Le streaming du jour #1433 : Anal Trump - ’That Makes Me Smart !’

3 minutes, c’est tout le temps d’attention que mérite le nouveau président des Etats-Unis pour Travis Ryan (vocaliste des grindeux Cattle Decapitation et Murder Construct notamment) et Rob Crow (doit-on encore le présenter dans ces pages ?). 3 minutes, mais pour 30 morceaux tout de même, dont le plus long atteint à peine les 18 secondes, et en guise de titres un vrai florilège de catchphrases comme seul le toupet sur pattes new-yorkais en a le secret.

Bien qu’il s’agisse là de grindcore, le Trump of Doom n’aura jamais aussi bien porté ce surnom donné par le poète ricain Michael R. Burch, et ses deux caricaturistes musicaux Travis Trump et Rob Trump, masques à l’appui sur la page facebook de ce projet - qui sera sans doute tout aussi éphémère que le défunt groupe Anal Flatulence du premier, habitué de la régression ironique - prennent autant de plaisir à railler les dérapages médiatiques du magnat de l’immobilier propulsé "leader du monde libre" (facepalm) qu’à tourner en dérision les codes du grindcore, certains morceaux ne dépassant pas la seconde, borborygme vomi sur une cascade de riffs et de blast beats et le tour est joué.

Travis monopolisant le micro (enfin façon de parler hein, sur 3 secondes on monopolise pas grand chose), c’est tout juste si l’on entend Rob Crow lancer un laconique "You wanna be a terrorist, go to Irak... it’s like Harvard... OK ?" sur Some Things Saddam Hussein Did Well, le leader de Pinback se contentant le plus clair du temps de ponctuer les obscurs crachats grunt de son compère de "so he said", en référence aux titres des morceaux inspirés par les lamentables aveux de racisme et de misogynie égrenés par l’ami Donald au fil de ses interventions publiques.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, bien planté qu’il est derrière les guitare/basse/batterie ultra-véloces de ce That Makes Me Smart ! aux accès de sauvagerie inévitablement constants, Anal Trump est bien un pur produit du stakhanoviste indie de San Diego, de son goût pour les projets concepts (Optiganally Yours et Physics en tête) à son pêché mignon : la parodie qui fait mine de se prendre au sérieux ou vice-versa (cf. Goblin Cock et son folklore heavy passé au filtre geek - ce n’est pas le titre hilarant du petit dernier Necronomidonkeykongimicon qui nous fera mentir). On y rit donc, souvent, même si dans le fond ça fait peur, à l’exemple du fabuleux There’s My African American ! et de son condensé de frustration cathartique.

L’unique et forcément meilleur album de 3 minutes, en somme, que l’on puisse écouter pour faire le deuil d’une l’Amérique qui, de toute façon, n’avait aucune chance aujourd’hui :


Streaming du jour - 09.11.2016 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
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