Après tout, dans Glåsbird, il y a "glace", autant dire que l’on n’est guère surpris de le voir revenir à intervalles réguliers à son obsession des climats polaires et des paysages verglacés. On doit en effet au musicien fidèle du label ambient britannique Whitelabrecs, sur lequel on ne sait toujours rien si ce n’est que les amateurs d’ambient le connaissant par ailleurs sous un patronyme plus réputé (mais lequel ? mystère...), les albums Grønland et Siberia dont les titres parlent d’eux-mêmes. Cette année, après l’EP Sirena inspiré par la fosse océanique du même nom, et le très beau Pacifica plus chaleureux voire carrément tropical en mars dernier (chants d’oiseaux et percussions boisées à l’appui), c’est ainsi du côté de l’Antarctique que l’on retrouve ce mois-ci ses nappes harmoniques frémissantes (ice tower) mâtinées d’arrangements de cordes classical ambient et autres cascades de fingerpicking au second plan (kata).

Une thématique géographique qui aux dires du label prendrait fin avec cette sortie et qui semble épouser ici le mouvement hiératique de la banquise et le rythme de la fonte des glaces, qu’il s’agisse du hiss délicat d’un glossopteria aux choeurs élégiaques, des frottements évanescents d’un hundir au piano hypnotique, des exhalaisons de l’impressionniste et foisonnant terra australis, probable sommet du disque, ou des bourrasques qui sous-tendent les nappes de violoncelle et autres pianotages volatiles et gondolés du bien-nommé terminus. Cette éphémère beauté des glaciers confrontés au changement climatique étant évidemment un passage obligé pour clore une remarquable série de 8 longs formats évoquant tous en filigrane cette urgence écologique menaçant entre autres choses notre patrimoine naturel, auquel le compositeur rend une nouvelle fois un superbe hommage.