On vous parlait déjà tout récemment de Jon Mueller ici pour son album en compagnie de James Plotkin, mais l’EP Dance of Switched Heads se devait de trouver lui aussi le chemin de nos colonnes, et ce pour deux raisons. D’abord bien sûr, pour son crescendo aussi minimaliste qu’immersif de près de 20 minutes entièrement constitué de percussions improvisées à deux batteurs (et visiblement enregistré live à en juger par les liner notes évasives) : d’un côté ces drums répétitifs, hypnotiques, qui le voient revenir à une esthétique plus caractéristique de son univers, de l’autre des idiophones libertaires et mystiques, voire par moments presque cristallins, qui en magnifient le rituel ésotérique, quelque part entre ambient et musique tribale, les reverbs se mêlant aux cascades scintillantes et autres maracas aux sonorités de serpent à sonnette pour évoquer quelque cérémonie hallucinée en plein désert.

Mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il nous met sur le chemin d’Ampwall, une toute nouvelle alternative communautaire à Bandcamp qui le distribue en exclusivité. Créée par des musiciens pour les musiciens et moins orientée e-commerce, la plateforme qui est en phase de beta test entend revenir aux sources de ce service aux artistes adeptes du DIY, prenant à contrepied la lente dérive corporate de Bandcamp, l’iniquité des autres services de streaming et une promo devenue impossible sur les réseaux sociaux classiques en assénant quelques arguments imparables : pas d’algorithme, pas de musique générée par des intelligences artificielles, pas de pub, et un deal plus qu’honnête : 95% des revenus reversés aux artistes (avec pour objectif de diminuer encore les 5% de coût de fonctionnement au fil du temps lorsque la plateforme sera bien installée) et 10 dollars par an seulement pour ces derniers afin de bénéficier de l’ensemble des services proposés. Autant dire que l’on va suivre l’initiative de près, en espérant qu’elle prenne aussi bien que son aîné, la dégradation progressive en moins...