10th Letter - Prism Scale
1. Photonic Signal
2. Wave Propagation
3. Transmission Medium
4. Phase Velocity
5. Fata Morgana
6. Iridescent Freq
7. Photoelectric Effect
8. Beam Splitter
9. Total Internal Reflection
10. Spectral Continuum
Sortie le : 17 novembre 2017
Inspiré par l’échelle de Kardachev qui servirait dans l’hypothèse de l’existence d’autres planètes habitées à mesurer l’avancement de nos civilisations respectives en fonction de leur niveau technologique et de leur consommation en énergie, ce nouvel opus de Jeremi Johnson élève définitivement le beatmaker d’Atlanta au rang des stakhanovistes inclassables dont on se passionne à suivre les déambulations imprévisibles d’album en album.
Après l’hommage cinématographique et rétro-futuriste à John Carpenter d’Escape From ATL, le psychédélisme méditatif et texturé de The Revenge et l’électronique dystopique et schizophrénique du génial Reloaded, on retrouve en effet 10th Letter du côté d’un jazz cosmique à la Sun Ra toujours soutenu par ces beats syncopés dont le musicien a le secret mais étoffé de cuivres, de basse blaxploitation, de vraie batterie, d’effluves hallucinogènes et autres arpeggiators hypnotiques (voire de violoncelle et de vibraphone sur un Fata Morgana qui doit autant à Miles Davis qu’à David Axelrod) pour nous conter une allégorie pas si fumeuse de transmission du savoir astral entre les Ancêtres d’une civilisation sur le déclin et leurs héritiers du futur, métaphore évidente de la rénovation du jazz par les producteurs abstract d’aujourd’hui dont l’Américain fait partie.
A l’image de sa cover psyché/new age faisant écho au futurisme du prog-jazz des 70s, le résultat pourra sembler quelque peu surchargé à l’oreille distraite mais après une paire d’écoutes, ce très dense Prism Scale se révèle dans toute sa beauté magnétique comme la réponse d’outre-Atlantique aux métissages groovesques et enfumés des Britanniques The Heliocentrics - en plus ambient et introspectif, comme en témoigne notamment le cristallin Total Internal Reflection, et le pensionnaire de notre compil’ IRMxTP (avec le superbe Fire Trance) comme le dépositaire d’une spiritualité transcendantale que la musique afro-américaine avait perdue de vue depuis une quarantaine d’années.
Pas question ici de prétendre au meilleur de quoi que ce soit, ou à cette illusoire universalité qui sert d’excuse au conformisme ambiant : nombre de ces albums ne vous parleront pas mais certains pourraient contribuer à changer votre vie, et si c’est le cas pour ne serait-ce que l’un d’entre eux, l’exercice n’aura pas été vain. Avec un peu de recul, (...)
Incandescent et dissonant, ce 10e volet fait du feu son élément, celui qui anime BOB et qui consume les âmes, celui qui marche avec les esprits malins de Twin Peaks et qui corrompt ses habitants, celui enfin qui éclaire dans l’opacité de la nuit les crescendos darkjazz, power electronics, doom rock ou dark ambient de cette nouvelle collection de (...)
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