Baxter Dury - The Night Chancers

Mais qu’arrive-t-il à Baxter Dury ? Pour son sixième album studio, le Britannique inquiète. Et ces interrogations ne se portent pas tant sur sa créativité, The Night Chancers étant un disque de qualité, que sur sa santé morale. Avant d’approfondir ce point, venons-en à l’essentiel et évoquons cette nouvelle sortie.

1. I’m Not Your Dog Voir la vidéo Baxter Dury - I'm Not Your Dog (Official Music Video) - YouTube
2. Slumlord Voir la vidéo Baxter Dury - Slumlord
3. Saliva Hog
4. Samurai
5. Sleep People
6. Carla’s Got A Boyfriend
7. The Night Chancers
8. Hello, I’m Sorry
9. Daylight
10. Say Nothing

date de sortie : 20-03-2020

En 2017, en intégrant de délicats arrangements de cordes façon Serge Gainsbourg à ses productions, le fils de Ian faisait de Prince Of Tears le point de césure de sa discographie. L’aspect brut de ses compositions s’atténuait donc, ou plutôt devrait-on écrire qu’il était contre-balancé par la richesse des orchestrations à la Vannier. En somme, Baxter faisait du Baxter Dury, mais avec davantage d’élégance.

Après un crochet auprès d’Etienne de Crécy et Delilah Holliday dans le cadre du projet B.E.D., l’auteur de Happy Soup est donc de retour, et il n’a donc pas l’air en grande forme. De manière inspirée, il a conservé ces arrangements de cordes qui décuplent l’émotion et la beauté de son propos, mais la gueule de bois des premiers albums s’est paradoxalement intensifiée. Le phrasé de Baxter est haché, plus nonchalant que jamais, frisant même l’acoquinement avec le "jemenfoutisme" le plus élémentaire.

S’agit-il d’y voir le prolongement de cet album concept sur la déchéance d’un individu ? Quoi qu’il en soit, pareille thématique n’apparaît pas sur un enregistrement par hasard et le côté acerbe de Baxter Dury prend cette fois une certaine lourdeur. N’y voyons pas une lourdeur nuisant à son propos. Au contraire, même. L’attitude du Britannique est en phase avec ce qu’il décrit. Nous pourrions parler de congruence.

Et si l’on parvient à faire abstraction d’une certaine rigueur et à passer au-dessus des moments plus poussifs (Samurai en tête), ce qui apparaît d’abord comme de la maladresse prend finalement un caractère touchant. Nous faisons par là allusion à l’accent français improbable de la choriste qui déclame "ce n’est pas mon problème, je ne suis pas ton chien" sur le bien-nommé I’m Not Your Dog dont les arrangements délicats nous enivrent d’emblée.


Mentions spéciales également pour le plus commun Slumlord, qui aurait pu être écrit à l’époque de It’s A Pleasure le dub-friendly Saliva Hug ou les délicates cordes de la ballade Carla’s Got A Boyfriend, du titre éponyme, du touchant Daylight avec ses inspirations issues de la musique classique ou du puissant et autocentré Say Nothing (avec son "Baxter Loves You" répété à l’envi par la chanteuse).

Baxter Dury semble avoir décidé de mettre un coup de pied dans la fourmilière, tout en faisant peu ou prou la même chose. Le paradoxe est total, puisqu’il utilise les mêmes gimmicks - l’alternance de son spoken word avec le chant de choristes féminines, des lignes de batterie acerbes, quelques synthés cheap, quoi qu’un peu moins exposés qu’à l’accoutumée - mais semble au choix révolté ou résigné, si bien que la couleur du disque se distingue assez significativement de ses productions précédentes.

Chroniques - 08.04.2020 par Elnorton
 


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B.E.D. (Baxter Dury, Etienne de Crécy & Delilah Holliday)

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