Born Erased - I Am The End Of The World

1. Seven Stages of Hatred (feat. Moss Harvest)
2. Iron Skin
3. Mineral Angst (feat. V0LAND)
4. The White Fingers of Sleep
5. Melting Lungs
6. Embalmed in Concrete
7. Their Tongues Turned Black

2023 - BLWBCK

Sortie le : 17 novembre 2023

Si le monde n’existait pas, il faudrait l’effacer

Il y a près de 10 ans, BLWBCK publiait Reviraje / Lifeless, imposant split album du Costa-Ricain EUS et du Bulgare Mytrip, qui conforta notre intérêt pour le premier et nous fit découvrir le second, nous lançant par la même occasion sur les traces de sa structure Amek Collective dont les sorties sont depuis lors régulièrement mises en avant dans nos pages. Aujourd’hui, la boucle est bouclée puisque le label toulousain nous offre, avec ce premier opus de Born Erased, un tout nouveau projet d’Angel Simitchiev aka Mytrip donc, également moitié des passionnants Vague Voices et droneux vaporeux sous l’identité de Dayin à laquelle on doit cette année le très beau Warm Like Crystal Throats sorti chez Mahorka.

Si les plus pessimistes n’auront pas manqué de raisons de fantasmer la fin du monde en 2023 (qui n’est certes pas terminée... croisons les doigts), voilà toujours une occasion de la vivre sur disque avec cette apocalypse organique en 7 mouvements à la croisée du drone doom et d’une ambient dystopique aux racines industrielles, enregistrée sur une période de 3 ans par le musicien avec l’appui de quelques invités du cru, à commencer par Boris Malevanov aux fûts sur trois morceaux et un certain Symeon Yovev (V0LAND) au violoncelle funeste (Mineral Angst). Une période forcément marquée par la pandémie et l’isolation qu’elle a générée, autant dire qu’elle ne pouvait qu’être que propice, pour un artiste déjà coutumier du dark ambient et du versant le plus caverneux des musiques électroniques, à ce genre de soundscapes pratiquant la politique de la terre brûlée pour mieux traquer, le plus souvent en vain, la moindre lueur d’espoir au milieu des cendres et des gravats.

Born Erased
semble d’emblée y parvenir, que ce soit dans les contrastes éthérés du noisy Seven Stages of Hatred, les nappes célestes en surplomb des crescendos martiaux de textures et de batterie d’Iron Skin, ou même les étranges coeurs d’éternité s’extirpant tant bien que mal du très plombé Mineral Angst... et pourtant, les ténèbres finissent par prendre l’ascendant, d’abord avec le magnétique The White Fingers of Sleep aux drones et rythmiques anxiogènes dont les vocalises susurrées revêtent un caractère tout aussi inquiétant, puis l’hypertendu Melting Lungs et les limbes de purgatoire du crépitant Embalmed in Concrete. Inutile de se leurrer, le futur n’a rien de bien accueillant et c’est dans un grand bain de synthés chlorhydriques et de saturation que se termine ce bien-nommé I Am The End Of The World, celui d’un Their Tongues Turned Black dont les martèlements inéluctables accompagnent jusqu’au précipice des harmonies de fin des temps. Noir c’est noir...


( RabbitInYourHeadlights )


Disques - 15.10.2023 par RabbitInYourHeadlights
 


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