The Flaming Lips - King’s Mouth
Après un With a Little Help from My Fwends encore plus gloubi-boulgesque et boursoufflé que l’album des Beatles qui l’avait inspiré, Miley Cyrus & Her Dead Petz que l’on avait bien fait de ne pas trop (voire pas du tout) prendre au sérieux et un Oczy Mlody d’où pas grand chose ne dépassait, la bande à Wayne Coyne livre sans grande difficulté (et trois mois en avance par le biais du Record Store Day) son "meilleur" album depuis The Terror. Une impression de sortie du tunnel qui fait illusion sur 35 minutes mais ne va pas vraiment en s’améliorant au fil des écoutes de ce King’s Mouth, 15e opus aussi léger de prime abord qu’indigeste dans son empilement d’éléments emphatiques et de gimmicks artificiels.
1. We Don’t Know How And We Don’t Know Why
2. The Sparrow
3. Giant Baby
4. Mother Universe
5. How Many Times
6. Electric Fire
7. All For The Life Of The City
8. Feedaloodum Beedle Dot
9. Funeral Parade
10. Dipped In Steel
11. Mouth Of The King
12. How Can A Head
Malheureusement en effet, et à l’exception de The Terror donc, les vagues promesses d’un Embryonic ouvertement inabouti et parfois laborieux mais fourmillant d’ébauches mélangeuses et osées n’auront pas fait beaucoup de petits chez les Lèvres en Feu cette décennie. King’s Mouth entérine ainsi l’image d’une formation qui en met plein la vue sur scène comme sur album en faisant voleter des ballons colorés pleins de vide (l’introduction et ses sonorités plastifiées donnent le ton), persistant à choisir la pop des années après avoir oublié comment écrire de vraies bonnes chansons - leur fanbase, toujours dithyrambique, semble en redemander... et la critique aussi, là bizarrement on comprend moins, pour avoir l’audace de défendre un truc aussi bateau qu’All for the Life of the City, il faut quand même être tombé de la dernière pluie ou s’être levé tôt avec avec un excès de mauvais foi king size.
Comment prétendre encore qu’un groupe clairement en perte de vitesse, paraphrasant son propre style lorsqu’il ne le parodie pas, flirtant souvent avec des effets d’un goût douteux (voix vocodées en veux-tu en voilà, choeurs et arrangements synthétiques, babillages de bébés et même le grognement outré d’un chat (?! on le comprend, ceci dit) sur un How Many Times hédoniste jusqu’à la nausée... la palme au kitschissime Funeral Parade, contrefaçon grotesque d’Ennio Morricone dont l’album aurait pourtant très bien pu se passer), puisse en être à son pic de créativité ? Qu’en laissant de côté au profit d’un univers de parc d’abstraction dédié au LSD cette Substance (la vraie) à laquelle The Terror, conscient de sa nature posthume diront les mauvaises langues, semblait rendre un dernier hommage angoissé, les vétérans d’Oklahoma City en viennent à mériter une éternelle admiration, ou l’on ne sait quelle autre bêtise d’ores et déjà brandie un peu partout en étendard porteur de la vérité absolue après une écoute vite pliée de ce disque inégal, lequel dans ses meilleurs moments sonne comme un Yoshimi sans élan (The Sparrow, qui en recycle sans vergogne la moindre sonorité de guitare acoustique électroniquement modifiée) ou un The Terror sans part d’ombre (du mollasson Giant Baby au grandiloquent Electric Fire, en passant par le break téléphoné de The Sparrow ou les ambiances amniotiques mais tape-à-l’œil de Mother Universe), donnant surtout envie dès la seconde écoute de ressortir ces deux chefs-d’œuvre de l’étagère, ce qui avouons-le n’est jamais de très bon augure...
L’ambition ne fait pas le larron, et l’artifice d’une narration historico-fantaisiste dont l’accent britannique semble emprunté sans la moindre ironie à un vieux Moody Blues (c’est Mick Jones des Clash qui s’y colle pour la street cred) ne fait qu’alourdir la charge prog fumeuse d’un album qui aurait mieux fait d’en rester à sa jolie collection de chansons sur le fil du bon goût (citons notamment Feedaloodum Beedle Dot collant au train des brillants héritiers de Pond avec son instrumentation plus massive et psyché, ou la sérénade onirique du morceau-titre). De relatives réussites qui valent avant tout pour ce regain de lyrisme échevelé que les Ricains parviennent de nouveau à insuffler ici et là dans une disco qui en manquait cruellement depuis le superbe et tragiquement sous-estimé At War With The Mystics, donnant enfin lieu, pour les plus patients, à un titre digne de leur talent : le final How Can A Head pourtant porté par les mêmes kitscheries, orchestrations de synthés en tête, mais transcendé par un vrai crescendo d’espoir et d’émotions à fleur de peu qui en renouerait presque avec la candeur magnifique d’un Soft Bulletin. Comme quoi rien n’est jamais perdu pour Casimir et ses amis, après tout sur L’île aux enfants c’est tous les jours le printemps. Voilà voilà.
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