Hardcore des Alpes - Instant 2.0 EP
1. Polarisé
2. Coherentes (feat. Camila Mila)
3. Le jazz
4. Le bon pari
5. Petit ange
6. Le jazz 2
7. Emile Raison
Sortie le : 3 septembre 2018
On ne parle pas assez du collectif helvète L’Axe du Mal, fief de l’excellent monsieur.connard dont on croise notamment quelques électrons libres au sein des prometteurs Amorce (une demi-douzaine de MCs aux flows complémentaires sur des instrus sombres, noisy, tribaux, percussifs, en concert ça poutre et le premier album sort bientôt) ou de Journée Standard. Moitié de ces derniers et quart de Flash Nuit avec Maeki Maii et Zippy au micro sur des beats trap mutants et foisonnants de Connard, le rappeur Anklature s’acoquine ici avec son compère beatmaker et MC Aloko pour une seconde sortie estampillée Hardcore des Alpes sous le signe du paradoxe et de l’ambivalence, entre grivoiserie poétique ("prends ma main sur la route fanée, je t’aime d’un amour sous-cutané"), pugnacité planante ("à l’assaut du ciel, toiture bélier"), philosophie qui sonne ("on m’a dit si t’es soul t’es sot, j’hésite et dépose des idées sous des seaux, comme un badaud piégé au bonneteau, pour trouver la bonne voie j’dois m’lever tôt"), érudition viscérale ("je vais die dans les airs comme Otis Redding") et quête d’identité ludique ("j’ai un pied en Antarctique et un autre en centre-Afrique").
Un EP qui parle de jazz sans en faire mais qui en partage la liberté et le souffle de vie, des accointances éthiopiques et mariachi de Polarisé - où Aloko déclare d’ailleurs "écrire sans thème" tandis qu’Anklature qui a peur des météorites mais pas des terroristes parle de "style libre" - au scintillant Emile Raison, requiem pour le troisième larron d’Instant 0, Ilem, en passant par un Coherentes aux allures de Tricky latino (avec la Colombienne Camila Mila dans le rôle de Martina Topley du barrio), la mélancolie de Le bon pari et son storytelling urbain surréel, ou l’hypnotisme nomade entre basses lourdes et atmosphère éthérée de Petit Ange. En 20 petites minutes les Genevois impressionnent autant par leur appétit mélangeur que par les sonorités de leurs rimes, brassant rêveries stellaires et spleen des cités de béton, vérités du moment et instants d’éternité. Un petit bijou de rap ciné(ma)tique à télécharger librement.
On les oublie souvent, ces courts-formats qui ont pourtant tellement à dire et n’ont parfois rien à envier en terme d’immersion et de fascination à leurs cousins plus étoffés, le supplément d’audace en plus. En témoigne ce cru 2018 assez exceptionnel du côté des EPs qui aurait pu sans rougir mériter une centaine d’entrées, si ce n’était le manque de temps (...)
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