Le streaming du jour #1913 : aMute - ’Some Rest’
On pensait que Jérôme Deuson en avait terminé avec aMute, lui qui nous parlait de changer de nom pour l’album qu’il était alors en train d’enregistrer. Mais finalement, le superbe Siamese figurant au tracklisting de notre compil IRMxTP Part XV à paraître dimanche ne sera pas le dernier morceau du projet, Some Rest, plus sombre comme il nous l’annonçait à l’image de cette chambre austère dans une pénombre inquiétante qui lui sert de cover (signée Jurgen Heckel), venant ajouter un nouveau chapitre aussi intense que mélangeur à l’une des plus belles discographies post-rock/ambient de la dernière décennie.
Thècle Joussaud au violoncelle et l’habitué Christophe Bailleau - sur The Obsedian, dont les déconstructions stellaires et percussives aux imposants reflux dronesques donnent suite ici aux fourmillements rêveurs de Friends enregistré à quatre mains pour l’album Savage Bliss il y a 4 ans déjà - rejoignent l’aventure... voire l’épopée pourrait-on dire tant Some Rest s’ouvre sur l’un des titres les plus ambitieux du Bruxellois : 17 minutes d’acoustique sépulcrale tout en crins obsédants et en piano funeste, d’échappées oniriques bourdonnantes, de breaks méditatifs aux drones radiants, de crescendos post-rock que surplombent nappes éthérées et scintillements cristallins, de trous d’eau électriques enfin où l’on perd soudain pied dans un flot de fûts martelés et de saturations plombées... autant dire qu’il faut remonter aux grandes heures du Silver Mt. Zion pour entendre pareille tempête sous un crâne d’émotions contrariées et de grands espaces mentaux. En deux mots, c’est puissamment beau, quoi.
Exit toutefois l’incandescence du prédécesseur Bending Time In Waves. Quoique tout aussi imposant, Some Rest déroule sa ferveur avec bien plus d’ambivalence, des inquiétantes abstractions granuleuses d’I’ve Seen It All dont les six minutes foisonnantes et violoneuses raviront à coups sûr les admirateurs de feu Jasper TX, aux orchestrations élégiaques du final Maria entre chaleur acoustique et production fantomatique, lorsqu’il n’opte pas pour une retenue non moins majestueuse mais nettement plus mélancolique, qu’il s’agisse du final bluesy guitare électrique/violon de The Obsedian, d’un Lost in the Middle qui fait de l’œil à la splendeur épurée et aux textures évanescentes des albums de From the Mouth of the Sun, ou d’un Dead Cold au chant désincarné, naine blanche dont les derniers éclats de chaleur finiront éparpillés en poussière d’étoiles dans une pluie d’arpeggiators.
Autant dire que Jérôme Deuson ne s’est pas reposé sur ses lauriers, ce nouvel opus témoignant, même depuis son sommeil agité, d’un goût de l’escapade aux limites aussi vastes que celles de l’imagination.
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