Naturellement, en prétendant que nous décelons toutes les subtilités des paroles figurant sur l’œuvre de Lowtronic, nous ne serions pas tout à fait honnêtes. Le producteur grec, qui attribuait autrefois sa priorité à la composition de bandes originales diverses, s’adonne désormais à la réalisation de disques aux sonorités électroniques.

L’horizon déployé n’est donc plus seulement instrumental, et George Ramantanis intègre aussi bien à ses morceaux la voix d’Alexandra Hasani (Θηριοδαμαστής δίχως όνομα), celle d’Antonis Antonopoulos (Τζίζο) ou divers samples (Στον δρόμο με τον Στρατή) parfaitement intégrés aux percussions, synthétiseurs et basses lourdes.

Les paroles semblent donc prendre davantage d’importance dans le processus créatif mis en place par Lowtronic, dont le titre de cette nouvelle publication pourrait être traduit par l’expression "le commun des mortels". Un nom assez juste, tant le producteur basé à Athènes est habile pour mêler sans les opposer des éléments synthétiques et organiques, s’intéressant ainsi autant à la singularité de l’individu qu’à ce qui fait généralité au sein d’une espace.

Sur le plan artistique, l’ensemble évolue entre une musique cinématographique - difficile de délaisser totalement son univers de prédilection - à la Cinematic Orchestra et un trip-hop évoquant aussi bien Doctor Flake qu’Emancipator.

A la fois joyeusement foutraque, à l’instar d’un Τοματοπική οργάνωση στην Σοπράνο doté d’incantations vocales déglinguées et répétitives sublimant une rythmique elle aussi endiablée, et délibérément sombre (Πορτοκαλλί, σε σι, γεύσεως πικραμυγδάλου), voire même en quête d’un sens allant au-delà de toute ambigüité (Μ’αγαπάς, soit "M’Aimes-Tu ?" en français), Ανθρωπένιοι Άνθρωποι est un disque court mais tout aussi cohérent que diversifié. Jamais répétitif et plus complexe qu’il n’y paraît, il se savourera particulièrement en accompagnant l’un de ces moments de farniente où le corps semble se reposer tandis que l’esprit est loin d’être en veille...