Le streaming du jour #1619 : Happyness - ’Write In’

Après l’excellent Weird Little Birthday, débarqué de manière aussi inattendue qu’un missile émanant de la Maison Blanche - c’est-à-dire que l’on sait bien que ça va tomber à un moment ou un autre, mais l’on ignore toujours où et de quelle manière - Happyness s’attaque à la montagne qu’est celle du disque de confirmation.

Près de trois ans après ce premier effort, autant le dire de suite, l’essai n’est pas transformé. Du moins pas avec autant de justesse que ce que l’on aurait espéré. Si la nonchalance et le rock énergique du combo apparaissent toujours sur certaines séquences, l’ensemble sonne de manière trop propre pour être aussi surprenant que son prédécesseur.

En ce sens, Anna, Lisa Calls constitue un cas d’école. Avec une voix toujours intéressante et une ligne de guitare convaincante, ce titre a le potentiel pour charmer l’auditeur mais, du fait de sa production, se noie dans un bain de guimauve.

Cette impression atteint son paroxysme sur Through Windows et The Real Start Again où la complaisance d’un piano et le maniérisme éloquent rappellent ouvertement Paul Mc Cartney. Les fans des Beatles et de Tobias Jesso Jr apprécieront peut-être, mais ceux qui s’étaient délecté de l’écoute de Weird Little Birthday se demanderont forcément où est passée la verve du trio.

La réponse est peut-être à chercher dans le discours de Jon EE Allan. Ce dernier précise en effet qu’il "aime penser cet enregistrement comme quelque chose qui pourrait sortir de la sphère alt-rock américaine dans laquelle nous évoluions. Je crois que nous avions très peur d’être pris au sérieux. Et maintenant, nous sommes capables d’être tendres ou sincères sans ressentir de culpabilité par rapport à cela".

Il peut arriver qu’en lorgnant vers un univers plus mainstream, une formation trouve un nouveau terreau fertile à exploiter. Ce n’est pas le cas de Happyness qui se place ici comme un suiveur, recyclant quelques idées de la fin du siècle précédent pour offrir un contenu tiède, à l’image de Victor Lazzaro’s Heart qui ne décolle jamais véritablement en plus de cinq minutes de contemplation downtempo, ou The C Is a B A G qui rappelle les Boo Radleys, mais le versant le plus aseptisé de la bande de Martin Carr.

Dans cet océan relativement insipide, restent néanmoins quelques titres acceptables, qui auraient paru mineurs sur Weird Little Birthday mais n’auraient toutefois pas dépareillé dessus. On pense notamment au Tunnel Vision On Your Part final ou à Bigger Glass Less Full.

Surtout, le trio nous rappelle qu’il est capable de produire quelques vraies perles lorsqu’il reste dans son bastion originel : une lo-fi acérée. Tel est le cas du brillant single d’ouverture Falling Down, d’un Uptrend/Style Raids au riff entraînant et à la voix étouffée ou surtout d’Anytime, véritable sursaut au milieu d’un électrocardiogramme plat, tant ses incursions lorgnant sur le shoegaze rappellent, de Ride à Slowdive, ce qui s’est fait de meilleur en la matière.

Un rayon de soleil d’autant plus frustrant car si Happyness pêche sur cet opus, ce n’est pas tant en raison d’un manque de talent ou d’inspiration que d’une orientation délibérément plus complaisante.


Streaming du jour - 18.07.2017 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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