Actif depuis près de 20 ans dans le modern classical mâtiné d’électronique, collaborateur récurrent du pianiste Dustin O’Halloran (les deux compères avaient d’ailleurs reçu le Golden Globe de la meilleure musique de film en 2017 pour Lion) dont nous vantions également il y a une douzaine d’années le superbe Pan Tone enregistré avec la future oscarisée Hildur Guðnadóttir, Volker Bertelmann s’est beaucoup orienté dernièrement vers les bandes originales sous son véritable patronyme, citons notamment le score de la très belle série britannique Patrick Melrose ou celui de l’excellent remake du classique hollywoodien À l’Ouest, rien de nouveau produit l’an dernier par Netflix, dont on retrouve ici en guise de conclusion le plutôt sombre et ambient Noise. Philanthropy est ainsi le premier album solo d’Hauschka à voir le jour depuis A Different Forest en 2018, une période inhabituellement longue pour lui, et marque son retour dans le giron de City Slang 6 ans après What If, à l’issue d’une série de sorties chez Sony Classical.

À ce titre, on ne sera pas vraiment surpris, après la parenthèse néo-classique de l’introspectif et mélancolique A Different Forest, quasiment au piano solo à l’exception de quelques nappes ambient et fields recordings, de le voir renouer ici avec la dimension rythmique voire presque glitch qui a fait sa réputation, et les sonorités si particulières du piano préparé. Entre les bricolages percussifs autour de cascades d’accords hypnotiques (Diversity, Inventions, ou un intrigant Generosity aux accents dub), les incursions électroniques plus produites aux synthés magnétiques (l’inquiétant Searching, le méditatif Detached) ou aux beats plus marqués (Altruism), et des morceaux où l’on retrouve l’omniprésent piano dans son plus simple appareil, dans un esprit proche du classical ambient (de l’épuré Limitation of Lifetime au cinématographique Loved Ones avec ses arrangements de cordes vibrants, en passant par l’évanescent Science), l’Allemand ne choisit pas, livrant en quelque sorte, avec une spontanéité intacte dans les émotions et ce sentiment de liberté des compositions, une sorte d’album-somme de ses aventures de deux décennies, avec une générosité proportionnelle à cette thématique récurrente de la philanthropie. Un futur classique ?