Lorsque l’on vient de découvrir un artiste qui s’est pourtant déjà construit une véritable crédibilité artistique, il est toujours délicat de chercher à le présenter. Pour autant, Eric Deleporte, l’homme à tout faire au sein du projet Perio, ne bénéficiant pas de la reconnaissance qu’il mériterait - même au sein de la sphère "indé" - il sera difficile de ne pas sombrer dans cet écueil.

Pire, crime de lèse-majesté suprême, l’idée de citer un artiste de la génération suivant celle de Perio a pu être envisagée durant la rédaction de cet article. La formation parisienne aurait alors pu être appréhendée comme étant le barycentre entre Botibol et Michel Cloup. Nous ne retiendrons pas cette idée pour les convenances évoquées précédemment.

Néanmoins, Perio brille dans cette capacité à s’inscrire à mi-chemin entre des atmosphères dures et engagées, et d’autres plus oniriques et mélodiques. Si de nombreuses formations se positionnent dans cet intervalle, Eric Deleporte et ses acolytes produisent un son pourtant singulier.

Inévitablement, on pourra évoquer quelques filiations vocales. On pense ainsi à Jason Lytle ou Jay-Jay Johanson ce qui, pour le dernier nommé, n’est pas tellement lié au timbre ou à l’aspect technique, mais davantage à l’aspect décomplexé et la manière de placer sa voix au service de l’instrumentation générale.

Quelques réminiscences d’artistes plus célèbres peuvent également apparaître sur le plan musical. On pense ainsi aux introductions de Seeds et du sommet Whoopadoop évoquant respectivement Nirvana et le Radiohead de Hail To The Thief mais, à chaque fois, l’évolution est telle que le morceau n’a absolument rien à voir avec la filiation initialement envisagée.

La créativité des Parisiens s’exprime d’ailleurs principalement dans cette aptitude à manier le contre-pied et à s’inscrire loin de la destination supposée au premier abord par l’auditeur. Avec des titres aussi aventureux et surprenants, nous voilà rassurés, l’avenir de la pop peut être envisagé avec un certain optimisme.