2016 : Cocorico sur les cendres - EPs
"Sur les cendres", le titre de ce bilan, est autant un clin-d’œil à la compilation Clouds/Clashes/Ashes dévoilée il y a déjà quatre ans sur notre site (en attendant la prochaine en hommage à Twin Peaks), qu’un élément transcrivant le regard que je porte sur une année où l’humeur n’a franchement pas été à la grosse rigolade. Concernant le ’cocorico’ présent dans le titre, il est autant dû au fait que l’hexagone n’a pas été épargné par cette morosité ambiante que par la présence en masse - une fois n’est pas coutume - d’artistes français dans ces différents tops.
Pour l’occasion, concerts, EPs, LPs et peut-être même chansons se verront classés par tranches de onze éléments à chaque fois. Pourquoi onze ? Tout simplement car c’est ce total qui me permettait de rassembler, dans chaque catégorie, les disques ou prestations qui faisaient réellement partie du haut du panier.
Top EPs
11. Sylvain Fesson - AMY (I) (spoken word, France)
Difficile de départager AMY (I) de l’EP suivant, mais j’avoue une petite préférence pour celui-ci, légèrement moins sombre mais (au moins) aussi minimaliste. Le spoken word du Français n’est pas sans rappeler les plus belles heures de Diabologum. Rien que ça.
10. Unkle Bob – The Deepest Sea (folk mélancolique, Ecosse)
Mélancolique et parfois emphatique, la folk des Ecossais évoque les travaux de The White Birch et The Apartments, ce qui devrait se suffire en soi pour convaincre quiconque d’écouter attentivement cet EP.
9. Pjusk – Syklus (ambient, Norvège)
Avec des invités tel que Loscil, le duo Norvégien ne fait pas les choses à moitié sur cet EP qui succède au plus anecdotique Shibuya, paru quelques mois plus tôt. Circonvolutions au piano mâtinées d’électronique vaporeuse au programme, pour une vingtaine de minutes en apesanteur.
8. Will Samson – Lua (ambient, Angleterre)
Aérien, éthéré et ambient, Lua succède au long-format Ground Luminosity sur lequel le ton proposé par le Britannique se faisait plus galopant. Rien d’étonnant à ce changement de registre, Will Samson ayant déjà navigué dans des contrées ’ambient’ par le passé (Light Shadows), mais celui-ci tient surtout dans les conditions de réalisation de cet opus qui fait suite à un accident contracté au Portugal, une semaine seulement après son arrivée en terre lusophone. Avec la participation de Benoît Pioulard sur cet EP, les fans d’ambiances cotonneuses et glaciales à la Sigur Rós devraient trouver leur bonheur.
7. Feroces - Juliette (post-rock, France)
Avant l’EP Donna diffusé en marge de notre compilation en hommage à Twin Peaks, le trio basé à Besançon nous proposait déjà un court format abrasif, aux incursions tantôt minimalistes ou enlevées, qui là encore n’est pas sans rappeler le #3 de Diabologum.
6. Leonis – La Banquise (abstract électroacoustique, France)
Les collages sonores de l’auteur de l’excellent Toboggan font de cet EP, réalisé en hommage à la passion de François de Roubaix pour l’Antarctique, un véritable patchwork d’idées plus délectables les unes que les autres passant du trip-hop à des digressions presque jazzy sans jamais se perdre en route.
5. Total Victory – If You Were There (rock, post-punk, Angleterre)
Difficile de réduire ce If You Were There à un seul registre tant il est hétérogène, non pas sur le plan qualitatif mais au niveau des contrées sonores visitées. Capables de privilégier un chant post-punk ou des arpèges délicats, le combo mancunien n’a pas peur des grands écarts et sa pertinence atteint des sommets sur Kalfon (pas l’acteur), sorte de ballade abrasive captivante.
A noter que cet EP a fait l’objet d’une refonte avec le Tour EP de 2013 pour former un objet intitulé vs. Big Electric.
4. Nine Inch Nails – Not The Actual Events (rock industriel, Etats-Unis)
Avec quelques sorties décevantes au compteur sous l’alias NIN et avec le side-project How To Destroy Angels, on commençait à douter de Trent Reznor. Du moins de son versant industriel, celui-ci continuant à réaliser de parfaites BOs au piano avec Atticus Ross. Not The Actual Events nous fait revoir notre copie : en seulement cinq titres, Nine Inch Nails se rappelle à notre bon souvenir en lorgnant sur les horizons déployés sur The Fragile voire, à degré moindre, The Downward Spiral, soient les deux chefs-d’oeuvre de sa discographie.
On passera en revanche sur le prix dissuasif de l’objet, décevant de la part d’un artiste qui proposait ses LPs à prix libre (Year Zero) ou même gratuitement (The Slip).
3. Marco Cella - You’re Here (ambient, Italie)
Découverte tardive mais non moins passionnante que ce You’re Here. Le pianiste de formation s’affranchit de ses amours originels pour s’essayer avec brio à l’ambient. Utilisant notamment l’électronique, les field recordings et l’instrument à cordes précité, l’Italien propose un univers dans lequel il faudrait être particulièrement hermétique à tout ce qui est aérien pour ne pas s’y jeter sans hésitation.
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2. Sleaford Mods – T.C.R. (spoken word, post-punk, Angleterre)
Si le décevant Key Markets avait succédé au sommet révélateur Divide & Exit, les Sleaford Mods reprennent leurs bonnes habitudes avec un T.C.R. enlevé où les boucles d’Andrew Fearn se font plus efficaces et hypnotiques que jamais alors que le flow plein de verve de Jason Williamson n’a décidément pas d’équivalence dans le paysage actuel. Ce n’est peut-être pas la grande forme pour la middle class anglaise, mais elle peut compter sur une paire de représentants qui eux, se portent à merveille sur le plan créatif.
1. Massive Attack – Ritual Spirit (trip-hop, Angleterre)
The Spoils, l’autre court format proposé cette année par Massive Attack, aurait également pu prétendre à la première place de ce classement, mais il m’a semblé que la classification de ces deux titres en tant qu’EP répondait davantage à notre envie qu’à une volonté exprimée par le groupe. En somme, n’ont-ils pas simplement délivré deux morceaux à leurs fans, plutôt qu’un EP réellement pensé comme tel ?
Bref, Ritual Spirit est pour sa part un véritable EP et malgré l’aspect "éclaté" que l’on pouvait craindre en observant les featurings de quatre artistes différents pour chacun des morceaux, il n’y a absolument rien à jeter sur cette sortie cohérente, du flow hanté de Roots Manuva, décidément souvent à l’aise quand il participe aux projets des autres, à la réjouissance ultime que constitue la première collaboration de 3D et Tricky depuis des lustres sur l’hypnotique Take It There sans occulter les gimmicks tribaux d’un Voodoo In My Blood sur lequel les circonvolutions électroniques se marient à merveille avec les parties vocales de Young Fathers.
On attend décidément de pied ferme le long format pour 2017.
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