/A\ - /A\

/A\ , trio hybride mélangeant électronique et organique, livre un premier album envoutant.

1. Hotel Stellar
2. Grain Sand And Mud
3. We Travel the Light
4. Fire In My Fingers
5. Count To Ten
6. The Leaves
7. Our Love is Growing

date de sortie : 18-06-2021 Label : Hummus Records, Two Gentlemen

/A\ est tout neuf mais sort déjà son premier album. Il l’a intitulé très justement /A\ . Si les oscillations vertes de la pochette n’indiquent rien, les quelques secondes qui ouvrent le disque suffisent à comprendre de quoi il s’agit. On connait cette voix et on connait ce climat sec, à fleur de peau, on connait aussi ces guitares. C’est Emilie Zoé, toujours accompagnée de Nicolas Pittet. Néanmoins, une autre voix se fait entendre, d’autres guitares aussi, d’autres climats : /A\ , c’est aussi Franz Treichler et il y a donc fort logiquement du Young Gods (récent) là-dedans.
Ce qui est intéressant, c’est que si l’on reconnait aisément les uns et les autres, la greffe propose aussi de l’inédit. Les écorchés d’Emilie Zoé (voix, guitare, basse) et Nicolas Pittet (batterie, electronics) trouvent ici un supplément de chair et les orages de Franz Treichler (voix, guitare, electronics), des vibrations plus sensibles et accidentelles. C’est souvent lent, toujours mystérieux et très imbriqué. La plupart du temps, c’est beau aussi.
Laissant tout le monde aller jusqu’au bout de ses idées, les morceaux d’ /A\ sont empreints d’une belle variété, dans leur durée et dans ce qu’ils développent également. Tout y est mouvant. L’électronique fait jeu égal avec l’organique et si la couleur générale vire systématiquement au sombre, les nuances sont nombreuses. Les mots sont susurrés, scandés, grognés ou simplement chantés, les soubassements peuvent être minces ou montrer une épaisseur rageuse, les claviers prendre l’avantage ou les guitares, la dynamique reste bloquée sur le qui-vive, dans un entre-deux flou dont on remarque à peine les contours. C’est un disque de sensations vastes, d’émotions entremêlées qui finit par prendre le contrôle de la boite crânienne et imposer une forme de blues bien singulier.


On identifie du ténu et du fragile (Count To Ten), du plus charpenté aussi (We Travel The Light) mais la plupart du temps, c’est le deux en même temps associé à une bonne dose de silence. Les morceaux sonnent tout à la fois aérés et cadenassés, c’est assez étrange. Et très naturel. Alors qu’il était facile de forcer le passage et de faire rentrer à grands coups de masse The Very Start dans Data Mirage Tangram par exemple en arasant tous les angles. Mais ça n’est par vraiment ce qu’il se passe : personne ne reste cantonné dans son pré carré originel et la rencontre défriche des terrains inexplorés : Hotel Stellar, The Leaves ou encore Our Love Is Growing, inquiets et très immersifs, captivent sans peine et diluent l’espace-temps. À côté, on retrouve des choses plus prototypiques - Grain Sand And Mud (très Zoésque) ou We Travel The Light (très Young Godsien) - mais affublées de traits nouveaux (les voix en complément l’une de l’autre, les angles d’une guitare venant briser une nappe tranquille, un parterre rythmique tribal) qui contribuent elles aussi à rendre le disque très attachant.
/A\ tient in fine toutes les promesses qu’il laissait au départ entrevoir sur papier : on sent bien qu’il s’agit d’une rencontre véritable où tout le monde participe à plein et qu’il se trame là-derrière une redéfinition des univers de chacun. Pour autant, rien de drastiquement différent, juste un épaississement subtil.
Comme l’est /A\ .
On attend donc impatiemment qu’ils s’attaquent par la suite aux autres lettres de l’alphabet.


Chroniques - 12.07.2021 par leoluce
 


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