernier survivant d’un glitch-hop aussi ludique qu’onirique, Kel McKeown démontre au détriment d’un Dan Snaith, d’un Kieran Hebden ou d’un Jon Hopkins, trois poids lourds du genre en perte de vitesse depuis les tributs au mainstream de leurs dernières sorties, que l’on peut faire danser sur de l’électro exigeante sans rien sacrifier de ses tendances libertaires ou planantes (cf. les roulements free de l’aérien Sick Lickle Thing ou le final kosmische d’Incantation). De la funk martiale de
Red Caps Of Waves à l’ambient tribale et tropicale de Morning Two en passant par l’échappée stellaire droguée de Valerian, l’album contient d’ailleurs plus d’un chemin de traverse, preuve que Kelpe n’est pas encore prêt de se reposer sur ses lauriers malgré un succès d’estime grandissant dans les milieux autorisés.