Le streaming du jour #1846 : Dirtwire - ’Blaze’

Sixième album de Dirtwire, Blaze s’appuie une nouvelle fois sur la diversité des talents de chacun des membres du trio. Mark Reveley, Evan Fraser et David Satori jouent en effet d’une dizaine d’instruments, qu’il s’agisse de la guitare, du violon ou de percussions pour les plus classiques, ou de la basse kamélé n’goni, du pandeiro ou du mbira pour les moins conventionnels.

Le groupe revendique les étiquettes de « blues bass » ou « swamptronica » mais, à l’image de cet oiseau éclairé par une lumière dorée qui s’invite sur la pochette, le groupe semble capable de voler d’un courant à un autre en maintenant une énergie et une grâce constantes.

Sur Blaze, Dirtwire repousse le concept de frontières musicales. Le titre initial, Stranger, admet d’emblée une claire fusion des genres tant les beats hachés et hantés se mêlent à une guitare avenante évoluant dans un registre situé entre country et americana.

La rythmique Lynchienne d’un So Far Away bonifié par le balafon du ghanéen SK Kakraba et la candeur qui se dégage du jeu de guitare de The Sideshow, accentuée par quelques chœurs enfantins en arrière-plan, poursuivent cette orientation avant qu’un No More plus électrique ne fasse appel à une énergie incantatoire.

Le disque s’abandonne alors à une nouvelle phase plus ouverte sur le monde et des sonorités issues d’autres continents. Les Californiens assument donc un caractère tribal avec les cordes de Romare qui trouvent leur prolongement sur le Lord Almighty suivant dont les percussions cristallines s’intègrent dans un ensemble instrumental chamanique. L’auditeur se trouve alors précipité vers un état de transe contagieux lorsque quelques effets catchy s’emparent des guitares et qu’apparaît une voix habitée.

L’aspect minéral de Kalimba Gaida précède un Still There qui aboutit à une fusion parfaitement digérée de sonorités occidentales et africaines, ces dernières étant perceptibles aussi bien dans le jeu de guitare que sur des voix - celle de l’invitée Emma Lucia en tête - mâtinées de résonance et d’un aspect toujours humble qui n’est pas sans rappeler le Mali Music de Damon Albarn.

Enfin, l’instrumental All Jaw Harps All the Time et ses sonorités sautillantes évoque des sonorités ethniques qui semblent émaner d’Océanie et qui trouvent un écho sur un Blockchain final néanmoins plus atmosphérique. Avec ce sixième long-format, Dirtwire propose une vision du monde aussi agréable que nécessaire au milieu d’une actualité où la différence effraie plus souvent qu’à son tour. S’enrichissant de l’apport de musiciens venus d’horizons divers, le trio transcende l’americana originelle pour l’agrémenter de sonorités aussi bien africaines ou océaniennes qu’électroniques. La fusion a du bon, surtout lorsqu’elle est aussi bien digérée.


Streaming du jour - 22.03.2018 par Elnorton
... et plus si affinités ...
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