Top albums - juin 2012

En ce mois de juin le gigantisme et l’ambition étaient de mise, de poids lourds du songwriting en mastodontes de l’ambient. Petit tour d’horizon au grand angle de ces monuments prêts à sauver les mélomanes de la ruine estivale.


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Giant Giant Sand - Tucson disponible sur Amazon.fr

1. Giant Giant Sand - Tucson

Depuis 25 ans, comme ses collègues Kurt Wagner (Lambchop) ou les Drive-By Truckers, Howe Gelb trace sa route de légende vivante dans le paysage de l’alternative country.
Régulièrement, il nous offre un album, comme une balise dans la brume du foisonnement de la production rock indé contemporaine.
Difficile donc de disserter sur un album de Giant Sand, même augmenté d’un doublon dans l’en-tête pour la circonstance. Annoncé comme une œuvre magistrale, Tucson est, bien sur, à la hauteur des espérances.
Sur ce nouvel opus Howe Gelb s’attaque à un répertoire plus chaleureux à grands coups de trompettes mariachi, de lapsteel, de sonorités d’Amérique centrale et de détours bluesy. Comme un grand pied de nez à ses collègues, il réussit, à mon avis, là ou Calexico a toujours échoué.
Tucson est un véritable chef d’œuvre d’americana torride, de folk aux relents de cigarettes roulées et de tequila renversée, et glorifie comme il se doit la ville natale de l’artiste.


(nono)


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Marielle V Jakobsons - Glass Canyon disponible sur Amazon.fr

2. Marielle V Jakobsons - Glass Canyon

< chronique >

Retour en solo sous son vrai nom, pour la musicienne d’Oakland habituée aux groupes et autres collaborations (Date Palms avec Gregg Kowalsky, Myrmyr avec Agnes Szelag ou encore Portraits en compagnie d’une ribambelle de talents de la scène drone ambient, parmi lesquels non moins que Jefre Candu-Ledesma, Jon Porras et Evan Caminiti...). Toujours aussi à l’aise à partager ses expérimentations entre les cordes plaintives de son violon et l’électronique lunaire de ses synthétiseurs, reine des motifs qui se répètent et s’entremêlent, des boucles de violon se confondant avec des nappes oscillantes, au rythme de rares et discrètes pulsations organiques, presque cardiaques.
Dans ce nouvel album parfaitement maitrisé, Marielle V Jakobsons semble nous dépeindre la fragilité, humaine et géographique, à travers une immersion totale au milieu de ces canyons de verre, d’une minute à l’autre prêts à se briser, capables autant de nous élever, très haut, que de nous faire sombrer... profondément magistral !


(Riton)


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Scythling - Smokefall disponible sur Amazon.fr

3. Scythling - Smokefall

Coutumier des collaborations sans concession, le Canadien Aidan Baker (Nadja, Infinite Light Ltd.) s’est cette fois associé au New-Yorkais Josh Rothenberger, guitariste du combo doom metal Bloody Panda. Si ces derniers étaient jusqu’ici peu connus dans nos contrées malgré un passage-éclair par le label Profound Lore avec Summon en 2009, nul doute que l’on s’empressera d’aller explorer leur discographie, heureusement plus succincte que celle du stakhanoviste de Toronto, à l’issue de ce premier opus de Scythling dont les trois instrumentaux gargantuesques n’ont pas fini de hanter notre été.
Au programme de cette petite heure de réjouissances, riffs rampants et saturés, roulements sourds, crissements à l’archer, piano préparé et vocalises crépusculaires pour un monument de tension massive et aride à la fois, qui nous entraîne progressivement dans les méandres d’un drone doom spectral et marécageux. Alors qu’on attendait surtout la sortie d’un split prometteur avec Plurals, combo où officie notamment Daniel Mackenzie aka Ekca Liena, et le premier opus du trio B/B/S/ en compagnie d’Erik K. Skodvin (Svarte Greiner) et Andrea Belfi finalement repoussé à l’année prochaine, Aidan Baker a choisi la petite porte pour frapper un énième grand coup, le caisson de basses et les murs en tremblent encore.


(RabbitInYourHeadlights)


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The Walkmen - Heaven disponible sur Amazon.fr

3. The Walkmen - Heaven

< chronique >

Même si l’on est loin de la tension noire qui émanait de leur chef d’œuvre de 2008, You & Me, les Walkmen continuent de s’affirmer avec Heaven comme l’une des formations américaines les plus passionnantes de ces dix dernières années, aux côtés de The National et Spoon. De la douceur de l’inaugural We Can’t Be Beat, plus apaisé qu’à l’accoutumée, qui commence tel une douce berceuse du bayou de Louisiane pour finir sur une ballade folk, en passant par Love Is Luck, le groupe continue d’exploiter une formule que l’on connait depuis depuis longtemps, sans sombrer dans la redite, en la nuançant et lui apportant des couleurs nouvelles.
Les compostions se font plus courtes, plus pop, allant droit au but (Heartbraker, Song For Leigh, The Love You Love, Heaven), sans oublier ce blues fatigué et mélancolique (Southern Heart, Line By Line, Jerry Jr.’s Tune) à l’ambiance moite imposée par un climat humide et qui explique cette rugosité qu’on ressent à l’écoute des Américains, à laquelle s’ajoute la voix toujours aussi habitée du chanteur Hamilton Leithauser. L’album se finit comme il a commencé, avec Dreambot, laissant l’auditeur tel un vagabond dormant à la belle étoile au bord du Mississippi, essayant de trouver le sommeil malgré la chaleur du bayou.


(John Trent)


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Hot Chip - In Our Heads disponible sur Amazon.fr

5. Hot Chip - In Our Heads

< streaming du jour >

Hot Chip est de retour en grande forme et devient cet été (et même cette année) le véritable remède électro-pop à la morosité ambiante, plombée par ces incertitudes climatiques estivales. Et pour les plus chanceux qui se la coulent douce au soleil, il n’y a pas de souci, ces geeks anglais ne sont pas sectaires et sont toujours capables de trouver ce son ou cette mélodie qui réchauffera un peu plus l’atmosphère et rassemblera les foules (ce dont on pouvait douter avec le précédent opus).
En ces temps de crise, In Our Heads se révèle ainsi être une cure de jouvence à la fois radieuse et entraînante, n’hésitant pas à piocher dans tous les styles improbables et douteux des années 80 à aujourd’hui sans que l’on y trouve à redire. Hot Chip devient même sexy (on ne parle pas de leur musique qui l’était finalement déjà depuis leurs tout débuts) avec une nouvelle batteuse, Sarah Jones (New Young Pony Club, Bat For Lashes) qui en charmera plus d’un. Si l’on consomme sans modération ces antidépresseurs à la fabrique hotchipienne déjà bien connue, il n’y a décidément plus de souci à se faire pour les prochains mois.


(darko)


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Talvihorros & Damian Valles - Monuments And Ruins disponible sur Amazon.fr

6. Talvihorros & Damian Valles - Monuments And Ruins

On ne s’était pas véritablement étendu sur cette rencontre à distance entre le Londonien Ben Chatwin (Talvihorros) et le Canadien Damian Valles, figures d’un drone ambient organique à l’instrumentation aussi majestueuse que malmenée. Néanmoins, quelques mots auront suffi au sujet de cette collaboration initiée par l’aventureux webzine Textura, également label à ses heures, pour assurer une mention plus qu’honorable dans ce bilan aux trois instrumentaux constituant cet imposant Monuments And Ruins, dont les évocations se devaient d’embrasser la dimension titanesque promise par un tel titre.
N’y allons par quatre chemins, c’est effectivement le cas jusque dans cette progression d’ensemble qui érige pour mieux détruire et reconstruire encore, du lyrisme tempétueux de From Within A Hollow Body (Part I) au no man’s land menaçant de Hollow Earth Theory en passant par l’inéluctable et tragique effondrement de From Within A Hollow Body (Part II). Un disque impressionnant dans tous les sens du terme.


(RabbitInYourHeadlights)


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VNDL - Gahrena : Paysages électriques disponible sur Amazon.fr

6. VNDL - Gahrena : Paysages électriques

VNDL livre quelques semaines après la sortie du très réussi Triptyque EP un premier album, qui tient assurément toutes ses promesses. Le Canadien Philippe Vandal de son vrai nom fait preuve d’une maîtrise technique certaine. Ajoutez à cela le mastering made in Frank Riggio, et vous obtenez véritablement l’un des albums IDM majeurs de cette première moitié de 2012.
Car en effet l’œuvre est d’une maturité saillante, tout le travail de recherche est un vrai régal, tant il est original et fin. Malgré un glitch omniprésent, l’homme fait s’aventurer quelques sons de guitare qu’il parvient à intégrer avec délicatesse au milieu de ses expérimentations cybernétiques (Nikohn). Ici, reverb’ et beatmaking sont synonymes d’aisance, puisque le Montréalais excelle tout aussi bien dans le soundscaping que dans son travail rythmique. Pour enfoncer le clou, nous irons même jusqu’à dire que les plages ambient sont d’une justesse intarissable (Gahrena).
Les invités sont également soigneusement sélectionnés, leur contribution n’est pas ajoutée au hasard et ne casse en rien la fluidité de l’ensemble. Entre clair et obscur, puissance et finesse, électricité statique et mélodie, un disque tout bonnement habile.


(HaveFaith)


Rendez-vous sur le FIR en fin de mois pour un nouveau scrutin.