r.roo - over the garden wall EP

1. otgw, pt. 1
2. otgw, pt. 2
3. otgw, pt. 3
4. otgw, pt. 4

2024 - Autoproduction

Sortie le : 23 mai 2024

Entre mal du pays et nouvelle vie, l’Ukrainien Andriy Symonovych ravive la flamme

Lorsque l’on pense à r.roo, l’un des plus modestes et brillants rénovateurs de l’electronica moderne aux grandes heures du label Tympanik Audio il y a une grosse douzaine d’années, on se souvient avant tout de ces télescopages de beats épurés et de piano néoclassique au spleen sombre et romantique (cf. notamment le sommet Broken Time en 2011), ou de la facette plus ambient et cafardeuse de ses sorties de la deuxième moitié des années 2010. Ici toutefois, l’Ukrainien change de paradigme... à moins bien sûr que ne résident dans l’une ou l’autre de ses nombreuses publications autoproduites que l’on n’a évidemment pas pu toutes écouter les ferments de cette mutation musicale à la fois proche et éloignée des directions susmentionnées, Andriy Symonovych bien que moins actif depuis quelques années ayant plus ou moins touché à tout en matière de musique électronique, jusqu’au darkjazz de néo-noir avec delicate reflex part 2 ou la techno pur jus sur l’étonnant mirroor de 2019.

Émigré en Allemagne avec sa famille alors que l’invasion russe fait toujours rage, on ne peut qu’imaginer les bouleversements vécus par le natif de Kiev, dont cet over the garden wall semble vouloir se faire le reflet, un bouillonnement à la fois angoissé et plein d’espoir tandis que se mêlent nouvelle vie en sécurité et crainte pour une patrie menacée. Des sentiments parfois ambivalents puisque le musicien, qui promet de reverser les bénéfices de ce nouvel EP à un ami au front apportant nourriture et médicaments aux Ukrainiens dans le besoin n’hésite pas à parler de la menace de mobilisation forcée qu’agite son gouvernement depuis le début du conflit, l’une des raisons probablement de son départ du pays.

De famille, il en est étroitement question ici puisque son fils en maternelle, qui signe par ailleurs l’artwork du disque, donne de la voix par samples interposés avec force réverb sur otgw, pt. 4, enregistrement utilisé comme motif récurrent au milieu des pulsations amniotiques et des nappes éthérées. Une belle densité hypnotique qui frappe d’emblée sur le polyrythmique otgw, pt. 1 aux beats faits de bric et de broc, sommet d’anxiété de l’EP aux affleurements mélodiques malmenés par cette dynamique sans répit qu’accentuent d’étranges vocalises fantomatiques séquencées au scalpel, et qui culmine sur un otgw, pt. 3 à l’évolution particulièrement saisissante : d’un downtempo presque dub dans la continuité du très atmosphérique otgw, pt. 2, le morceau finit par nous amener sur le terrain d’un breakcore cybernétique violemment déstructuré où les synthés servent de fil d’Ariane dans un chaos numérique crépusculaire et tendu à souhait.

Un retour suintant l’urgence et dont on est plus que ravis, la dernière sortie conséquente de r.roo remontant à 2022 et au best of notch qui, forcément, nous avait laissés en terrain(s) connu(s).


( RabbitInYourHeadlights )


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