Jens Lekman - Night Falls Over Kortedala
Avec Night Falls Over Kortedala, Jens Lekman réussit un deuxième album grandiose convoquant Jonathan Richman, Stephin Merritt, Scott Walker et Burt Bacharach dans un formidable feu d’artifice pop.
1. And I Remember Every Kiss
2. Sipping On The Sweet Nectar
3. The Opposite Of Hallelujah
4. A Postcard To Nina
5. Into Eternity
6. I’m Leaving You Because I Don’t Love You
7. If I Could Cry (It Would Feel Like This)
8. Your Arms Around Me
9. Shirin
10. It Was A Strange Time In My Life
11. Kanske Är Jag Kär I Dig
12. Friday Night At The Drive-In Bingo
Il s’en aura donc fallu de peu pour que Jens Lekman, en panne d’inspiration, n’abandonne la musique à tout juste 26 ans et seulement un album au compteur. A l’écoute de son magnifique deuxième album Night Falls Over Kortedala, on mesure l’étendu du gâchis qu’aurait provoqué une telle décision, prise un peu trop subitement. Désabusé et en proie au doute, le suédois avait pourtant bel et bien songé à arrêter la musique, trouvant même un emploi d’animateur de loterie (ça ne s’invente pas) qui l’amènera à composer le joliment rétro Friday Night At The Drive-In Bingo, qu’on découvrit il y a quelques semaines et qui clôt ici ce nouvel album d’ores et déjà appelé à devenir un classique.
Après un premier album When I Said I Wanted To Be Your Dog, qui peinait quelque peu à concrétiser les espoirs placés en lui suite à quelques EPs confidentiels de haute volée, le petit génie suédois se vit estampillé petit chouchou de l’influent webzine américain Pitchfork suite à la sortie en 2006 de Oh You’re So Silent Jens qui compilait ces premiers essais. En se parant d’arrangements baroques somptueux, Night Falls Over Kortedala vient confirmer superbement que ses premiers balbutiements de compositeur n’étaient pas qu’un simple feu de paille appelé à brûler un talent un peu trop précoce. Avec ces envolées de cordes qui ne sont pas sans rappeler celles de The Trees de Pulp, le titre d’ouverture And I Remember Every Kiss introduit d’emblée Jens Lekman comme le pendant scandinave de Scott Walker avant que Sipping On The Sweet Nectar avec sa ligne de basse irrésistible, ne réussisse l’exploit de parachuter Burt Bacharach en pleine période disco. C’est là que réside toute la singularité de ce songwiter d’exception, capable de réaliser les grands écarts les plus périlleux symbolisés par des orchestrations audacieuses couplées à un mode de composition très amateur et lo-fi, proche de celui de Stephin Merritt des Magnetic Fields. Sommet du disque, A Postcard To Nina, vient même évoquer un enfermement improbable de Jonathan Richman dans les mythiques studios Stax. De l’ex-chanteur des Modern Lovers, Jens Lekman a également hérité de ce don pour raconter des histoires simples de façon un peu naïve, sans se départir d’un sens de l’humour au second degré qui le sauve à chaque fois in-extremis de la mièvrerie. Sûr de lui, il se paie toutes les audaces comme celle de lâcher en milieu de disque, un improbable tube de l’été (indien) avec Into Internity dont l’accordéon vient faire des clins d’oeil racoleurs à la mythique Lambada ou de placer un beat hip-hop sur le délicieusement pop I’m Leaving You Because I Don’t Love You et son piano sautillant. Plus loin après avoir abusé d’arrangements chantilly sur If I Could Cry (It Could Be Like This), Your Arms Arounds Me reprend un motif de guitare psychédélique qui n’est pas sans rappeler Black Cab, une de ses premières chansons. Doté d’une voix de crooner hors du commun à la Neil Hannon, Jens Lekman peut se permettre le luxe de jouer à fond la carte du romantisme exacerbé (Shirin) qui peut paraître si éreintant chez tant d’autres. It Was A Strange Time In My Life joue à merveille de la technique du collage de samples obscurs déjà utilisée sur l’EP Maple Leaves, avant que Kanske Ar Jag Kar I Dig aux allures de standard soul ne finisse d’introduire ce songwriter au rang des compositeurs/arrangeurs de génie.
Armé d’un tel disque, Jens Lekman vient de faire la meilleure publicité possible pour le développement du tourisme suédois. On ignore totalement où se situe Kortedala mais les nuits doivent décidément y être d’une douceur infinie.
Le Clip de Sipping On The Sweet Nectar :
La fin d’année, c’est la traditionnelle célébration des tops. Mais force est de constater qu’il toujours difficile de se réveiller le lendemain matin, le mal de tête est souvent présent. Il faut dire qu’à force de s’arracher les cheveux pour réussir à caser tous les albums qui nous ont passionnés l’année passée, on en ressort bien fatigué (...)
Annoncé parmi les têtes d’affiche du premier Pitchfork Festival parisien en octobre prochain (le 29 pour être précis) mais perdu de vue depuis 2007 et le magique Night Falls Over Kortedala, Jens Lekman sortira le 20 septembre un nouvel EP, dont le titre éponyme An Argument With Myself aux allures cadencées de romance caribéenne nous rappelle d’ores (...)
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