L’Overd00’s : 2006
L’overd00’s du Forum Indie Rock ici retranscrite par la rédaction est le fruit de deux mois passés par nos membres à dresser le bilan de la décennie qui vient de s’achever. Tout au long des semaines à venir, nous allons vous faire replonger dans le meilleur des années 2000, 11 articles qui viendront fleurir la Une du Mag, résultat d’une élection passionnante, éprouvante et agrémentée des choix tout à fait personnels de la rédaction. Souvenirs et découvertes garantis.
Avec cette quatrième étape dans notre voyage à remonter dix ans de passions musicales, l’écart, d’une certaine manière, semble se faire plus marqué entre les albums plébiscités par les votants du FIR et les coups de cœur "repêchés" par la rédaction. Et quel rapport en effet entre la diva Amy Winehouse rabâchée en boucle sur les ondes FM et la folk étrange d’Arrowwood, dont le disque en question n’est même pas disponible via Amazon ? Quels points communs entre la noirceur droguée des Black Angels et et la ferveur balkanique de Beirut, entre la frustration psychotique de Clinic et la douceur cotonneuse de Charlotte Gainsbourg, entre le cocon 70’s de Midlake et l’échappée visionnaire de Thom Yorke ? Aucun sans doute, et c’est ça qui est beau. Car en cette année 2006, pendant que les uns célébraient le 250ème anniversaire de la naissance de Mozart ou que d’autres pleuraient la perte d’un Syd Barrett en réclusion volontaire depuis la fin de sa révolution psyché plus de 30 ans auparavant, Indie Rock Mag vivait et conjuguait toutes les musiques, au présent, au futur, et surtout au pluriel.
Archie Bronson Outfit - Derdang Derdang
Alors que se profile pour début mars son successeur Coconut produit par l’ex UNKLE Tim Goldsworthy, on serait presque soulagé d’avoir enfin l’occasion de se décoller de la tête ces hymnes blues-rock cradingues et braillards pour de nouveaux que l’on prévoit tout aussi entêtants et possédés à en juger par le nouveau single Shark’s Tooth plus dissonant et drogué qu’à l’accoutumée.
Un nouveau grand écart bien tendu du slip entre Londres et les Etats-Unis en perspective pour ce trio qu’on aurait facilement pu croire américain sans ces touches de psychédélisme baroque et menaçant à la Clinic sur Modern Lovers ou How I Sang Dang, entre la touche Nashville de Cuckoo, les saxos free et sauvages de Got To Get (Your Eyes) ou Rituals, ces cavalcades de batterie et autres déferlements de guitares plus denses et tranchantes que jamais pour ce Dart For My Sweetheart sur le fil du rasoir :
(RabbitInYourHeadlights)
Arrowwood - Hemlock And Spindle Flower
- Arrowwood - Hemlock And Spindle Flower
D’accord, cet album sort un peu de nulle part. D’accord il a été tiré à 99 exemplaires exactement et n’est plus disponible dans sa version physique depuis belle lurette. Alors pourquoi en parler ? Parce qu’on ne prend aucun risque à parler d’un album que personne ne peut écouter ? Bien sûr que non. D’abord, on peut l’entendre dans son intégralité sur le site du label d’Arrowwood, Little Somebody Records, repère de patibulaires hommes des bois qui aiment paradoxalement les miniatures folk. Ensuite, sous ses atours on ne peut plus classiques, en gros de la folk champêtre, Hemlock And Spindle Flower est parsemé d’une multitude d’approximations, de fausses notes, d’accidents acoustiques (à tel point que l’on se demande si tout cela n’est pas un brin volontaire) qui le rendent très très spécial, voire un peu inquiétant et c’est pour cela qu’il mérite sa place au sein d’un bilan de la décennie.
Arrowwood est Chelsea Robb, Chelsea Robb est Arrowwood, épaulée bien sûr par quelques amis (Pythagumus, voisin de label au sein de Novemthree, Lindsay Hoffman, Josh Lovejoy, etc.) qui s’amusent avec un charmant bric-à-brac essentiellement acoustique (bouzouki, mandoline, glockenspiel, cloches, cithare, etc.) à envelopper les murmures enfantins et les compositions habitées (voire parfois mystiques) de la demoiselle. Il en résulte une musique à la fois belle et simple mais aussi un tantinet expérimentale (allez, osons le terme de psyché-drone-folk qui ne veut probablement rien dire). Les chansons sont oniriques, flottantes et mélancoliques, une petite litanie parfaite pour accompagner l’auditeur égaré au fond des bois dans le crépuscule, quand le plaisir de se balader au milieu des arbres se transforme en légère inquiétude. Belles, simples mais étranges et c’est là toute la force de cet album : difficile de ne pas succomber à In Ruin qui égrène ses simples notes de guitare sèche au dessus d’un inquiétant magma instrumental et acoustique, à From The Branch Of A Hemlock Tree qui n’est juste qu’une chanson jouée à l’envers mais qui ne déparaille pourtant pas au milieu du reste de l’album, parfaitement à sa place, à l’ocarina improbable de Blackbird ou aux dissonances presque fausses et aux accélérations timides de Moths. Et combien d’autres sorties de route non contrôlées encore, de percussions patraques, de proto-morceaux simplement beaux et un peu timbrés derrière ce patronyme riche en double lettres et cette splendide pochette.
L’impression que laisse Hemlock And Spindle Flower est durable, avec l’envie d’y revenir ne serait-ce que pour percer le mystère de cette musique si atypique qui file régulièrement la chair de poule. Mais rien n’y fait et la plupart des autres disques de folk sonnent irrémédiablement trop professionnels et rigides à côté de ce magnifique accident.
(leoluce)
Beirut - Gulag Orkestar
T’as voulu voir Vierzon, on a vu Vierzon, t’as voulu voir Vesoul, on a vu Vesoul, t’as voulu voir Beirut, on a écouté Beirut... comme toujours. C’est sur ces paroles librement adaptées du Vesoul de Jacques Brel que je suis (re)venu vous faire l’éloge de Gulag Orkestar ou de Beirut, je ne sais plus très bien. Tout se mélange dans ma tête, entre les frêles épaules de Zach Condon sur lesquelles repose notre rejeton - oui, il pourrait être le parrain de ce webzine, des records d’audience à chaque article - et l’influence notoire du grand Jacques Brel : ce goût du voyage, son amour pour les villes, les femmes, la peur au ventre qui l’a probablement envahi face à un Olympia comble, manquerait plus qu’il se laisse pousser les bras pour qu’on s’y méprenne.
Il y aurait mille et une raisons de valser au son de Gulag Orkestar, déjà parce que notre génération cherche comme toute autre ses idoles, ensuite car écouter son Flying Club Cup le jour d’un enterrement est une très mauvaise idée, enfin parce que c’est l’album qui a ouvert le bal, faisant entrevoir le son des Balkans au plus grand nombre, nous révélant un artiste simplement touchant.
Il l’a bien méritée sa place dans notre panthéon, avec ses morceaux de bravoure qui nous resteront éternellement en tête ; souvenir, souvenir que ce Postcards From Italy qui le propulsera comme la coqueluche de tous les bloggers en 2006.
(indie)
The Black Angels - Passover
Avec leur nom tiré à la fois d’une citation de Munch (« Sickness, madness, and death were the black angels who stood round my cradle at birth ») et d’une chanson du Velvet Underground (The Black Angel’s Death Song), leurs titres militants (Young Men Dead, The Sniper At The Gates Of Heaven, ce genre) et leur splendide pochette graphique et rétro que doivent haïr tous les astigmates de la planète, les Black Angels d’Austin, Texas, annoncent clairement la couleur avant même de nous laisser le temps d’écouter le moindre morceau. Ça ne rigole pas. De même, on comprend bien une fois leur premier disque posé sur la platine que pour les ritournelles guillerettes, c’est plutôt râpé. Et si leur musique lorgne évidemment du côté des 60’s agonisantes et fleure bon un certain désenchantement typique des 70’s (on citera pêle-mêle les Doors ou encore les 13th Floor Elevators, les Music Machine et autres groupes proto-punks sous LSD qui firent les grandes heures du psychédélisme américain), elle incorpore également des éléments plus contemporains (une certaine urgence désespérée qui n’est pas sans rappeler Joy Divison, la voix évoquant de loin, quand à elle, le fantôme de Jeffrey Lee Pierce ou celle de David Eugene Edwards) pour un résultat franchement hypnotique, monolithique et puissant.
Sur une rythmique martiale et bien plombée portée par leur drone machine (fruit de l’accouplement contre-nature d’un harmonium et d’un vieil orgue Vox qui n’avait sans doute rien demandé à personne) balançant des sons complètement envoûtants, la voix possédée déclame ses mantras sur des riffs cramés mais véloces le temps de longs morceaux narcotiques et froids qui amènent l’auditeur vers une implacable transe. Bien sûr répétitif (tous les morceaux possèdent la même architecture, mais la transe naît justement de la répétition), il n’en reste pas moins que la puissance de ce disque est incontestable.
En 2008, The Black Angels sortiront exactement le même album ( Directions To See A Ghost ) et il est bien évidemment probable qu’au cours des années à venir, d’autres petits jumeaux pointent le bout de leur nez. Qu’importe, la formule des Black Angels est parfaitement maîtrisée et n’appartient, au final, qu’à eux. Hanté, psyché et brillant.
(leoluce)
cirKus - Laylow
Dans cet enregistrement original plus downtempo comme en version 2.0 toute en guitares furieuses, lignes vocales entremêlées et batterie en avant (le remix album Laylower paru en 2008), Neneh Cherry et sa petite famille (le mari et producteur Burt Ford croisé du côté de Massive Attack, leur fille Lolita Moon au chant et aux claviers, son ami Karmil aux platines et à la guitare acoustique) nous en mettent plein les oreilles, entre électro cosmique, folk solaire et r’n’b martien. Trip-hop pas mort ?
(RabbitInYourHeadlights)
Clinic - Visitations
Le quatuor en blouses blanches et masques de chirurgiens a réalisé avec Visitations son meilleur album à ce jour, et un album phare de cette année 2006. Un disque court et efficace, mais non moins varié, allant chercher aussi bien ses influences vers un psychédélisme à la Velvet que dans le punk anglais, voire le post-punk d’Echo And The Bunnymen. L’album est une franche réussite, en témoignent les tubes If You Could Read Your Mind ou Harvest, perdus au beau milieu de ballades aux accents électronica. Les Clinic ont quelque chose de fou en eux, en témoigne cet album urgent, attachant et parfois jouissif.
(flozik)
Cyann & Ben - Sweet Beliefs
Avec Sweet Beliefs, chaque seconde est une joie et une menace à peine voilée. Sous le calme apparent de la musique se dévoile en vous une sorte de malaise : on navigue à la fois dans une mare de plénitude, de paix totale et de profond mal-être.
Nous pouvons être fiers de notre quatuor français qui réussit avec brio la sensation d’un équilibre si fragile. La mélancolie imprègne complètement l’album : en 9 titres nous sommes transportés et pourtant ce disque avait à ses débuts du mal à plaire. Mais ne croyez pas que Cyann & Ben s’abandonnent dans cette noirceur, l’album reste dans une ambiance assez singulière avec un ton très introspectif, calme et grave. Bien que le côté un peu étouffant de Sweet Beliefs fait que je n’y reviens qu’occasionnellement, il me transporte à chacune de mes écoutes vers des endroits célestes.
(Polly)
Charlotte Gainsbourg - 5:55
Bien plus intéressant que IRM, qui reste malgré tout le dernier album intéressant sorti durant la décennie mise en valeur ici, 5:55 est un album doux, mélancolique, dont le charme opère très rapidement. Mais pas seulement... Cet album est aussi plein de fougue et d’énergie. Il est en tout cas tout l’inverse de ce que l’on aurait pu craindre de cette collaboration entre le duo électronique versaillais Air et Charlotte Gainsbourg, à savoir un album putassier, un coup marketing et une aubaine pour toutes les radios.
Rien à voir, la patte instrumentale de Air - qui livrait sans doute là sa dernière œuvre inspirée avant les deux déceptions que furent Pocket Symphony et Love 2 - pèse (dans le bon sens du terme) sur toute la durée de l’album et se trouve magnifiée par la voix charmante tantôt décomplexée, tantôt sur la réserve de Charlotte Gainsbourg. Mieux encore, l’album surprend l’auditeur à chaque instant, alternant ballades expérimentales et chansons plus rythmées, toujours au service - et cela peut sembler paradoxal - de l’homogénéité de l’ensemble. Finalement, même si cela ne fait que quatre ans (quatre ans déjà...), ni Charlotte Gainsbourg, ni Air n’ont réussi depuis à produire quelque chose d’une qualité comparable...
(Elnorton)
Inara George - All Rise
Inara George c’est avant tout chose une voix pénétrante qui vient vous prendre par les tripes au plus profond de vous-même sans jamais vous maltraiter. C’est ensuite une compositrice dotée d’un sens profond du songwriting et de la mélodie. Et enfin c’est une fille à papa (feu Lowell George, ex-Little Feat) qui a toujours su s’entourer pour le mieux. Sur cet album on retrouve Michael Andrews (compositeur de BO comme Donnie Darko ) et surtout pour la première fois celui qui sera son partenaire récurrent au sein du projet The Bird & The Bee, Greg Kurstin et ses claviers angéliques. La légèreté permanente et la belle densité d’arrangements dont fait preuve ce premier essai studio est à en faire pâlir de jalousie plus d’une qui se sont essayées à ce genre de recueil pop. Et quand on y trouve des titres aussi bluffants que What A Number ou l’incroyable Fools In Love, candidate au titre de plus belle chanson de la décennie, alors on sait que l’on tient là une œuvre d’exception qui laisse la concurrence loin derrière.
(Pol)
Tim Hecker - Harmony In Ultraviolet
Entre éther et bruit blanc, abstraction métaphysique et séismes texturels sous-tendus d’infra-basses, Tim Hecker arpente cette zone de turbulences où la dissonance laisse place à l’harmonie des plus lointaines réminiscences mélodiques, et pousse le drone-ambient dans ses retranchements les plus aventureux avec ce sixième opus dont la progression narrative évoque un voyage stratosphérique aux confins de la conscience, du rêve et du divin.
L’aboutissement d’une discographie exemplaire pour le montréalais croisé au côté d’Aidan Baker ou Fly Pan Am, dont l’univers plus escarpé que les rêveries contemplatives de Stars Of The Lid mais moins austère que les lames noisy et vaporeuses de Fennesz finira bien par marquer l’électronica au même titre que les prospections séminales de Brian Eno ou Labradford.
(RabbitInYourHeadlights)
I Love You But I’ve Chosen Darkness - Fear Is On Our Side
I Love You But I’ve Chosen Darkness ... Il n’y a pas besoin d’en dire beaucoup plus, ce nom étrange et mystérieux, pour ainsi dire obscur, annonce véritablement la couleur. Mais à l’écoute de ce Fear Is On Our Side, premier et pour l’instant unique album de ce groupe, un véritable petit bijou bleu sur fond noir, on se dit qu’il serait dommage de ne pas en parler, surtout qu’il pourrait en effrayer plus d’un au premier abord.
On peut donc faire de rapides présentations. En provenance du Texas et plus précisément d’Austin, véritable vivier musical, cette formation n’en est pas à ses premiers faits d’armes puisqu’il y a déjà eu un premier EP éponyme remarqué, et qu’une partie des membres officie chez les très recommandables mais tout aussi peu connus Windsor For The Derby. Sans doute, ces quelques lignes ne vous éclairent pas plus sur l’univers de ce groupe.
Mais au final, il n’y a pas besoin de vous apporter davantage de lumière, il suffit de se plonger dans les sombres profondeurs et méandres de cet album et se laisser guider par ces douze titres d’une éclatante beauté crépusculaire. Au travers de ces mélodies atmosphériques parsemées d’éclairs, emplies de doutes et frustrations, le groupe semble ressusciter l’esprit de Joy Division mais contrairement à nombre de ses contemporains inspirés par la cold wave, il réussit à se libérer de cette influence pesante en se créant un univers personnel et aventureux dont les frontières ne semblent jamais éloignées de celles du post-rock et notamment proches de Explosions In The Sky. A l’écoute de If It Was Me, dernier morceau en véritable apothéose, il est évident que ce n’est pas la peur qui empêchera de revenir souvent à cette œuvre abyssale.
(darko)
Pierre Lapointe - La Forêt des Mal-Aimés
Deuxième album du canadien, La Forêt des Mal-Aimés voit amour et mélancolie flirter le temps de quelques créations pastorales. Pierre Lapointe mêle classicisme, orchestrations flamboyantes et minimalisme de surface le long de seize morceaux aux ambiances variées qui relèvent systématiquement toute la profondeur du chant de ce jeune compositeur. Le québécois, à l’aise dans la ritournelle mélo-romantique, pioche ses mots dans un passé bien souvent douloureux et les restitue au cœur d’une forêt imaginaire où l’électronique judicieusement utilisée vient apporter un peu de vie, d’étoffe et de mystère. Du fabuleux et complexe L’Endomètre Rebelle, jusqu’au très léger Au 27-100 Rue des Partances, Pierre Lapointe trace un chemin tortueux rempli de passages imprévisibles et évite malgré tout la sortie de route avec brio.
(Pol)
Melvins - A Senile Animal
Ce qu’il y a de bien avec les Melvins c’est que, bien qu’ayant acquis un statut quasi légendaire (après 25 ans de carrière, c’est pratiquement automatique), ils ne sont jamais devenus respectables. En 2010, les Melvins sont toujours des branleurs, comme en témoigne leur dernière livraison en date, l’album remix Chicken Switch, un grand foutage de gueule comme ils en produisent de temps en temps. Surtout, il se moquent éperdument de notre opinion sur ce qu’ils font et rien que pour ça, ils ont mon estime.
Mais revenons en 2006, année de changement pour la bande à Buzzo puisqu’ils publient chez Ipecac A Senile Animal, premier album avec le nouveau line-up incorporant le duo Big Business (Jared Warren à la basse et Coady Willis à la batterie). Dale Crover, membre fondateur avec Buzz "King Buzzo" Osborne, ayant bien entendu gardé sa place derrière les fûts, c’est un groupe à deux batteurs qui nous offre ce concentré de melvinité.
Les Melvins font ici, sans chercher la petite bête, ce qu’ils font de mieux : du pilonnage (avec deux frappeurs, ce serait dommage de se priver), du riff comme s’il en pleuvait, des petits hymnes punk (l’irrésistible A History Of Drunks, le vicieux Rat Faced Granny dans lequel Buzz taille un costard vite fait aux faux rebelles et aux escrocs revival : "You think you’re wild, but you’re nothing new") une bonne louche de sludge bien gras (l’impérial Civilized Worm, A History Of Bad Men magnifié par les harmonies de Jared et Coady)...
Ce petit bijou, comme à l’accoutumée superbement illustré par Mackie Osborne, sera suivi deux ans plus tard d’un tout aussi délectable Nude With Boots. Bien joué les branleurs.
(jediroller)
Midlake - The Trials of Van Occupanther
A l’époque, on avait trop vite affublé Midlake de nouveaux Grandaddy, belle référence en soi mais injuste au regard de leur univers si enchanteur et particulier dévoilant de parfaites mélodies pastorales et atemporelles. Il est vrai qu’à l’époque où l’annonce de la séparation de la bande de Modesto était encore dans les mémoires, l’avènement de ce groupe était une belle consolation. Mais aujourd’hui, alors que sort le successeur de The Trials Of Van Occupanther, on constate que Midlake a trouvé sa propre voie loin de celle de leurs aînés. Déjà le single Roscoe, l’une des plus belles ouvertures d’album jamais entendues, indiquait que les Texans aspiraient à se détacher de cette image que l’on donnait du groupe suite à leur premier opus. La tendance se confirmait avec les merveilles Head Home ou Young Bride parmi d’autres, la bande de Denton signant là un classique instantané partagé entre guitares acoustiques et claviers vintage du plus bel effet. Le charme délicat et mélancolique de ces ballades folk-rock ne s’est d’ailleurs toujours pas estompé quand on s’y replonge encore aujourd’hui. Cet album n’était donc pas qu’une simple passade comme le prouve cette belle position.
(darko)
Shearwater - Palo Santo
Il faut le dire, Shearwater a vraiment pris son envol sur cet album. Porté par des courants ascensionnels et émotionnels, le groupe d’Austin maîtrise enfin son sujet. Non pas que les précédents opus comme Winged Life soient mauvais, au contraire ils ont également fière allure, mais ce Palo Santo a ce charme qui sait surprendre et émerveiller à chaque instant, qui sait tourbillonner et planer dans les airs avec une belle aisance. Alternant ballades apaisées et émouvantes à l’image de La Dame et la Licorne et envolées fiévreuses et tourmentées comme ce Seventy-Four, Seventy-Five, Jonathan Meiburg se trouve au sommet de son art. Sa voix qui n’est pas sans rappeler celle de Mark Hollis, sait se montrer remarquable et bouleversante. Emmené ainsi par son chanteur, le groupe texan explore avec grâce les nombreuses facettes du folklore américain, faisant presque oublier leur autre aventure avec Okkervil River. Pour l’instant, Shearwater n’a pas encore réussi à égaler cette œuvre majestueuse mais on espère le voir sortir un chef-d’œuvre qui atteigne des hauteurs encore plus vertigineuses.
(darko)
Emilie Simon - Végétal
Émilie Simon peut faire ou chaud ou froid mais ne peut laisser indifférent. Et pourtant, personne n’ose vraiment le lui dire. 2004, victoire de la musique pour son premier album éponyme. 2006, victoire de la musique pour la BO de La Marche de l’Empereur. 2007, victoire de la musique avec Végétal. Voilà, la réussite forcément ça énerve, d’autant plus quand on est belle comme une actrice. Et cet album, Végétal, à la fois léché et synthétique dans sa version studio et qui se transforme en orgie des sens et des sons une fois à la scène : ça aussi ça énerve.
Si j’étais président, je la présenterais à tous les français comme notre Marianne ou comme la première dame de France. Parce que j’enrage actuellement, le faux charme à la française nous étant présenté sous les traits de Quelqu’un m’a dit ou Tu es ma came. Il parait évident que tout le monde n’a pas encore écouté Fleur de Saison et Le Vieil Amant, 2 titres parmi tant d’autres qui sonnent tout de même bien plus classe et avec une toute autre dynamique à l’heure du 21ème siècle.
Rigolez, rigolez, tant que vous pouvez, avec ce rapprochement hasardeux, on en viendra tout de même à se poser la fameuse question. Qui de nous quatre (Emilie, Carla, toi et moi) a finalement réussi sa décennie passée ? La réponse se trouve peut-être dans les paroles de Rose Hybride de Thé ?
(indie)
TV On The Radio - Return To Cookie Mountain
Stellaire, le quintet de Brooklyn se mettait sur orbite en 2006 après un premier essai remarqué, Desperate Youth, Blood Thirsty Babes en 2004, pour se satelliser durablement parmi les valeurs sûres du rock indé. Sous couvert d’une hype qui fit l’effet d’une petite déflagration dans les milieux informés, ce second album parfait établissait une brillante synthèse des genres et des époques.
Entre les poussées noise avant-gardistes d’un I Was A Lover, le classicisme élégant d’un Province - qui bénéficie de l’appui vocal de la légende David Bowie, fan absolu et influence avouée du groupe -, le rayonnement écarlate du sublime Tonight ou les larmoiements labyrinthiques d’A Method, TV On The Radio s’aventure sur tous les terrains sans jamais s’égarer.
Croisement parfait entre musique blanche et musique noire, résultat de l’incroyable mélange des cultures et influences qui composent cette musique hors-norme, TV On The Radio est le reflet d’une époque polymorphe et constamment en mouvement. Mais ses membres sont aussi le parfait symbole de Brooklyn, district de New York souvent laissé dans l’ombre de Manhattan, quartier en constante ébulition et dont les artistes sortant de cette nébuleuse se comptent aujourd’hui par dizaines, d’Animal Collective à MGMT.
Se payant qui plus est le luxe de signer l’un des plus grands singles des années 2000, le dévastateur Wolf Like Me, redoutable arme de destruction massive en live, Return To Cookie Mountain consacre TV On The Radio comme l’un des grands laboratoires à idées de la décennie écoulée et rappelle, toutes proportions gardées, le rôle de catalyseur d’innovations qu’avait pu jouer Massive Attack au milieu des années 1990.
Véritable kaléidoscope, TV On The Radio ajoutera un troisième volet, Dear Science (2008), moins anarchique mais toujours aussi impressionnant de maîtrise, à une discographie déjà majeure, incarnée par ce Return To Cookie Mountain, sommet que l’on imagine inégalable et qui permettra au quintet de percer les sphères indé pour que portent un peu plus loin les stridences de son œuvre complexe. Et personne ne s’en plaindra.
(Casablancas)
Venus - The Red Room
Entre le Remué de Dominique A et le Red Room de Venus, mon cœur balance. Entre un bruxellois d’adoption et des belges, des vrais, mon coeur ne fait qu’un tour. L’un comme l’autre de ces albums fait figure d’exception dans la discographie de chacun, un versant bien plus sombre, bien plus introspectif et qui finit toujours par avoir mes faveurs.
The Red Room est ainsi fait, s’appréciant quand on est au fond du gouffre, dans la douleur et la déraison. The Red Room catalyse encore un peu plus le son racé de Venus avec un Marc A. Huyghens qui discrètement creusa la tombe de ses fans les plus exigeants et torturés. Un LP beau à en crever qui ne se résume pourtant pas à un peu de noirceur. Venus a brillé, Venus ne brille plus, mais Venus scintillera toujours de par sa discographie exemplaire, avec cet album comme le plus beau Poison qu’on ait jamais goûté.
(indie)
Amy Winehouse - Back To Black
Amy la pochetronne, Amy la junkie, Amy qui batifole avec Pete Doherty ou trouble l’ordre public... on avoue avoir le plus grand mal aujourd’hui à se réapproprier les albums de la diva londonienne devenue égérie des people et cible de choix pour la presse à scandale avant de tomber dans un semblant d’oubli médiatique.
Pourtant, sa présence ici bien que surprenante n’est pas un hasard, la faute à ce deuxième opus qui révélait en 2006 un songwriting soul ancré dans son époque - mais loin de l’image vulgaire véhiculée par la chanteuse dans les médias - et une voix des plus prometteuses, magnifiés par les arrangements et la production de Mark Ronson, lequel avant ses échecs cuisants à reprendre les Smiths ou Radiohead apportait à ce Back To Black un cachet d’authenticité indéniable et même un petit côté Motown assez plaisant.
(RabbitInYourHeadlights)
Thom Yorke - The Eraser
Véritable échappatoire électronique du leader de la bande d’Oxford, The Eraser permit à Thom Yorke de retourner à ces mêmes expérimentations qui firent le succès des sorties successives de Kid A et Amnesiac, sans avoir à convaincre ou subir les penchants artistiques de chacun des autres membres de Radiohead. Armé de son laptop, Thom Yorke parvient à marier, par on ne sait quelle magie, le côté sophistiqué des arrangements à un ressenti très intime émanant d’un homme seul face à ses fantasmes. Mélancolie et légèreté se mêlent aux rythmiques surprenantes qui différencient les compositions de cet album de celles qui résultent du travail habituellement réalisé en collectif. The Eraser nous offre un Thom Yorke plus décomplexé que jamais, dont le chant limpide s’exerce à différentes tonalités, du très libéré Atoms For Peace jusqu’au très obscur Skip Divided. Gardés jusqu’au bout comme un secret d’état, des morceaux aussi prodigieux que Analyse, Harrodown Hill ou Cymbal Rush firent de la sortie de cet album un coup d’éclat particulièrement inattendu.
(Pol)
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