The Flaming Lips - The Terror

Terminé les concerts pailletés et costumés, les jams de 24 heures que même les fans hardcore n’écouteront jamais jusqu’au bout, les items d’art contemporain pour plasticiens dégénérés, les controverses arty et autres délires drogués entre amis, c’est un nouvel album, un vrai (enfin !) que nous livrait en ce 1er avril le combo d’Oklahoma City, peut-être bien leur plus soucieux et certainement même leur meilleur depuis l’indépassable et toujours trop mésestimé At War With The Mystics, autant dire que c’est pas de la blague de poissons volants sous LSD rêvant d’arc-en-ciels et de confettis.

1. Look...The Sun Is Rising
2. Be Free, A Way
3. Try To Explain
4. You Lust Voir la vidéo The Flaming Lips - You Lust
5. The Terror
6. You Are Alone
7. Butterfly, How Long It Takes To Die
8. Turning Violent Voir la vidéo The Flaming Lips - Turning Violent
9. Always There...In Our Hearts
10. Sun Blows Up Today (iTunes bonus track)

date de sortie : 01-04-2013 Label : Bella Union

Après avoir tenté de mêler avec plus ou moins de bonheur le lyrisme bariolé des chef-d’oeuvres tardifs synonymes de succès public à la lo-fi bruitiste et autres collages psyché de leur disco plus underground du début des 90’s sur Embryonic, aussi touchant dans les approximations de ses embryons de chansons étouffés dans l’oeuf que laborieux sur la durée, Wayne Coyne et ses compères font table rase du passé avec The Terror, requiem pour un groupe d’éternels ados finalement rattrapés par la gueule de bois d’after show.

Ici la noise vit ses derniers instants sous respirateur artificiel (Be Free, A Way), le psychédélisme est exorcisé à coups de beats tribaux (The Terror), les ballons ont perdu leurs couleurs (You Lust) et la montgolfière de Yoshimi n’est plus qu’un linceul mortuaire errant dans la grisaille de la stratosphère (Turning Violent). Car la terreur du titre est celle du changement, prise de conscience sans cesse repoussée des responsabilités, du vieillissement et autres joyeusetés que les rockeurs aiment à oublier dans l’abus de substances psychotropes. Non que les Flaming Lips, d’ailleurs, aient jamais été aussi insouciants qu’ils aient pu le paraître, leurs histoires de suicides chromés, de robots en révolte, de psychiatrie foetale ou de mages radicaux en témoignent suffisamment, mais cette fois le sac amniotique depuis lequel le groupe observait les affres de la réalité est bel et bien percé et l’organisme en mutation ne sait si c’est la mort qui l’attend sans son précieux bain de jouvence ou une vie nouvelle dans une seconde peau plus austère, sèche, étouffante à l’image d’un monde où l’amour ne résout pas tout.



Cette transformation se retrouve dans la construction même des morceaux et leur enchaînement, métaphore d’une transition nécessaire que Wayne Coyne commence par questionner (Try To Explain) pour mieux l’accepter avec sérénité, le baume apaisant comme jamais de ses mélodies vocales nous assurant de son soutien dans ce cheminement solitaire vers la sagesse et la maturité (You Are Alone) tandis que le son du groupe, aussi maussade soit-il ici, retrouve un peu de sa superbe grâce au retour de Dave Fridmann à la (co)production.

Car malgré cette douceur sous-jacente, The Terror semble flotter de vie à trépas et passé le percutant Look...The Sun Is Rising en ouverture, pas mal de fans risquent de trouver le temps long devant la progression quasi ambient de ses deux premiers tiers. Mais arrivé au bout du purgatoire narcotique de Butterfly (How Long It Takes To Die), tout s’embrase enfin avec plus d’acuité qu’il n’y en avait eu depuis longtemps dans la musique des Lèvres en Feu, comme s’il leur avait fallu se perdre pour mieux se retrouver et embrasser de nouveau leurs amours musicales successives avec l’émotion primale du nouveau-né, lâchant les larsens au gré d’un martèlement post-punk incandescent sur Always There...In Our Hearts avant de clore le disque - en indispensable bonus de la version iTunes - sur un sommet de psychédélisme électrisant que n’aurait pas renié Tripping Daisy à ses grandes heures, émaillé de refrains flamboyants et d’envolées électroniques déstructurées dignes de la période Yoshimi  :


Assurément le plus beau retour en grâce de ce début d’année.

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