Sorti aux Etats-Unis en début d’année, Friend And Foe, troisième album de Menomena se voit aujourd’hui distribué en France via le label City Slang. Regroupant trois multi-instrumentalistes de génie, le groupe de Portland pratique une pop à la fois expérimentale et inclassable mais pourtant étonnamment abordable. D’une richesse mélodique inépuisable, les 12 morceaux qui composent Friend And Foe s’apparentent à des amoncellements de motifs mélodiques imbriqués les uns aux autres pour donner naissance à des chansons à la trame complexe et insaisissable. Chez Menomena, chaque membre apporte ses idées de façon démocratique, ce qui donne cette impression permanente de télescopage d’influences multiples, impression renforcée par la participation au chant de chacun des protagonistes. Malgré ce parti pris de travailler à six mains, il se dégage de Friend And Foe une unité et une homogénéité incroyables, la faute à une production méticuleuse qui semble laisser évoluer chaque instrument dans un espace qui lui est propre. Tout au long du disque, on pense tour à tour aux expérimentations récentes de Blur (Boyscout’N), aux envolées psychédéliques des Flaming Lips (Wet And Rusty), aux new-yorkais de TV On The Radio dans ce désir de concilier pop expérimentale et soul moderne (The Pelican), ou encore à un groupe comme Wolf Parade dans le traitement particulier apporté aux rythmiques (Muscle’N Flow).
Sous sa pochette étrange, Friend And Foe se révèle au final comme un fascinant labyrinthe sonore, long en bouche et totalement addictif qui place Menomena en bonne place dans le rayon des découvertes de l’année.