Sage Francis - Li(f)e

Indie rock vs. hip-hop, le match est reporté et c’est finalement un français qui l’emporte par forfait.

1. Little Houdini (Sage Francis / Jason Lytle)
2. Three Sheets To The Wind (Sage Francis / Chris Walla of Death Cab For Cutie)
3. I Was Zero (Sage Francis / Richard Terfry aka Buck65 / Brian Deck, Tim Rutili & Jim Becker of Califone / Gordon Patriarca)
4. Slow Man (Sage Francis / Joey Burns & John Convertino of Calexico)
5. Diamonds And Pearls (Sage Francis / Thomas Hagerman, Shawn Gilbert, Jeanie Schroder & Nick Urata of DeVotchka)
6. Polterzeitgeist (Sage Francis / Tim Rutili, Jim Becker & Brian Deck of Califone)
7. The Baby Stays (Sage Francis / Tim Rutili of Califone)
8. 16 Years (Sage Francis / Kurt Read / Brian Deck, Tim Rutili & Jim Becker of Califone / Gordon Patriarca)
9. Worry Not (Sage Francis / Tim Fite)
10. London Bridge (Sage Francis / Chris Walla of Death Cab For Cutie)
11. Love The Lie (Sage Francis / Mark Linkous aka Sparklehorse)
12. The Best Of Times (Sage Francis / Yann Tiersen) Voir la vidéo Sage Francis - The Best Of Times (feat. Yann Tiersen)

date de sortie : 11-05-2010 Label : Strange Famous Records/Anti-Records

On connaissait l’intérêt voire l’admiration de Sage Francis pour la scène alt-contry actuelle depuis les participations vocales de Will Oldham sur A Healthy Distrust en 2005 (l’admirable Sea Lion produit par Alias) puis Jolie Holland sur Human The Death Dance deux ans plus tard, une culture de l’americana partagée avec son complice canadien Buck65 invité ici non plus à produire mais à partager le micro sur un morceau.

On s’attendait moins par contre à ce que les envies de métissage du patron de Strange Famous Records en viennent à s’étendre du blues ou de la folk à cet indie rock que beaucoup opposent encore aujourd’hui au hip-hop comme le yin s’oppose au yang pour les non-initiés, en réalité deux faces indissociables voire complémentaires d’une même médaille comme ont pu le démontrer des générations d’hybridateurs plus ou moins transgressifs, des Beastie Boys à Sole & The Skyrider Band en passant par Cypress Hill.

Toutefois, avec Li(f)e, ce n’est plus de "mélange des genres" dont il est question, mais d’un concept original duquel la notion même de frontière musicale aurait disparu : chaque morceau est composé par un groupe ou un musicien invité, et sert d’écrin au storytelling de misfit, aux multiples résonances intimes ou plus philosophiques, du barbu de Providence dont le flow plus ou moins bluesy ou acéré en viendrait même à flirter par moments avec un chant plus "traditionnel" (cf. Three Sheets To The Wind).

De la flamboyance en apesanteur de Little Houdini, ouverture épique signée par l’ex Grandaddy Jason Lytle, à la folk crépusculaire de Calexico en passant par la folktronica impressionniste et habitée de DeVotchka ou la fougue power-pop de Chris Walla (Death Cab For Cutie) dont le London Bridge permet au passage à notre punk dans l’âme de revisiter 30 ans plus tard l’héritage des Clash de London Calling, l’ensemble est de belle tenue, mais le Francis s’y montre parfois un peu trop sage à l’image de la country-pop plus convenue bien qu’élégante et gracile troussée pour l’occasion par les chicagoans de Califone, principaux musiciens de session de ces morceaux enregistrés sans leurs auteurs mais sous l’égide du producteur Brian Deck (Iron & Wine, Gomez, Modest Mouse).

Et le risque était justement là, de perdre en singularité et si l’américain apparaît maître de son sujet de bout en bout il ne parviendra finalement à se l’approprier et à le transcender, comme il avait su le faire à la perfection avec les productions offertes par la crème des beatmakers d’Anticon dès son premier et meilleur album Personal Journals, qu’en toute fin de disque et par la grâce d’un crescendo de lyrisme éthéré signé... Yann Tiersen.

En voilà un qu’on n’attendait pas dans telle aventure, au contraire de feu Mark Linkous dont le talent protéiforme aura finalement accouché d’un tube indie lo-fi un peu facile, et paradoxalement c’est pourtant bien le français qui réussit le tour de force de faire revivre la magnificence céleste du Sparklehorse de Good Morning Spider ou It’s A Wonderful Life, toute en nappes cosmiques, percussions cristallines et autres orfèvreries acoustiques, une collaboration que l’on aurait aimé voir développée sur toute la durée de l’album tant ce final de toute beauté (The Best Of Times, offert ici) entre espoir fervent et nostalgie douce-amère suffit à lui seul à donner à ce Li(f)e un goût persistant de revenez-y.


Sage Francis sur myspace : www.myspace.com/sagefrancis

Chroniques - 12.05.2010 par RabbitInYourHeadlights
 


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