Liars - Le Trabendo (Paris)

le 6/06/2013

Liars - Le Trabendo (Paris)

La musique de Liars est difficilement saisissable. Au gré des albums elle nous entraîne dans des contrées inconnues. Toujours déroutantes, jamais inintéressantes. à chaque album, ils se renouvellent, entre noise déconstruite et électro psychédélique. Après WIXIW, sorti l’année dernière, le trio a mis en écoute de nouveaux titres qui confirment le tournant que prend leur musique. En arrivant au Trabendo, ce jeudi, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Excité à l’idée de voir ce groupe souvent recommandé pour ses prestations scéniques, j’avais peur de ne pas trouver ce que j’étais inconsciemment venu chercher...

Inspiré d’un côté par le minimalisme électronique du dernier album de Portishead, de l’autre, par les voix traînantes de Radiohead, le dernier Liars avait à nouveau pris tout le monde de vitesse. Un album qui met en transe, qui sent fort la weed et le champignon atomique. Un album austère et habité. froid et envoûtant. On était en droit d’attendre une prestation live à la mesure de cette ambiance. On voulait atteindre une certaine hauteur.

Mais les derniers titres qu’ils ont fait paraître récemment laissaient présager une radicalisation de la dimension dance et relativement pop (dans la mesure où Liars peut être pop) de leur musique. Le live a bien confirmé cette tendance. Ce n’est plus une tendance d’ailleurs, mais un choix esthétique.

Le set a alterné titres tirés de WIXIW et nouveaux morceaux. Je n’ai pas reconnu de choses antérieures, mais j’ai peut-être raté quelque chose. Les trois premiers morceaux semblaient nouveaux en tout cas. Ils avaient ce point commun d’être basés sur un rythme techno aux kicks omniprésents et aux sonorités numériques. Je remue la tête patiemment.
Vient l’arpège synthétique de WIXIW. Le public reconnait, manifeste sa joie. Ce morceau est vraiment excellent, avec sa structure binaire constituée par une ouverture planante et solaire qui s’évanouit pour laisser place à un mouvement tribal anxiogène. C’est là qu’on comprend que la base rythmique évoquée plus haut (beat techno) est en fait le principe de leur nouvelle esthétique, car même ici il s’est imposé.

Le mixage de WIXIW a été fait avec suffisamment de finesse et de bon goût pour que le beat n’ait pas cette lourdeur que le live tolère. On a privilégié les kicks sur scène pour leur force de frappe et l’efficacité des basses. Vous voyez le morceau Brats, sur l’album ? Celui qui choque un peu vers la fin à cause, justement, de son côté franchement techno. Et bien, j’exagère peut-être un poil, mais il m’a semblé que tout le concert était comme ça (Brats a bien sûr été joué). Alors, forcément, ceux qui sont venus pour danser se régalent. Ceux qui sont venus pour voir du rock’n’roll sont un peu déçus.

Une grande partie des boucles est envoyée par des samplers, ce qui fait que les mecs n’ont plus grand chose à faire. Le batteur, bien sûr, doit tenir la route, suivre le tempo et y ajouter son groove. Mais le kick est tellement omniprésent (oui encore !) et le style choisi si raide que toute la souplesse du jeu naturel est écrasée. A tel point que parfois, il joue de la basse...

Il paraît évident que Angus Andrew n’essaie pas d’être un grand chanteur. Sur l’album, son chant envoûté et un peu maladroit participe du charme étrange de la musique des Liars. Sur scène, ça semble surtout fébrile. Heureusement, les interventions vocales d’Aaron Hemphill sont justes et suffisantes. Lui, avec ses claviers, n’a pas l’air de se décarcasser trop. Pour lui aussi, beaucoup de choses sont bouclées. Il ne prend la guitare que pour deux morceaux. La basse, pour un.


Au rappel, on a enfin eu la chance d’entendre le Liars historique. Je saurais pas dire quel était le morceau ni s’il correspond vraiment à l’âge d’or de la carrière du groupe (selon les fans), mais il y avait dans le son et dans l’intensité, quelque chose qui le distinguait clairement de l’ensemble. Là enfin, on avait moins l’impression d’être en boîte. Le concert se termine là-dessus, beau final.

Si ce compte-rendu sent la déception, il ne faut pas s’y méprendre, je ne regrette pas. Le trio sait tenir la scène et Andrew est vraiment charismatique. Je suis content d’avoir vu les Liars pour la première fois. Mais j’arrive peut-être un peu tard. Je reste assez sceptique quant à la direction qu’ils ont choisi de prendre. Ce n’est peut-être qu’une courte phase. Il me tarde de les revoir...


( Le Crapaud )

 


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