La rencontre avec Pierre Lefeuvre date d’il y a quatre ans. Avec One Day At Home qui, comme son nom l’indique, nous invitait à le rejoindre dans son petit univers de chambre, celui-ci nous peignait par une douce électronica, une représentation personnelle de tableaux oniriques imaginés en toute intimité. Aujourd’hui, celui qui officie sous le nom de Saycet nous revient avec la volonté de se tourner vers l’extérieur, d’ouvrir sa fenêtre et de créer une musique encore plus contemplative avec le toujours bien nommé Through the Window.

Pour cela il a fait appel à la chanteuse Phoene Somsavath afin d’habiter un peu plus de sa voix feutrée quelques- unes de ces nouvelles compositions qui entraînent l’auditeur dans une sorte de rêve éveillé. Situé quelque part entre les créations des meilleurs artisans d’IDM légère et glacée, et la musique très cinématographique de B R OAD WAY, Through the Window rejoint, par cette forte propension à l’évasion, le territoire d’artistes dont la réputation n’est plus à faire, comme mùm ou The Album Leaf. Aussi efficace dans un registre entièrement intrumental (15, Her Movie) que dans ses plus beaux instants chantés (Bruyère ou l’extraordinaire We Walk Fast), ce deuxième album du parisien parvient, par cette alternance de formes et une certaine capacité à faire évoluer progressivement chacune de ses idées, à éviter le sentiment de lassitude qui pourrait émaner de ce genre de textures répétitives. Les nombreux « blips » et « clics », qui crépitent et bouillonnent de toutes parts, enrobent parfaitement cette ambient lumineuse faite de nappes de piano ainsi que ce chant aérien et font de cet album un mélange équilibré que l’on redécouvre encore et encore au fil des écoutes.