Le streaming du jour #1576 : Alex G - ’Rocket’
Si Alex G est en passe de devenir incontournable, il n’en a pas toujours été ainsi. A la manière de son compatriote Car Seat Headrest, l’artiste a d’abord dû dévoiler une demi-douzaine de disques sur sa page Bandcamp avant de s’attirer les faveurs d’un public plus large.
Si ses six premiers LPs étaient autoproduits, Beach Music le voyait déjà rejoindre l’écurie Domino en 2015. Deux ans plus tard, Alex G est resté fidèle à ce label pour dévoiler un Rocket très attendu pour au moins deux (mauvaises) raisons.
La première est liée à la participation de l’artiste, en tant que guitariste, aux deux derniers albums de Franck Ocean, pour lesquels nous ne nous sommes guère passionnés dans les couloirs du webzine. La seconde réside dans ce que l’on pourrait baptiser l’ "effet Ok Computer", à savoir la tendance que peuvent avoir les médias à reporter sur un disque l’enthousiasme généré par la découverte trop tardive de son prédécesseur. Beach Music était un bon disque, et il n’a pas été relayé comme il se devait dans la presse "indé", c’est vrai.
Pour autant, il ne s’agissait même pas du meilleur disque d’Alex G, qui se cherchait alors entre des racines lo-fi et une emphase parfois surproduite. Le DSU, relayé dans nos colonnes en 2014 demeurait le sommet discographique d’Alex G. Une affirmation qu’il convient aujourd’hui de réinterroger.
En effet, Rocket fait clairement partie des plus audacieuses sorties de la discographie d’Alex G. L’artiste basé à Philadelphie n’a rien perdu de sa capacité à convoquer d’imparables mélodies qui se perdent dans une production lo-fi (Witch), mais celle-ci admet désormais des éléments plus variés, telles ces cordes frottées qui convoquent une dimension plus mélancolique sur le Poison Root d’ouverture.
Là où Beach Music alternait entre des titres lo-fi et d’autres plus minimalistes, Alex G parvient désormais à faire cohabiter ces deux tendances au sein d’un même titre. L’assimilation plutôt que l’alternance, en somme.
Certes, il reste bien des titres plus radicaux - il eut été dommage de s’en priver - tel ce Horse au débit enlevé, expérimental et psychédélique ou le punk de Brick et sa batterie percutante mais globalement, chacun des titres admet une nuance bienvenue. Peuvent ainsi se mêler indifféremment nonchalance et rythmiques country (Proud et l’hymne Bobby), piano pop et cordes cinématiques (Rocket) ou guitares électriques et cuivres (Guilty).
Basculant volontiers de la folk-country à la dream-pop en passant par quelques accélérations électriques, Alex G s’affirme comme l’un des bricoleurs les plus géniaux de la décennie actuelle, rappelant en ce sens parfois le Beck des 90’s. Un contenu assez inespéré de la part d’un artiste qui s’était mis à la disposition de Frank Ocean durant une partie conséquente de l’année précédente...
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