Découvert dans nos colonnes en octobre 2016, le premier EP de An Eagle In Your Mind - l’histoire ne dit pas si le pseudonyme a été inspiré par le titre homonyme de Boards of Canada - laissait espérer un long-format captivant. Et si c’est avec un semestre de retard que nous avons écouté ce dernier, la qualité de Miraculous Weapons justifie bien quelques mots pour le défendre.

En effet, ce disque appartient à la catégorie de ceux qui justifient, à une époque où il vacille, le maintien du concept d’album. Certes, l’écoute d’un échantillon de ce patchwork sera agréable et stimulante, mais c’est bien dans son ensemble qu’il acquiert une dimension supplémentaire tant chaque élément s’encastre et nourrit son voisin.

Ainsi, les collages mélancoliques rappelant la fausse candeur du Eels des débuts sur la partie instrumentale de Flows côtoient des rêveries folk évoquant Mazzy Star (Wild Fruits Kingdom) ou Elysian Fields (If You Open The Door, River of Your Soul) tandis qu’Angola Moon propose des circonvolutions tribales éthérées et incantatoires qui se prolongent sur Green Grass.

Autant de directions qui semblent néanmoins dessiner un chemin commun et le clip d’Angola Moon, partagé en ce début d’année, pourrait en être une charmante métaphore. Enregistré en Cappadoce lors d’une tournée menant les Français jusqu’en Turquie en passant par la Slovénie, les Balkans et la Grèce, il présente des humains qui peuvent être statiques, danser ou s’animer vers un objectif indéterminé, des quadrupèdes dociles ou des roches montagneuses décortiquées au gré du périple.

On imagine volontiers la diversité des paysages explorés et la variété des rencontres jalonnant ce voyage. Pourtant, une véritable cohérence se dégage d’un ensemble articulé autour d’une folk abstraite. La lumière, l’espoir et l’excitation sous un voile d’inquiétude et de talent, telle semble être la potion utilisée par le duo pour concevoir ce Miraculous Weapons qui tient toutes les promesses offertes par l’EP Sunday.