Komparce - Subjective Molecules

Quatre ans après Zerlegzen, Komparce reprend du service. Et s’il ne s’agit cette fois pas de répondre à la commande d’un tiers – comme c’était alors le cas avec le Centre National de l’Audiovisuel du Luxembourg – composer un disque lorsque les membres du duo sont séparés par l’Océan Atlantique n’a rien d’aisé.

1. C21H30O2
2. C2H6O
3. C20H25N3O
4. C12H17N2O4P
5. C9H13N
6. C17H21O4
7. C11H15NO2

date de sortie : 07-04-2018 Label : Chez.Kito.Kat Records

Est-ce en l’honneur de l’imperceptible matière permettant aux informations de traverser les eaux pour enrichir le processus créatif que Christophe Biache et Samuel Ricciuti ont dédié ce nouveau disque à l’infiniment petit ? L’histoire ne le dit pas, mais l’une des principales réussites de Subjective Molecules réside dans le fait que l’ensemble est d’emblée percutant alors même que la répétition des structures pourrait imposer une certaine latence pour en apprécier toutes les subtilités.

Cette forme d’immédiateté dans l’alchimie n’est pas sans rappeler les grandes œuvres de Warp. Et si ce dernier label semble de plus en plus prisonnier de ses propres stéréotypes, les artistes de Chez.Kito.Kat trouvent de nouveaux territoires de jeu dans une forme de complexité empreinte de modestie. Ainsi, un titre comme C2H6O évoque aussi bien Boards of Canada pour l’aspect planant des nappes synthétiques que Plaid pour la fluidité des rythmiques.

Et s’il ne devait rester qu’un titre de ce disque ? Difficile à dire, et la question ne devrait même pas être posée au sujet d’un album aussi dense et homogène dont chacune des constituantes est essentielle. Mais avouons-le, le chroniqueur fixe lui-même les règles, et lorsqu’il s’agit de poser une question saugrenue, c’est qu’il a un cap en tête. Ici, il est question d’identifier le son de l’écurie Chez.Kito.Kat. Sans doute serait-il le plus fidèlement représenté par C12H17N2O4P, quatrième titre de Subjective Molecules dont il constitue donc le cœur. Et l’âme. A la fois en terme de technique sonore et au niveau des constructions, il est possible de humer à travers chacun des pores de ce titre la patte du label.

Les rythmiques sont tranchantes, à la frontière de l’électro industrielle de SHIZUKA, quand certaines nappes plus aériennes viennent apporter des fulgurances à la limite d’une oisiveté contenue. La transe cérébrale qui en émane, poursuivie sur le chamanique C9H13N, est profondément chimique – il aurait été trop difficile de ne pas saisir la perche que constitue la thématique du disque – et addictive. On ne le voyait pas nécessairement venir tant la genèse de ce disque a été jalonnée d’épreuves, mais Subjective Molecules figure déjà parmi les plus belles pièces d’un catalogue aussi fondamental que celui de Chez.Kito.Kat. Tout sauf anecdotique.

Chroniques - 28.10.2018 par Elnorton
 


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