Entre la Björk de Vespertine (et particulièrement les bidouillages sonores épurés de ses collaborateurs du duo Matmos), les plus belles réussites de Kate Bush et les bandes originales de Danny Elfman ou Joe Hisaishi, influences capitales quoique d’importance variable sur sa musique, Emilie Simon livre avec Vegetal un nouveau chef-d’oeuvre, l’occasion pour elle de renouer avec l’alternance de chant français/anglais de son premier album éponyme. Si le son caractéristique demeure, l’évolution est évidente dans les constructions et les mélodies des chansons, à travers lequelles la musicienne surdouée continue de creuser et d’approfondir son univers.

Froideur électro et chaleur instrumentale (notamment piano, et arrangements de cordes toujours aussi bouleversants...) s’entrechoquent plus tragiquement que jamais, entre impossibilité de ressentir et de s’ouvrir à l’autre et profonde mélancolie d’une solitude sans issue. Quant au chant d’Emilie, il est ce trait d’union qui souffle tantôt le chaud tantôt le froid, oscillant sans cesse entre la candeur persistante de femme-enfant et le recul glacial qui sans doute se combattent en elle autant que dans sa musique. Laquelle au long de ces 13 pépites aux accents gothiques, toutes enclines à se frayer plus ou moins rapidement un chemin jusqu’au plus profond du coeur de l’auditeur et à y demeurer toujours, n’a tout à la fois jamais été aussi posée et si peu apaisée.