Le streaming du jour #1953 : Rob Crooks - ’and the nothing from which nothing comes’

Pas vraiment dans l’esprit des gros beats et synthés abrasifs de son EP Argyle avec le rappeur Birdapres sur lequel on l’avait laissé en 2013, le Canadien Rob Crooks, toujours affilié à l’écurie belge Marathon of Dope et plus que jamais influencé par les années 80, s’essaie à un exercice à demi-réussi mais parfois surprenant et 100% attachant sur ce LP à la croisée de la synth-pop et du hip-hop, dans la mouvance des regrettés Restiform Bodies du label Anticon.

Parfois légèrement rebutant comme sur l’ultra dansant We Are Not Famous aux rythmiques discoïdes et au chant pas très juste que transcendent une chouette ironie sur l’état d’esprit des musiciens indépendants (et un clip joliment décalé), l’album et ses thèmes existentialistes borderline nihilistes génèrent en effet un bon nombre de réussites dosant avec intelligence alt-rap azimuté et dancefloor gothique de l’underground 80s (Just Wanna Dance), post-punk rétro-futuriste et versets martiaux (Orphans, Anti-Sisyphus), boîtes à rythmes convulsives et claviers délicats (Freedom), lorsqu’elles ne versent pas des pieds à la tête dans une new wave fervente et efficace dont l’instrumentation vintage assure le cachet authenticité (The Last Thing).

De l’hédoniste Simon’s Song avec ses guitares à la Smiths au mélancolique et fantomatique When is it Enough évoquant un Hot Chip vrillé de scratches abstract, en passant par l’électro-pop hachurée du bien-nommé Dream Machine ou l’électrisant All I Need, petit tube de l’album aux allures d’hymne régressif au plaisir de jouer pour le frisson plutôt que le succès (basse bondissante façon New Order à l’appui), la spontanéité et parfois la fragilité du chant du musicien originaire de Winnipeg - la métropole la plus ennuyeuse de la galaxie à en croire ce que nous disait son compère de label Pip Skid lors de son concert lyonnais avec le boss Speed Dial 7 il y a quelques années - finissent par emporter le morceau, et on se prend d’attachement pour ce disque à la production minimaliste mais plus atmosphérique qu’il n’y paraît, tout en synthés clairs-obscurs du plus bel effet.


Streaming du jour - 09.07.2018 par RabbitInYourHeadlights
... et plus si affinités ...
Rob Crooks sur IRM