Rach Three - Sin Armor

Pas faute d’avoir hébergé il y a presque 4 ans sa reprise rêveuse et désespérée du Murderer de Low sur notre compilation Clouds, on a bien failli passer à côté de ce nouvel opus de Rach Three, premier véritable long format du musicien dont la pochette, bain de minuit écrasé par un ciel noir d’encre, évoque autant l’insondable menace existentielle d’une vie sans étoiles que la peur que rien ne succède à la nuit.

1. The Stars
2. Le Plongeon
3. Sin Armor
4. Tu Sembles
5. Further North
6. Rach Three’s Lament
7. Memory
8. Lullaby For A Frightened Kid At Night

date de sortie : 08-04-2016 Label : Autoproduction

Ce qui surprend d’abord avec Sin Armor, dès l’habité The Stars en ouverture, c’est cette dynamique, ce regain de tension des boîtes à rythmes assurées par les copains Benoit de Villeneuve (Team Ghost) et Vincent Tordjman (Vicnet), ces synthés fantomatiques aussi (via Thibault Marchal de Vendège et les deux sus-nommés) et surtout ce chant écorché, comme si Rach Three avait injecté une bonne dose de mal-être post-punk dans ses complaintes post-folk déjà bien crépusculaires et tourmentées.

La harpe bucolique de Marie-Christine Laurel et autres cordes élégiaques sur Le Plongeon se frottent ainsi à une sécheresse des guitares et de la production qui participe de cette presque mise à nu du titre (ajoutez un "e" à "sin" et on obtient "sans armure" en latin), idem sur le morceau éponyme dont le spleen lancinant du lit de violoncelle et de scie musicale (Simon Tordjman et Igor Estabol à ces instruments respectifs) semble vouloir résister à la frustration crachée en anglais par le Parisien pour finalement reprendre le dessus dans un tourbillon de clarinette et d’arpèges cristallins digne des belles heures de Sufjan Stevens ou même Mercury Rev (jusque dans le timbre d’une voix brièvement illuminée - la litanie "the plan is on the sand / i’ll give you my sin" - qui n’est pas sans rappeler celle de Donahue).

C’est là toute la beauté du disque, ce sens du contraste entre fièvre et mélancolie, délicatesse et dissonance, douceur et âpreté, fragilité et intensité (cf. le superbe Rach Three’s Lament). Quelque chose qui nous rappelle autant au souvenir d’un Dominique A des 90s que d’un Silver Mt. Zion circa 2003 (Tu Sembles), à la poésie hallucinée d’un Current 93 (les accords de guitare crépusculaires et saturés de Further North, sommet de déchirement intérieur aux confins de la noise, de la BO imaginaire et du post-rock cuivré), influence que l’on notait déjà du temps du premier mini-album 3 Songs For Claire, quand il ne s’agit pas d’explorer de nouveaux horizons, l’électronica notamment sur Memory dont la progression presque martiale se double d’un background élégiaque beaucoup plus vaporeux.



Autant dire que Sin Armor nous aura transportés assez loin des débuts boisés du projet, et si le folky Lullaby For A Frightened Kid At Night vient clore le disque sur une touche plus apaisée, délaissant l’oppressante luxuriance des morceaux précédents au profit d’une simple berceuse guitare/voix, le constant n’en est qu’à demi-rassurant : à trop vouloir mourir dans la solitude de la nuit, on sera encore là au matin.

Chroniques - 27.11.2016 par RabbitInYourHeadlights
 


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