Seabear - We Built A Fire

Ça commence à devenir une vilaine habitude, après les chroniques des récents albums de Sigur Rós, Borko, Sin Fang Bous et múm, l’Islande se fait de plus en plus présente dans le panorama de notre Mag. Et ce n’est probablement pas la récente intégration de Elnorton dans nos rangs, adepte lui aussi de ces musiciens aux noms imprononçables, qui freineront la fréquence de ces bouffées d’air frais par ici. Ce n’est pas non plus l’ajout de Seabear à la longue liste des artistes évoqués dans nos lignes qui y changera quoi que ce soit. Bien au contraire.

1. Lion Face Boy
2. Fire Dies Down
3. I’ll Build You A Fire Voir la vidéo Seabear - I’ll Build You a Fire
4. Cold Summer
5. Wooden Teeth
6. Leafmask
7. Softship
8. We Fell Of The Roof
9. Warm Blood
10. In Winters Eyes
11. Wolfboy

date de sortie : 05-03-2010 Label : Morr Music

Après le très coloré Clangour qui illumina le mois de février 2009, déjà un an, revoilà notre sorcier islandais Sindri Már Sigfússon à l’honneur au sein de sa formation d’origine. Alors que le premier album de Seabear n’avait provoqué que bien peu de remous au milieu des créations musicales de la très prolifique Islande, l’escapade solo de celui qu’on dénomma alors Sin Fang Bous s’était, elle, nettement plus fait remarquer avec un album pétillant et mis en exergue par les nombreuses sonorités électroniques adoptées pour l’occasion.
Suite à ce constat on ne savait trop quoi attendre de ce retour au collectif si ce n’est la crainte d’une baisse de régime dans l’essor de ce jeune compositeur. Et on peut vous l’annoncer dès maintenant il n’en sera rien ! Car si Sindri Már Sigfússon a choisi de retrouver ses coéquipiers c’est bien pour exploiter au mieux le versant plus acoustique de ses idées les plus folles et abandonner ce côté très artificiel qui émane de Clangour et qui faisait pourtant tout le charme de celui-ci. Alors bien sûr on retrouve les rondeurs de cette voix de velours qui forment la patte vocale de l’islandais, ainsi que ces douces mélodies. Mais surtout on gagne en étoffe, en mordant et en émotion. Car cuivres, cordes, guitares et autres instruments apportés par les membres de Seabear se marient parfaitement au folk cotonneux de leur leader.

Au final la réussite de cet album se base sur la présence de titres parfaitement complémentaires qui tablent rarement sur la simplicité mais plutôt sur des changements de rythme et l’alternance de passages posés ou plus incisifs. On trouve comme toujours un single bien efficace avec Lion Face Boy, sans fioriture mais orchestré avec justesse.

Mais là où l’album impressionne c’est lorsque l’architecture de ses morceaux se fait nettement moins linéaire. Privilégiant les entrées en matière apaisées et/ou mélancoliques, le groupe se lâche progressivement et sans retenue sur quelques-uns des titres les plus remarquables de ce We Built A Fire. Ce constat s’établit notamment dès le deuxième morceau, Fire Dies Down, qui au passage illustre parfaitement l’approche plus sensitive de la musique de Seabear en prenant vie par le biais de somptueux sifflements et en conservant volontairement les bruits de glissements de doigts sur les cordes des guitares acoustiques. Côté émotions on en prend pour notre grade en jouant sur des impressions de chaud/froid avec les bien nommés Cold Summer, délicate entrée au piano qui laisse progressivement place à un violon libérateur, et Warm Blood, étonnante escapade en territoire rock où guitares et cordes viennent fendre l’air dans un crissement glacial à vous coller des frissons dans le dos pour le restant de la journée. Pour compléter le tableau on citera le diptyque Wooden Teeth / Leafmask qui vient apporter une petite touche country et alléger l’ensemble de l’album, We Fell Of The Roof et ses cassures abruptes, Softship qui par ses bribes électroniques vient effectuer un pont avec l’épisode Clangour pour qui serait passé à côté et souhaiterait réparer la chose, et le bouquet final Wolfboy qui lâche les chevaux une bonne fois pour toutes avant de rendre les armes.

Seabear vous cajole pour mieux vous retourner, et inversement. Et ça fait du bien de temps en temps d’être un peu malmené. Tel la grippe hivernale, We Built A Fire vous colle une bonne fièvre et les frissons qui vont avec. Il ne reste plus qu’à vous réfugier sous votre couette, les écouteurs dans les oreilles, l’album sous le coude et le thermomètre dans la bouche.

Chroniques - 17.02.2010 par Pol
 


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