Sly & the Gayz, à la première écoute, fait l’effet d’un bordel suffisamment maîtrisé pour être agréable à l’écoute, suffisamment rock ou punk pour donner la pêche, suffisamment pop pour accrocher l’oreille, suffisamment lo-fi pour être hype...

Derrière ce patronyme un peu étrange se cache en réalité un trio grenoblois punkoïde aux pseudos improbables qui ont été enregistrer ce disque à New York, aidés par d’étranges animaux aux noms de Joe di Ricco ou MC See B Jay B. Du CBGB on retiendra l’énergie punk et le courant do-it-yourself qui sous-tendent tous les titres, et de MC les sons drivés à la boîte à rythmes enfievrée ou aux samples tourbillonnants, le tout sur des tapis de guitares aigrelettes et des synthés vintage ("Drowning in the sand") nous détournant un moment de l’impression un peu "déjà-entendu" du titre phare ("On your skin") au demeurant excellent.

Cette voix sur le fil, ni trop juste ni trop fausse, ces structures un poil hachées, ces rythmes simples et volontairement technoïdes, lorgnant un peu vers des New Order sous amphé ("I’ve broken a glass"), donnent une irresistible envie de bouger. On ne sait pas trop comment, mais de bouger, ça oui. Les Sly & The Gays, tels des robots programmés pour faire du rock’n’roll qui se seraient détraqués en passant trop de temps dans un club, nous entraînent tout au long de ces trois premiers titres dans leur univers de cyberpunks jet-set, de façon frénétique, avant qu’arrive la première surprise.

Cette reprise de "No Fun" des Stooges a bel et bien de quoi surprendre... Le riff originel est bien là, sur tapis de boîte à rythmes et de cloches, puis il se délite après le premier couplet dans une sorte de bouillie rythmique house, un peu comme si la boîte à rythmes avait pris le contrôle toute seule, avant de reprendre de façon disco-punk sur des "so sexy" et un solo de guitare qu’auraient certainement reniés Iggy et ses amis, avant de repartir de la façon la plus brutale possible et s’arrêter là, net, enchaînant sur une terrible chanson d’amour acoustique ("Laura") au chant à l’extrêêême limite du faux et aux guitares légèrement Sonicyouthesques (quel bel adjectif) dans leur approximation, qui laisse entrevoir d’autres directions un peu plus classiques pour ce combo de fous furieux...

Au final, on passe un bon moment avec Sly et ses gayz d’amis, changeant un peu de tout ce qu’on entend d’habitude. Résolument original, cet EP apporte un grand bol d’air frais et donne vraiment envie de remuer ses pieds.

Yeah ! Si vous ne me croyez pas, allez écouter le nouveau titre, "Coco Chic", sur leur myspace : http://www.myspace.com/slyandthegayz

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